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Avec saint Augustin, une méditation sur l’avènement de la grâce de Noël

Dans ce cycle dédié à l'art de l'homélie de son blog Écrits mystiques, Martine Petrini-Poli nous propose d'explorer l’histoire de la prédication chrétienne en tant qu’œuvre littéraire, héritière de la Bible, qui évolue au cours des siècles : des Pères de l’Église au Moyen Âge, du XVIIe siècle à nos jours. Voici la cinquième publication dédiée aux prédications de saint Augustin (354-430), avec l’étude de l'homélie sur Noël et la grâce de l'Incarnation du Verbe.
Publié le 10 novembre 2022
Écrit par Martine Petrini-Poli

Par l’Incarnation du Verbe, la vérité est sortie de la terre. – Par l’Incarnation du Christ, la justice de Dieu nous a été apportée. – Gloire de Dieu dans la justification gratuite des hommes.

Éveille-toi

Homme, éveille-toi : pour toi, Dieu s’est fait homme. Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera. Pour toi, je le répète, Dieu s’est fait homme.

Tu serais mort pour l’éternité, s’il n’était né dans le temps. Tu n’aurais jamais été libéré de la chair du péché, s’il n’avait pris la ressemblance du péché. Tu serais victime d’une misère sans fin, s’il ne t’avait fait cette miséricorde. Tu n’aurais pas retrouvé la vie, s’il n’avait pas rejoint ta mort. Tu aurais succombé, s’il n’était allé à ton secours. Tu aurais péri, s’il n’était pas venu.

Célébrons dans la joie l’avènement de notre salut et de notre rédemption. Célébrons le jour de fête où, venant du grand jour de l’éternité, un grand jour éternel s’introduit dans notre jour temporel et si bref.

C’est lui qui est devenu pour nous justice, sanctification, rédemption. Ainsi, comme il est écrit : Celui qui veut se glorifier, qu’il mette sa gloire dans le Seigneur. ~ Donc, la Vérité a germé de la terre : le Christ, qui a dit : Moi, je suis la Vérité, est né de la Vierge. Et du ciel s’est penchée la justice, parce que, lorsque l’homme croit en celui qui vient de naître, il reçoit la justice, non pas de lui-même, mais de Dieu.

Tiarini Alessandro, peintre baroque italien (1577-1668), Nativité, Galerie des Offices, Florence, ©wikimedia commons

La Vérité a germé de la terre, parce que le Verbe s’est fait chair. Et du ciel s’est penchée la justice, parce que les présents les meilleurs, les dons parfaits, proviennent tous d’en haut.

La Vérité a germé de la terre : la chair est née de Marie. Et du ciel s’est penchée la justice, parce qu’un homme ne peut rien s’attribuer, sinon ce qui lui est donné du Ciel.

Nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu parce que justice et paix se sont embrassées. Par notre Seigneur Jésus Christ : car la Vérité a germé de la terre. C’est lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Paul ne dit pas : « à notre gloire » ; mais à la gloire de Dieu parce que la justice n’est pas sortie de nous mais s’est penchée du ciel. Donc, celui qui cherche la gloire, qu’il mette sa gloire non en lui, mais dans le Seigneur.

Georges Desvallières (1861-1950), Nativité Jésus Marie Joseph (1942), étude à l’encre et gouache sur papier pour une grande décoration destinée à la cathédrale d’Arras (Pas de Calais), Musée Rolin d’Autun, legs collection privée Eugène Chevalier : Joseph accoudé et assis sur le sol, épaule contre lui Marie, allongée et tenant dans ses bras l’enfant Jésus auréolé

De là vient que la louange angélique pour le Seigneur né de la Vierge a été : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes comblés de sa bienveillance.

En effet, d’où vient la paix sur la terre, sinon de ce que la Vérité a germé de la terre, autrement dit, que le Christ est né de la chair ? Et c’est lui qui est notre paix : des deux, il a fait une seule réalité, pour que nous soyons des hommes pleins de bienveillance, tendrement attachés les uns aux autres par le lien de l’unité.

En ce jour de grâce, réjouissons-nous, pour trouver notre gloire dans le témoignage de notre conscience ; alors, ce n’est pas en nous, mais en Dieu que nous mettrons notre gloire. C’est pour cela qu’il est dit : Ma gloire, tu tiens haute ma tête. Dieu pouvait-il faire briller sur nous une grâce plus grande que celle-ci : son Fils unique, il en fait un fils d’homme et, en retour, il transforme des fils d’hommes en fils de Dieu ?

Cherche où est le mérite, où est le motif, où est la justice, et vois si tu découvres autre chose que la grâce.

Georges Desvallières, Nativité et Adoration des Mages (1943), cathédrale d’Arras ©wikipediacommons

Cette toile marouflée (collée sur le mur), posée dans la cathédrale d’Arras en 1943, est un des derniers chefs d’œuvre de George Desvallières (1861-1950), artiste qui contribua largement au renouveau de l’art sacré catholique au XXe siècle. Les larges rayons obliques figurent la grâce divine, esquissant comme une tente de lumière : le Christ, Lumière du monde, vient nous visiter. Jaillissent du Ciel des flots de lumière et d’anges dans cette toile aux dimensions cosmiques. (Extraits de Michel Rossi, De sa naissance à sa résurrection, Diocèse d’Arras) La toile de la Résurrection, dans des tons identiques, est réalisée de façon inversée : sur la toile de la Nativité, le mouvement est descendant du ciel vers la terre ; sur celle de la Résurrection, le mouvement nous entraîne vers les cieux.

Georges Desvallières, Résurrection (1943), cathédrale d’Arras, ©wikimedia commons

Martine Petrini-Poli

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