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Simplicité – Confiance : l’Annonciation, mystère de l’Incarnation à travers une image, un poème, une musique

Nous n’aurons jamais fini de contempler l’inimaginable, l’inouï du Mystère de l’Incarnation. Comment cela serait-il possible ? Au-delà des mots et des idées, l’art nous introduit à sa manière dans ce temps de l’Avent, temps de recueillement, d’ouverture, d’hospitalité… Rencontre d’une image, d’un texte et d’une musique.
Publié le 10 décembre 2022
Écrit par Emmanuel Bellanger
Maurice Denis (1870-1943), Mystère catholique, 1889, Musée départemental Maurice Denis, Saint-Germain-en-Laye © Wikimedia Commons

Cette Annonciation de Maurice Denis (1870-1943) date de 1889. Au-delà de ce qui peut paraître compassé à nos yeux, quelque chose du mystère d’un Dieu « venu en notre chair » nous est révélé.

La ligne verticale de la fenêtre prolongée par les cierges que tiennent les deux servants divise le tableau : à gauche, une évocation liturgique. Mais on peut se demander si le diacre et les deux servants voient réellement la femme assise devant eux. Ne s’agirait-il pas plutôt du regard intérieur ?

C’est dans une simplicité disponible que se présente la Vierge Marie à droite du tableau. La blancheur dont elle est revêtue vient d’une source extérieure que l’on ne voit pas, masquée par un rideau qui diffuse la lumière dans tout l’espace. Le paysage que l’on aperçoit à travers la vitre n’évoque-t-il pas une attente lui aussi, l’attente de l’eau vivifiante qui animera enfin son aridité ?

Cette attente apaisée et confiante qui habite le cœur de Marie nous est décrite dans ce poème d’Henri Ghéon (1875-1944). La résignation qu’évoque le poète n’est pas découragement mais bien simplicité, confiance, accueil de l’inattendu, joie mystique :

La jeune fille sans rêves,
Assise dans son jardin,
S’étonne que du jasmin
La voix d’un Ange s’élève.

Que vous veut ce messager
Et pour qui cette oreille ?
Vous n’avez rien demandé
Que de demeurer pareille.

Chaste, sage et chaque jour
Contente de peu d’amour,
Résignée à peu de joie…

C’est tout l’Amour aujourd’hui
Et toute la Joie aussi
Que le Maître vous envoie !

Le compositeur André Caplet (1878-1925) mit ce poème en musique en 1923 dans une Suite de 15 pièces intitulée Le Miroir de Jésus. Il s’agit de 15 méditations musicales sur les Mystères du Rosaire. Cette œuvre est destinée à un chœur à trois voix aigues, une soliste soprano, un orchestre à cordes et une harpe, instrument cher à Caplet.

La musique enchâsse le poème entre le titre Annonciation à la manière d’une enluminure médiévale, et un chant du chœur qui prolonge le texte poétique d’une prière, unissant ceux qui écoutent cette musique à la prière du poète et du musicien.

Entre ce cadre, la soliste déploie le poème que la musique éclaire et transfigure, par exemple sur la voix d’un Ange s’élève. 

Le dernier tercet est transfiguré par la harpe qui lance les mots c’est tout l’Amour dans une somptuosité harmonique qui invite l’auditeur à s’unir à la voix du chœur qui conclue cette page : Ave Maria, gratia plena

Emmanuel Bellanger

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