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L’Immaculée Conception de la chapelle Oballe, un chef-d’œuvre du Greco

Le Greco (1541-1614) est un peintre essentiel de l'école espagnole du XVIe siècle. Son oeuvre originale, empreinte de maniérisme, aux formes allongées et aux couleurs vives, font de lui un artiste unique au monde. Né en Crète, il passe les trente dernières années de sa vie à Tolède où on lui commande une oeuvre considérée comme son testament artistique : il s'agit de l'Immaculée Conception pour la chapelle Oballe.
Publié le 01 août 2017

L’Immaculée Conception de la chapelle Oballe, El Greco, 1608-1613. Huile sur toile, 348 x 175 cm.. Museo de Santa Cruz, Toledo © Parroquia de San Nicolás, Toledo, Espagne © David Blázquez

El Greco est coutumier des formats verticaux monumentaux, et celui-ci ne fait pas exception, avec 3m47 de haut pour 1m74 de large. Achevée en 1613, un an avant sa mort, l’œuvre signe en quelque sorte le testament esthétique du Greco et constitue une synthèse de l’ensemble des recherches de l’artiste, fondées à la fois sur un idéal de beauté, sur les éléments fondamentaux que sont la lumière et la couleur ainsi que sur un étirement des formes. Son iconographie est riche et mérite de s’y arrêter brièvement. 

La Vierge, figurée par un brillant effet de contre-plongée, est vêtue d’une tunique rouge et d’un manteau bleu ; son élan ascentionnel est renforcé par la présence de l’ange vêtu de jaune, qui fait le lien entre la terre et le ciel. Il masque en partie la Lune qui semble pleine, et qui baigne le paysage d’une clarté fantômatique. L’autre source de lumière vient du ciel, c’est la colombe du Saint-Esprit qui descend et propage ses rayons ; le visage de la Vierge, tournée vers elle, en est illuminé. Un cortège de chérubins et d’anges musiciens complètent le paysage céleste. 

détail : la ville de Tolède

 

Détail : symboles chrétiens

 

Le paysage terrestre, est peu habité mais en revanche très riche en symboles. Sous les pieds de l’ange jaune, les roses et les lys participent de l’iconographie mariale traditionnelle, la première étant la fleur de Marie par excellence, et la deuxième le symbole de la pureté, que l’on retrouve dans les scènes d’Annonciation notamment. A gauche, une ville est représentée, probablement un écho à la Tolède du début du XVIIe siècle. A droite, un certain nombre d’éléments viennent parachever le tableau : un hortus conclusus ou jardin clos avec le puits, un serpent, la fontaine de vie et un petit miroir ressemblant à celui de l’Immaculée Conception de Zurbaran. Tous sont des références à la symbolique chrétienne.

On pourrait presque penser que l’on est face à une Assomption de la Vierge, par la composition verticale irrésistible du tableau. La composition de cette Immaculée Conception est en effet peu conventionnelle, mais le Greco a cherché à synthétiser les deux iconographies pour faire de cette représentation une oeuvre unique. La lumière et la couleur, la touche étirée et agitée du peintre, donnent un caractère dramatique fort à l’ensemble. L’union entre la vie terrestre de la Vierge et son accession au Paradis prend tout son sens.

 

Cette oeuvre est actuellement visible au musée Paul Valéry de Sète à l’occasion d’un prêt exceptionnel du musée de Tolède ! Cliquez sur ce lien pour voir toutes les informations pratiques pour se renre à l’exposition.

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