On trouve certes une chapelle de 170 places, mais elle communique avec une maison d’accueil qui regroupe une salle d’exposition, une salle de réunion, un café et un logement. L’ensemble se trouve, grâce à ses importantes parois de verre largement ouvert sur l’animation, parfois tumultueuse, du quartier de la Plaine, en totale restructuration immobilière.
L’édifice a pris le parti de s’intégrer par son volume aux immeubles environnants tout en affichant clairement son identité catholique grâce à sa croix, bien visible mais relativement modeste en dimensions. Nul clocher ne signale non plus l’édifice qui se remarque par le seul effet plastique de sa masse et les plis généreux de sa façade en aluminium.
Lorsqu’on entre dans cette chapelle moderne et sobre, on est frappé par la qualité et l’hospitalité de l’espace intérieur tout en courbes et très dépouillé. Le plan adopté est très singulier ; il correspond au symbole de l’infini –un huit horizontal-. La plus grande boucle, qui prend la forme d’une goutte d’eau, correspond à la chapelle elle-même tandis que la plus petite délimite un petit jardin attenant. L’unité de l’ensemble tient à la structure en acier autoportante à laquelle s’accroche l’élévation.
Le point le plus élevé de la chapelle est le chœur, ce qui donne au volume intérieur un élan particulièrement marquant. Ce chœur est entouré de parois de verre transparentes, à travers lesquelles on découvre le petit jardin, image moderne du paradis et symbole de la création du monde.
Si l’espace intérieur est minimal dans sa conception et dans sa réalisation, s’il est privé de décoration sculptée ou de vitraux, la qualité de son exécution et l’originalité de sa forme le rendent singulier. L’éclairage est très soigné : la lumière provient principalement de douze baies zénithales qui forment une évocation des douze apôtres par leur seul nombre; Saint Paul, le treizième apôtre, auquel est consacré l’église, est suggéré quant à lui par l’importante lumière qui domine le chœur.
Vues intérieures de la Maison d’église Saint-Paul de la Plaine, Saint-Denis ©Berger & Anziutti
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Ce projet modeste, en surface comme en effet architectural, révèle qu’on peut encore construire en 2014 un lieu de culte catholique. Dans cet édifice, ce qui signe l’esprit religieux de l’architecture n’est autre que sa simplicité et son hospitalité.
Patrick Berger, Jacques Anziutti (architectes), Edouard et Antoine Ropars (croix du choeur et tabernacle)
Je me permets de signaler la parution de mon livre, écrit en compagnonnage avec les photographies de Pascal Lemaitre, Patrimoine sacré XXe-XXIe siècle, aux Editions du Patrimoine.
Paul-Louis Rinuy