Grégoire Iᵉʳ, dit le Grand devient le 64ᵉ pape en 590. Docteur de l’Église, il est l’un des quatre Pères de l’Église d’Occident, avec saint Ambroise, saint Augustin et saint Jérôme. Il est fêté le 3 septembre.
Qui était Grégoire le Grand ?
Né vers 540 à Rome, Grégoire est issu par son père, un sénateur, de l’illustre famille patricienne et chrétienne des Gordianus. Son arrière-grand-père paternel est le pape Félix III (483-492). On suppose que le jeune homme reçut la solide éducation classique et juridique de son milieu, ce qui lui permit d’accéder aux plus hautes fonctions. Le contexte est celui de la guerre de reconquête de l’Italie contre les Ostrogoths et de la peste noire.
Préfet de Rome
En 573, il est préfet de Rome, le plus haut magistrat de Rome, représentant de l’empereur. Il présidait au Sénat.
Moine à Coelius
Il transforma ensuite la vaste demeure paternelle du Coelius en monastère. Il le dédia à saint André, le Clivus Scauri et y demeura environ cinq ans.
Quittant tout et non à la légère – car longtemps, longuement, j’ai différé la grâce de la conversion à l’état monastique – je gagnai le havre d’un monastère et laissant ce qui est du monde (hélas, je le croyais) je m’échappai nu du naufrage de cette vie. Moralia, Préface
Il fonde aussi six monastères dans ses immenses domaines familiaux en Sicile.
Diacre et apocrisiaire à Constantinople
En 579, Grégoire est ordonné diacre et envoyé par le pape Pélage II comme apocrisiaire (nonce apostolique) auprès de l’empereur Tibère II.
Comme l’effort de la tempête lorsqu’elle s’augmente arrache souvent une barque de la rade la plus sûre quand on n’a pas assez soigneusement attaché les câbles, ainsi, soudain, sous le prétexte de mon ordination (au diaconat), je me trouvai tout d’un coup emporté dans la pleine mer des affaires du siècle. Moralia, Préface
Il demeure à Constantinople jusqu’en 586, entouré d’un petit groupe de moines de Saint-André. On attend de Grégoire qu’il obtienne de l’empereur de l’aide pour l’Italie. Il écrit alors en grande partie le livre des Moralia sur Job, à la demande de ses frères moines et de son ami Léandre de Séville qu’il connut à Constantinople.
Pour n’avoir pas conservé avec assez de fermeté la paix dont je jouissais dans le monastère, j’ai reconnu en la perdant de quelle importance il est de la conserver quand on la possède… Quoi que l’emploi pour lequel on m’avait obligé de sortir du monastère me fit comme mourir à la vie tranquille par l’épée des occupations extérieures, je ne laissais pas néanmoins, au milieu de ces dissipations importunes, d’aller tous les jours reprendre une vie nouvelle et ranimer mes sentiments de componction dans de saintes lectures et de salutaires entretiens avec mes frères. Moralia, Préface
Retour à la vie monastique
Grégoire revint ensuite à son monastère du Clivus Scauri au Coelius où il resta encore à peu près cinq ans.
Pontificat
Il devint pape en 590, vers l’âge de 50 ans. En 590, le pape Pélage II mourut de la peste qui sévissait, suite à une inondation du Tibre. Grégoire est élu, il recevra la consécration épiscopale le 3 septembre 590, après une tentative de fuite et après avoir vainement sollicité le veto de l’empereur.
Grégoire se dévoue aux pestiférés, institue de grandes processions. La famine sévit car les greniers à blé des bords du Tibre ont été emportés. Grégoire s’occupe des malheureux : Le patrimoine de l’Église est la propriété des pauvres.
Pendant son pontificat, Grégoire prend en charge la défense de l’Italie, la lutte contre la simonie et l’immoralité du clergé, et la conversion des anglo-saxons. Pasteur de l’Occident barbare, il donnait ordre de racheter les captifs et entretint avec les rois barbares une correspondance.
J’ai vu de mes propres yeux les Romains attachés comme des chiens, la corde au cou, on les menait en Gaule pour les vendre. Moralia, Préface
Tombé malade les dernières années de sa vie, il mourut en 604.
Les Moralia sur Job
« Les Moralia reproduisent des conférences monastiques de Grégoire données aux quelques moines groupés à Constantinople autour de lui tandis qu’il était apocrisiaire. C’est un ouvrage très long, le plus étendu de toute l’œuvre de Grégoire. Ce commentaire oral fut retouché à plusieurs reprises, les dernières retouches qu’y fit Grégoire datent de la seconde moitié de son pontificat.
Grégoire le Grand est, nous le verrons, le docteur du désir, le docteur de la contemplation dont le désir est l’âme. Toute la doctrine spirituelle de Grégoire s’ordonne autour de la recherche ardente de la contemplation, une contemplation qui n’est pas un bien jalousement gardé mais qui se communique à autrui dans la charité, une contemplation qui ne sera parfaite que dans l’au-delà mais qui est déjà expérience de la foi. » Sœur Peters
Le prochain article portera sur l’œuvre de Grégoire le Grand et sur sa doctrine spirituelle.
Martine Petrini-Poli