Le Vendredi Saint, les Chrétiens lisent le récit de la Passion du Christ.
Ce tableau représente un court passage de la Passion : le partage de la tunique du Christ. Cet événement est relaté dans les quatre Evangiles, et très développé dans celui de Jean.
Le Greco, peintre espagnol du 16e siècle, a représenté cette scène plusieurs fois. Une première version, au cadrage très différent, a été peinte pour la cathédrale de Tolède. D’ailleurs le chapitre avait cherché à faire baisser le prix de l’œuvre, car la partie inférieure prend ses distances avec le texte évangélique en présentant les trois Marie. Dans la version du musée des Beaux-Arts de Lyon, les saintes ont disparu, même si le fragment de textile jaune au tout premier plan rappelle leur présence, ou bien celle du personnage qui prépare la Croix.
Ce tableau est considéré comme le fruit d’une double influence, celle de la peinture vénitienne et celle des icônes grecques. Le Greco a un usage italien de la couleur, elles sont vives, acides. Regardez la confrontation brutale entre le rose profond et modulé de la tunique du Christ, et le vert pomme que porte le soldat qui est en train de lui retirer son vêtement, alors qu’il le tient attaché. L’influence des icônes se retrouve dans la construction de l’œuvre : tous les personnages sont regroupés, ils semblent flotter dans un espace irréel.
Le ciel tumultueux, presque déchiré ou abstrait, typique du Greco, semble noyer l’ensemble des personnages. Même le ciel est menaçant, tout hérissé de hallebardes et de pointes.
Hormis le Christ et le soldat qui l’attache, deux protagonistes attirent le regard. Tout d’abord le militaire en armure, dont le visage sombre et ombrageux contraste avec celui du Christ. Son armure typique des armées du roi Philippe II reflète la tunique du Christ. Son regard, au creux de ses orbites sombres, ne contemple pas le Christ, mais il semble nous interroger. C’est le cas également pour l’homme au turban rouge, qui pointe le Christ du doigt dans un geste de dérision, mais finalement, n’est-ce pas un moyen d’interpeller le spectateur, de nous renvoyer à la contemplation du drame de la Croix et de la mise à mort du Messie ?
La lumière qui baigne le visage du Christ rend son visage livide, presque déjà mort. Ce tableau montre en quelques quelque sorte la fin de l’histoire. Dans tout ce tumulte, seul le Christ semble calme, prêt à donner sa vie, le regard tout tourné vers son Père.
Evangile de Jean, chapitre 19, 23-24 :
Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ;
ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat.
Ils prirent aussi la tunique ;
c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas.
Alors ils se dirent entre eux :
« Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. »
Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture :
Ils se sont partagé mes habits ;
ils ont tiré au sort mon vêtement.
C’est bien ce que firent les soldats.
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