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Jaume Plensa, montrer des visages, sculpter des âmes

Une fois qu’on les a découverts, à Bordeaux, à Antibes, lors de la Biennale de Venise dans l’île San Giorgio Maggiore, et dans bien d’autres lieux à travers le monde, on ne peut oublier les visages monumentaux sculptés par Jaume Plensa. Ces yeux fermés, ces sourires étrangement sereins. La Forêt blanche propose au spectateur une expérience curieuse, d’une impressionnante réussite esthétique: se promener à travers des visages de jeunes filles en bronze blanc, aux regards absents, aux fronts étirés, riches d’une intériorité visible.
Publié le 24 juillet 2017
Écrit par Paul-Louis Rinuy

Jaume Plensa,
Vue de l’exposition La Forêt blanche à la Galerie Lelong, Paris 2016
© Courtesy Galerie Lelong / Photo Fabrice Gibert

De toute évidence, la sculpture n’est pas une question de matériau, de dimension ou de poids ; c’est une question d’énergie. Jaume Plensa

Jaume Plensa choisit, pour ses modèles, le moment crucial, éphémère, entre l’enfance et l’âge adulte. Il met en évidence le mystère, la force de  suggestion, la beauté singulière d’un visage humain. Nous ne connaissons évidemment ni Laura, ni Lou, ni Sanna ou Isabella que le sculpteur portraiture.

Mais nous voyons bien que chacune de ces sculptures, ou ces dessins à grande échelle, qui s’imposent sur les murs, sont de véritables portraits. Qu’ils  sont aussi des visages déformés, recréés, réinventés par l’esprit et la main de l’artiste. Ici, chaque tête de deux mètres de haut nous touche, nous regarde, nous désarme. Le bronze patiné de blanc, les traces de la matière première –le bois-, le calme de la composition d’ensemble nous conduisent dans un espace nouveau, dans cette forêt de corps et de lumière, à la fois familière et étrange.

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

JAUME PLENSA
LAURA’S FROZEN DREAMS, 2015
VERRE, 8 EXEMPLAIRES
53 X 14 X 26 CM # W19276 © PLENSA / COURTESY GALERIE LELONG
JAUME PLENSA, WHITE FOREST (LAURA), 2015
BRONZE À PATINE BLANCHE, 5 EXEMPLAIRES
196 X 103 X 103 CM # W19200 © COURTESY GALERIE LELONG

L’univers de Plensa est le nôtre, mais traversé de fulgurances qui trouent la plate quotidienneté de l’existence. Rien de moins violent ou de lourdement expressionniste. Mais la tension entre les vides et les pleins, la façon dont le vide de la galerie est habité par ces apparitions, créent un espace orienté, aimanté par une énergie palpable. « De toute évidence, écrit Plensa, la sculpture n’est pas une question de matériau, de dimension ou de poids ; c’est une question d’énergie ».

 

L’énergie à l’œuvre dans ses sculptures se marque d’autant plus que, si Plensa expose des visages, ce sont des âmes qu’il sculpte. Des âmes matière et esprit, des âmes présentes ici bas dans cet habit de gloire qu’est notre chair, figurée, transfigurée dans la blancheur du bronze. Un vrai bonheur de sculpture, à découvrir absolument.

 

 

– Paul-Louis Rinuy

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