Pour saint Jérôme, « ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ »
Jérôme de Stridon ou saint Jérôme, né vers 347 à Stridon, à la frontière entre la Pannonie et la Dalmatie (en Slovénie ou Croatie), et mort le 30 septembre 420 à Bethléem, est un moine, traducteur de la Bible, Docteur de l’Église (depuis 1298) et l’un des quatre Pères de l’Église latine, avec Ambroise de Milan, Augustin d’Hippone et Grégoire Iᵉʳ. Pour Jérôme, ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ (Commentaire sur Isaïe, prologue). C’est pourquoi, il va consacrer sa vie à faire connaître l’Ecriture sainte et à inciter à sa lecture : Le lieu privilégié de la lecture et de l’écoute de la Parole de Dieu est la liturgie, dans laquelle, en célébrant la parole et en rendant présent dans le Sacrement le Corps du Christ, nous réalisons la parole dans notre vie et la rendons présente parmi nous. Benoît XVI Audience générale du 7 novembre 2017 sur Jérôme de Stridon.
Une brève biographie
Brillant étudiant à Rome, passant distrait en Gaule, apprenti ascète à Aquilée, anachorète novice en Syrie, derechef étudiant mais étudiant ecclésiastique à Constantinople sous Grégoire de Nazianze, secrétaire du pape Damase à Rome où il se lie d’amitié avec de saintes femmes, il regagne l’Orient définitivement en 385 et se fixe à Bethléem, c’est ainsi que Dom Paul Antin résume la vie de Jérôme de Stridon.
Brillant étudiant à Rome, passant distrait en Gaule, apprenti ascète à Aquilée, anachorète novice en Syrie
Jérôme suit des études à Rome, se convertit vers l’âge de 18 ans à la suite d’un rêve mystérieux, puis, après un séjour en Gaule, part pour la Terre sainte en 373. Il vit en ermite dans le « désert » de Chalcis de Syrie, à une cinquantaine de kilomètres à l’est d’Antioche. Il est ensuite ordonné prêtre à Antioche.
Etudiant ecclésiastique à Constantinople sous Grégoire de Nazianze
Jérôme reste à Constantinople trois ans, de 379 à 382. Il rencontre Grégoire de Nazianze, évêque d’une petite communauté de chrétiens restés fidèles à la doctrine de Nicée. Il assiste à toutes les homélies et discours de cet homme fort éloquent, mon maître – praeceptor meus – dans l’étude de l’Écriture sainte. Jérôme quitte Constantinople, lorsque Grégoire se retire du concile, à la suite de dissensions internes.
Secrétaire du pape Damase à Rome
En 383, le pape Damase Ier le choisit comme secrétaire : À son très cher fils Jérôme, Damase. Tu dors ? Depuis longtemps, tu lis plus que tu n’écris ! Voici des petites questions que je me suis décidé à t’envoyer pour te tirer du sommeil ! Non pas que tu ne doives point lire : la lecture est le pain quotidien qui nourrit et engraisse le style, mais il faut que lecture fructifie en écriture.
La lecture est le pain quotidien qui nourrit et engraisse le style, mais il faut que lecture fructifie en écriture.
Le pape demande à Jérôme de traduire les quatre Évangiles en latin. Sur la base des textes originaux en grec et en hébreu et grâce à la confrontation avec les versions précédentes, celui-ci effectue la révision des quatre Evangiles en langue latine. Le recours aux textes originaux sert de base à son exégèse : S’il devait surgir une discussion entre les Latins sur le Nouveau Testament, en raison des leçons discordantes des manuscrits, ayons recours à l’original, c’est-à-dire au texte grec, langue dans laquelle a été écrit le Nouveau Pacte. De la même manière pour l’Ancien Testament, s’il existe des divergences entre les textes grecs et latins, nous devons faire appel au texte original, l’hébreu ; de manière à ce que nous puissions retrouver tout ce qui naît de la source dans les ruisseaux (Ep 106, 2).
Jérôme regagne l’Orient définitivement en 385 et se fixe à Bethléem
À la mort du pape, il doit quitter Rome et retourne en Terre sainte. Avec le secours financier de Paula, noble romaine, il fonde à Bethléem un monastère masculin et un monastère féminin, ainsi qu’un hospice pour les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte, pensant que Marie et Joseph n’avaient pas trouvé où faire halte (Ep 108, 14). Durant les 34 dernières années de sa vie, Jérôme se consacre à la composition d’un texte latin de l’Ancien et du Nouveau Testament, qui soit plus fidèle aux manuscrits originaux grecs et hébreux. Sa traduction de la Bible constitue la pièce maîtresse de la Vulgate, traduction latine officiellement reconnue par le Concile de Trente et qui, après la récente révision, demeure jusqu’au XXe siècle le texte « officiel » de l’Eglise catholique. En parallèle, il rédige ses commentaires sur la Bible, de manière à ce que le lecteur avisé, après avoir lu les différentes explications et après avoir connu de nombreuses opinions – à accepter ou à refuser -, juge celle qui était la plus crédible et, comme un expert en monnaies, refuse la fausse monnaie (Contra Rufinum 1, 16).
Il meurt en 420 et ses restes sont d’abord enterrés à Jérusalem puis auraient été transférés à la basilique Sainte-Marie-Majeure, l’une des quatre grandes basiliques de Rome.
Les Lettres
Outre ses œuvres exégétiques, sa correspondance se compose de 150 numéros, 117 lettres sont de Jérôme, 26 lui sont adressées, sur une période de 45 ans. Les Lettres sont une source pleine de vie pour l’étude de la biographie de Jérôme, de son style, de son caractère, de sa passion de l’Écriture : Lis assez souvent et étudie le plus possible. Que le sommeil te surprenne un livre à la main ; qu’en tombant, ton visage rencontre l’accueil d’une page sainte. Lettre 22 à Eustochium
Saint patron
Il est considéré comme le patron des traducteurs en raison de sa révision critique du texte de la Bible en latin qui a été utilisée jusqu’au XXe siècle comme texte officiel de la Bible en Occident. Il est aussi le patron des archéologues, archivistes, bibliothécaires, documentalistes, étudiants, docteurs, pèlerins, bibliothèques, encyclopédistes, écoles, écoles bibliques.
Iconographie
L’iconographie le représente âgé, en ermite, traduisant ou méditant la Bible, avec un crâne ou un lion, avec la pourpre ou le chapeau de cardinal, même si l’institution cardinalice n’apparaît qu’au XIe siècle.
Martine Petrini-Poli