Il y a pile un an, en avril 2018, Anne Lesage, responsable du pôle Images du Centre des Monuments nationaux confiait une « carte blanche » au photographe Bogdan Konopka sur la cathédrale Notre-Dame de Paris. Son travail à la chambre photographique en noir et blanc est une déambulation contemplative, hors du temps, dans un édifice tant admiré.
La mémoire photographique assure le travail des bâtisseurs
La destruction spectaculaire de la charpente, de la toiture et de sa flèche ainsi que d’une partie de la voûte par l’incendie du 15 avril 2019 nous rappelle l’utilité incontestable du témoignage photographique et l’importance d’un exercice qui convoque la richesse d’un médium et le talent d’un photographe pour s’accorder bien au-delà de l’image à en faire œuvre. Anne Lesage ajoute « La mémoire photographique assure le travail des bâtisseurs ».
Bogdan Konopka avait rédigé un texte tout aussi sensible que ses photographies : « Equipé de mon trépied et du lourd sac à dos transportant chambre photographique et châssis, je gravis l’étroite spirale des 387 marches des tours pour accéder à la vue qui s’offre au million de visiteurs qui s’y pressent chaque année.
j’enregistre photographiquement une conversation avec les chimères, témoins centenaires et impassibles du patrimoine architectural
Opérant après les heures d’ouverture au public, j’enregistre photographiquement une conversation avec les chimères, témoins centenaires et impassibles du patrimoine architectural et de ses transformations, sans gommer pour autant les éléments « dérangeants » tels les dispositifs anti-volatiles pour préserver la santé de ces êtres fabuleux ou le couloir grillagé pour la sécurité des visiteurs. Le fantôme de Quasimodo rôde autour du bourdon, je me faufile derrière lui dans les combles sur un long chemin de planches pour photographier la cage de l’horloge et la rosace côté ouest. La nef de la cathédrale bruisse, je capte en longue pose ce brouillard d’allées et venues tandis que les bois sculptés des stalles et les polychromes du choeur contemplent avec bienveillance le silence du recueillement. »
Françoise Paviot
Un autre témoignage transmis par la photographie : ce tirage sur papier salé du photographe Charles Nègre, réalisé en 1853.