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Une visite de l’église Saint-François d’Assise à Paris, XIXe, en écho à la « Légenda Major » de saint Bonaventure

Afin de compléter le cycle du blog Ecrits mystiques consacré à l'étude de la vie et de l'oeuvre de saint Bonaventure (1217 ou 1221 - 1274) , Martine Petrini-Poli illustre ici la « Legenda Major » relatant la vie de François d’Assise, avec la visite de l'église éponyme située rue de Mouzaïa dans le XIXe arrondissement à Paris, sobre édifice de brique construit entre 1924 et 1926 qui incarne la simplicité franciscaine dans la modernité.
Publié le 16 septembre 2021
Écrit par Martine Petrini-Poli

Extérieur de l’église SAINT-FRANÇOIS D’ASSISE, rue de Mouzaïa, avec son clocher et sa façade de briques, Paris XIXe © Wikimedia commons

L’église Saint-François d’Assise du XIXe arrondissement de Paris est caractéristique de l’architecture religieuse parisienne de l’entre-deux-guerres. À son emplacement, il y avait en 1914 une simple crypte dédiée à saint Landry. Le quartier était alors en pleine expansion, il lui fallait un lieu de culte. Dix ans plus tard, on y érige une église à ossature de béton sur les plans des architectes Paul et Auguste Courcoux. Le sanctuaire est dédié à saint François d’Assise pour commémorer les sept cents ans de la création du tiers ordre de Saint-François.

L’édifice, de style roman italien, adopte le schéma des églises d’Ombrie. La brique et les tuiles, les ocres et les rouges, les arcatures et le décor en damier caractérisent le clocher-porche construit dans l’alignement de la façade. Le portail (trois arcades en plein cintre concentriques) est surmonté d’un clocher et embelli d’une statue de François d’Assise.

Le chœur et le maître-autel

Le chœur prolonge la nef, vaste et dépouillée.  Six arcs en plein cintre la relient à deux larges bas-côtés. Malgré sa sobriété franciscaine, l’église se pare de très belles fresques dans le chœur qui contrastent élégamment avec la blancheur des murs et les teintes foncées des plafonds. Sur le chevet plat, la mosaïque de style byzantin du chœur a été réalisée par la maison Mauméjean. Autour du Christ en croix se trouvent Marie et l’apôtre Jean. Au pied, saint François, agenouillé, reçoit les stigmates, tandis que Dame Pauvreté, vieille femme en noir, rappelle que la vocation des franciscains est de secourir les pauvres. L’ensemble est enrichi par la présence de grands saints franciscains : sainte Claire et saint Bonaventure (à droite), ainsi que saint Louis et sainte Elisabeth de Hongrie (à gauche).

Sur la voûte, les épisodes de la vie de saint François sont accompagnés des scènes de la vie de Jésus. La fresque a été réalisée par Charles Bouleau.

Choeur DE L’ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS D’ASSISE, PARIS XIXE © WIKIMEDIA COMMONS

Sur l’arc triomphal, se trouvent des fresques réalisées, elles aussi, par Charles Bouleau : le Christ, dans une mandorle, tient saint François dans son sein. Les symboles des évangélistes entourent l’ensemble avec des anges affichant les vertus de saint François.

Le maître-autel est en pierre, orné de mosaïques. Deux paons, symboles de la Résurrection, ornent les côtés du tabernacle.

Mauméjean, auteur des mosaïques du chœur et des vitraux du bas-côté nord, est issu d’une famille de mosaïstes et de peintres-verriers, originaire des Pyrénées Atlantiques qui a œuvré entre 1860 et 1957. Jules, le père, devint le peintre-verrier officiel de la maison royale d’Espagne. Leurs ateliers furent prolifiques. Ils produisirent des milliers de vitraux disséminés dans trente-quatre pays : France (église Saint-Blaise à Vichy), Espagne, Amérique Latine, Etats-Unis, Canada (Notre Dame de Montréal) et furent récompensés aux grandes expositions internationales. Les frères Mauméjean ont décoré la Chapelle jésuite néo-byzantine de La Colombière à Paray-le-Monial.

ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS D’ASSISE, PARIS XIXE © WIKIMEDIA COMMONS

L’architecture du lieu

Le plan et l’ornementation sont sur le modèle des églises d’Ombrie, patrie de saint François d’Assise et de sainte Claire, fondatrice de l’ordre des Clarisses. Selon ce plan, la décoration, comme dans toutes les églises franciscaines, est dépouillée. La nef est séparée des bas-côtés par des arcades en plein cintre. Le plafond, en ciment, imite les charpentes de bois. L’ossature de l’édifice est en béton armé. Au niveau des couleurs et de l’atmosphère intérieure, l’architecte a joué sur le contraste entre le blanc des murs et le noir (ou le marron foncé) de la charpente.

En 1976, l’Institut Saint-Serge a offert l’icône au thème oriental du bas-côté nord : La Mère de Dieu à l’Enfant en prière. Celle du bas-côté sud, écrite par Catherine Gaboriau en 2004, s’inspire d’une fresque du sanctuaire italien de Subiaco représentant saint François d’Assise et le crucifix de San-Damiano. A côté le Saint François au loup de Gubbio a été sculpté par Michel Coste en 1991 dans un style dépouillé. En 2000, le Chemin de croix, en papier découpé a été réalisé par un paroissien artiste, Pierre Avon. Le Christ porte le patibulum, la barre transversale de sa croix. Au niveau de l’absidiole, le collatéral droit est le pendant exact du collatéral gauche.

VITRAUX DU CANTIQUE DES CRÉATURES, ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS D’ASSISE, PARIS XIXE © WIKIMEDIA COMMONS

La lumière du vitrail

En 2012, les vitraux de l’ancienne chapelle Saint-François (Paris 16e) ont été remontés dans les baies des bas-côtés : Saint François louant Dieu et la Création entourés de saint Antoine de Padoue, à gauche, et de sainte Colette, à droite.

Au nord, deux groupes d’anges en adoration encadrent la Trinité. Au sud, se succèdent des disciples de saint François d’Assise. Depuis le chœur : saint Bonaventure, saint Joseph de Cupertino et saint Felix de Cantalice ; les bienheureux Agathange de Vendôme et Cassien de Nantes, saint Fidèle de Siegmaringen et le bienheureux Apollinaire du Japon. L’intérieur est très lumineux grâce aux vitraux blancs au-dessus des bas-côtés.

BUFFET D’ORGUE, ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS D’ASSISE, PARIS XIXE © WIKIMEDIA COMMONS

Le buffet d’orgue

Au-dessus du large narthex, on retrouve les tonalités de la fresque, de la mosaïque et des vitraux, dans le buffet de l’orgue construit par Bernard Cogez en 2007-2008. Sa disposition rappelle celle de certains orgues baroques dont il avoisine la sonorité. Ses dix-huit jeux autorisent la plupart des pièces du répertoire moderne. Des œuvres d’Olivier Messiaen (1908-1992) en relation avec saint François d’Assise ont été jouées juste après son inauguration. Dans l’ancien baptistère, une création des ateliers Duchemin présente l’envol d’une colombe sur fond bleu, symbole de l’Esprit Saint. Elle invite à la paix.

Martine Petrini-Poli

Bibliographie

@Mérimée-PA75140011
Article sur le site www.franciscains-paris.org
Eric Lapierre, Guide d’architecture Paris 1900-2008, Pavillon de l’Arsenal, 2008.

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