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Pourquoi un orgue au service de la liturgie ?

François Mazouër nous explique le rôle fondamental de l'orgue au service de la liturgie.
Publié le 13 décembre 2012

« On estimera hautement, dans l’Eglise latine, l’orgue à tuyaux comme l’instrument traditionnel dont le son peut ajouter un éclat admirable aux cérémonies de l’Eglise et élever puissamment les âmes vers Dieu et le ciel. » (Concile Vatican II – extrait de la « Constitution conciliaire de la Sainte Liturgie concernant la musique »)

 

Cette phrase résume à elle seule le rôle éminent accordé à l’orgue au sein de la liturgie.

 

Au long de son histoire, la nature des interventions de l’orgue en liturgie a toutefois évolué.

 

En France, aux XVIIème et XVIIIème siècles, l’orgue était une voix à part entière qui dialoguait avec la Schola. Ses interventions, régies par les cérémoniaux édités dès l’issue du Concile de Trente, étaient rigoureusement calibrées sur le principe de l’alternance du plain chant (les versets des hymnes et du Kyriale – Kyrie, Gloria, Sanctus, Agnus – étant alternativement chantés par la Schola et par l’orgue). Cette pratique a généré tout le répertoire des messes et des hymnes de l’époque baroque, de Titelouze (début XVIIème) à Boëly (début XIXème) ; pour ne citer que les joyaux de cette musique à son apogée, il suffit de retenir les deux messes de François Couperin et l’œuvre de Nicolas de Grigny (messe et hymnes). Nombreux également sont les versets de Magnificat joués en alternance lors des Vêpres, que ce soit dans le répertoire français (Guilain) ou dans le répertoire allemand (Pachelbel). Les offertoires, très longs, laissaient place à des musiques d’orgue très développées et majestueuses.

 

Orgue de Sainte Jeanne d’Arc de Versailles. Photo : P.Amaury Sartorius

 

A contrario, l’orgue, signe de festivité et de solennité, devait se taire lors de certains temps liturgiques (Avent, Carême, Passion).

 

Alors que, chez les protestants, l’accompagnement du choral chanté par l’assemblée soutenu par le plenum de l’orgue était une pratique courante dès le XVIIème, l’accompagnement du chant de l’assemblée est en soi une pratique récente (milieu du XIXème) en France. L’apparition des orgues de choeur, dédiés à l’accompagnement, date de cette époque. Le grand-orgue, en tribune, jouait et improvisait pendant les longs intervalles durant lesquels l’assemblée était passive (offertoire, « canon » de la messe…).

 

Avec la réhabilitation de la participation active de l’assemblée, le concile Vatican II a donné un rôle éminent au chant de l’Assemblée, bouleversant le métier de l’organiste.

 

Actuellement, l’organiste intervient de plusieurs façons au cours des célébrations (nous reprendrons les termes de la « Charte des organistes » du 28/11/2000) :

 

– Il est l’accompagnateur du chant de l’assemblée dont il doit être l’animateur efficace. Il sait utiliser les plans sonores de l’instrument pour accompagner comme il convient (…). Il aide à distinguer les différents rites ou moments de la célébration et évite une uniformité qui n’a pas sa place dans la liturgie. Il soutient le chant, fait respecter les rythmes en utilisant une registration appropriée.

 

– Il interprète des œuvres du répertoire pour orgue : il sait l’adapter aux temps liturgiques et favorise ainsi l’éducation du peuple chrétien à la richesse variée de l’année liturgique. Par la musique, il annonce et célèbre le mystère du salut.

 

– Grâce à l’improvisation ou par des moyens simples, il donne à la liturgie une dimension poétique nécessaire à son épanouissement. Il sait introduire le chant par un prélude, le prolonger par un postlude, lui donner de la respiration par des interludes. Entrant dans l’action liturgique, il commente la Parole de Dieu, conduit au silence, à la louange, à la méditation.

 

François Mazouër, le 14 décembre 2012 

 

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