Voir toutes les photos

Sainte Cécile : chanter la musique

Dans quelques jours sera célébrée dans de très nombreuses églises de notre pays la fête de Sainte-Cécile : le rapport de Cécile à la musique est loin d’être historiquement démontré. La légende la dote d’une jolie voix et raconte qu’elle entendit les chants célestes au moment de sa mort. Il n’en fallut pas davantage pour qu’elle devînt la patronne des musiciens et facteurs d’instruments.
Publié le 18 novembre 2019
Écrit par Emmanuel Bellanger

La fête de la Sainte-Cécile est l’occasion idéale pour les compositeurs d’offrir une nouvelle œuvre dédiée à leur patronne. Les « Messes de Sainte-Cécile » par exemple sont nombreuses, la plus connue en France étant celle de Charles Gounod créée à Saint-Eustache de Paris en 1855. On peut citer aussi la Messe de Sainte-Cécile d’Alessandro Scarlatti qui date de 1720 ou celle de Joseph Haydn de 1766.

Cette célébration de la Sainte-Cécile n’a pas toujours été bien reçue du côté des responsables de l’Eglise pour des raisons que l’on peut comprendre : c’est, en effet, plus souvent la musique elle-même que l’on célèbre – quand ce n’est pas le compositeur – plutôt qu’une sainte proposée comme modèle d’une vie chrétienne profonde.

SAINTE CÉCILE AU SOMMET DU BUFFET D’ORGUE, CATHÉDRALE NOTRE-DAME DE SAINT-OMER © JEAN CAPELAIN

L’Ode pour le jour de la Sainte Cécile de Georges-Frédéric Haendel est un exemple lumineux de ce glissement vers la célébration de l’art musical lui-même. Il s’agit plus d’une glorification de la musique que de toute autre chose.

L’œuvre date de 1739. Elle est écrite sur un texte du poète anglais John Druyden (1631-1700). C’est une œuvre très intéressante par ce qu’elle nous dit de la musique : on y retrouve d’une part, la trace d’une vision de la musique venue tout droit du Moyen-Âge dans son rapport avec l’harmonie du monde, d’autre part, d’une vision que l’on pourrait qualifier de romantique par l’expression des passions et sentiments humains. En voici le plan avec quelques éléments du texte :

1° : Ouverture à la manière d’une ouverture d’opéra.
2° : Récitatif du Ténor : De l’harmonie, de la céleste harmonie prit forme l’univers.
3° : Air du Ténor : Quand la Nature gisait sous un amas d’atomes discordants…
4° : Chœur : D’harmonie en harmonie, toute la gamme des notes fut parcourue…
5° : Air de Soprano : Quelle passion la musique ne saurait-elle mouvoir et dompter…
6° : Air de Ténor et chœur : l’éclat puissant de la trompette appelle aux armes…
7° : Marche
8° : Air de Soprano : La flûte, tendre et plaintive…
9° : Air de Ténor : Les âcres violons proclament leurs tourments jaloux…
10° : Air de Soprano : Quelle voix humaine peut atteindre de l’orgue la louange sacrée ?
11° : Air de Soprano : Orphée commandait aux bêtes féroces…
12° : Récitatif de Soprano : Mais avec la rayonnante Cécile, le prodige fut à son comble…
13° : Solo de Soprano et chœur : Comme par le pouvoir des musiques sacrées les sphères se mirent en mouvement… lorsque l’heure dernière et terrible…
(Traduction de Miriam Lopes)

Le retour à Sainte-Cécile au numéro 12 sent son procédé pour justifier le titre mais c’est bien la musique elle-même qui est honorée.

Le texte suggère naturellement à la fois le style musical approprié et l’instrument ou les instruments qui conviennent et créent l’image sonore suggestive. Haendel était particulièrement habile en ce domaine. Voilà une belle manière d’entrer dans cette musique : imaginer une traduction sonore puis confronter ce que l’on a pressenti à ce que nous propose le compositeur.

Emmanuel Bellanger

 

Contenus associés
Commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *