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Temps de Noël : Honegger [1]

Nous commençons une nouvelle année liturgique avec la très belle cantate d’Arthur Honegger modestement intitulée "Une cantate de Noël". Où il nous est montré que, parfois, la musique est capable de dire bien davantage que les mots : la musique n’est pas qu’harmonies ou mélodies, elle est aussi et avant tout sonorités. Une belle manière d’entrer dans le temps liturgique de l’Avent.
Publié le 26 novembre 2018
Écrit par Emmanuel Bellanger

L’œuvre qu’Arthur Honegger (1892-1955) a appelée Une cantate de Noël est la dernière qu’il nous a laissée. Il a eu la joie d’être présent à sa création le 18 décembre 1953 à Bâle, sous la direction du grand chef Paul Sacher.

La première partie que nous découvrons aujourd’hui, provient d’une cantate qui ne vit jamais le jour. Elle a été écrite en 1940 et profondément remaniée. On ne s’étonnera pas de la tonalité sombre, voire crispée, de cette partie.

Honegger y exprime des sentiments qui sont présents dans toute sa production : une angoisse, presqu’une désespérance, devant la violence et l’absurdité du monde ; mais une lumière, faible certes mais toujours faiblement scintillante, laisse entrevoir que tout n’est pas perdu. Le temps de l’Avent et de Noël est favorable pour exprimer ce contraste alors que le compositeur était déjà gravement malade.

Une cantate de Noël est écrite en deux parties, nous les écouterons successivement aujourd’hui et la prochaine fois : elles sont en effet fortement contrastées.

Voici quelques clés pour l’écoute :

Cette cantate est écrite pour un grand chœur mixte, un chœur d’enfants, un baryton soliste, un orgue et un orchestre.

C’est l’orgue qui ouvre la cantate sur des accords très sombres auxquels se joignent progressivement les cordes. Le chœur mixte entre d’abord sur des vocalises puis sur le chant du psaume 129 de profondis ce qui pourrait nous étonner : ce psaume est présent dans plusieurs œuvres d’Honegger, par exemple Le Roi David ou la Symphonie Liturgique.

Cette première partie est, en réalité, un vaste crescendo de plus en plus tendu par des harmonies âpres, des sonorités agressives jusqu’au cri, des rythmes de plus en plus resserrés. Le cri O viens ! lancé d’abord par les cuivres, puis par le grand chœur, culmine au centre de cette page, appelant une réponse ; mais comment répondre à cet appel désespéré de l’humanité ? C’est le chœur d’enfants qui annonce qu’une lumière demeure, qu’il ne faut pas oublier. La pure sonorité des voix annonce le message de Noël que nous découvrirons la prochaine fois : « Joie et paix sur toi, Israël : voici venir Emmanuel. »

Ne peut-on entendre dans cette progression musicale, à la fois l’attente de l’humanité, et la confiance que c’est un Autre qui, seul, peut nous apporter joie et paix. C’est bien le sens de l’Avent…

 

Emmanuel Bellanger

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