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L’Homme qui marche de Giacometti, un élan existentiel

L’Homme qui marche de Giacometti est une œuvre fascinante par sa simplicité et sa force. Cette icône de la sculpture contemporaine révèle, dans sa singularité plastique, la dimension existentielle et métaphysique de cet art au XXe siècle. L’exposition que lui consacre la Fondation-Institut Giacometti réunit toutes les versions de l’oeuvre, dans l’espace de l’Institut Giacometti, près du cimetière Montparnasse à Paris. A commencer par la première de toute la série, la « Femme qui marche » de 1932, puisque cet homme était, de prime abord, une femme.
Publié le 19 octobre 2020
Écrit par Paul-Louis Rinuy

Tout commence donc par la Femme qui marche I, bronze de l’époque surréaliste, qui marque un dialogue renoué avec la figuration et annonce le retour crucial au modèle vivant en 1935.

Alberto Giacometti, Femme qui marche I, 1932, bronze, Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2020

Autour de cette figure Giacometti invente une statuaire moderne et nourrie de modèles antiques tels que la  silhouette en mouvement de Gradiva, la célèbre « femme qui marche en avant » et  séduit l’archéologue Norbert Hanold dans la nouvelle de Wilhelm Jensen, analysée par Freud en 1907.

Gradiva, bas relief, musée Chiaramonti, Vatican © Wikimedia Commons

Puis en 1947, Giacometti modèle L’Homme qui marche. Frêle et portée en avant, la silhouette de bronze se tient debout en un équilibre précaire, à l’effet de présence saisissant.

Alberto Giacometti Homme traversant une place, 1949, Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + ADAGP) Paris 2020

Ensuite, ce sont La place (1948), Homme qui marche sous la pluie (1948), Homme traversant une place (1949), toutes  ces figures en situation dans l’espace quotidien qui nourrissent l’essai de Sartre de 1948 « La recherche de l’absolu ».

Alberto Giacometti, Homme qui marche II, 1960, Plâtre, Fondation Giacometti © Succession Alberto Giacometti (Fondation Giacometti + Adagp 2020)

Le sculpteur invente enfin, en 1960, les figures de L’Homme qui marche I, II et III, qui incarnent  l’énergie de l’homme à aller de l’avant comme sa fragilité essentielle. L’humanité, telle que Giacometti l’expérimente, tient à la condensation inédite de sa puissance et de sa vulnérabilité. Fragilité et inextinguible détermination.

Paul-Louis Rinuy

« L’Homme qui marche, Alberto Giacometti »
Fondation – Institut Giacometti, 5, rue Victor Schoelcher, 75014 Paris.
Exposition jusqu’au 29 novembre 2020

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