« Ô, innocent Agneau de Dieu » – méditer le texte

Jean-Sébastien Bach nous invite dans ce nouveau commentaire du choral « Ô Lamm Gottes unschuldig » à approfondir le sens du texte pour en découvrir de nouvelles richesses et nourrir notre méditation.
Publié le 29 mars 2019
Écrit par Emmanuel Bellanger

Le BWV 656 est tiré d’un recueil majeur des œuvres de Bach intitulé « Chorals de Leipzig ». Il s’agit de page probablement groupées après la mort du compositeur, mais de pages majeures par la qualité musicale, la science de l’écriture, la profondeur de la méditation. On est ici en présence d’un musicien en pleine possession de ses moyens. Il nous donne le fruit de toute une vie de méditation et de prière : en suivant les trois commentaires que nous avons analysés brièvement, qui ont jalonné la vie de Bach, on est saisi d’admiration devant l’acuité de sa lecture, la richesse éblouissante de sa palette de musicien.

Il s’agit ici de beaucoup plus qu’un simple prélude au chant de l’assemblée. Le choral nous est donné trois fois comme dans le chant liturgique de l’Agneau de Dieu : une fois à la partie supérieure, une fois au cœur de la polyphonie et une fois à la basse.

Dans le premier volet, le thème liturgique est chanté à la voix supérieure. Le ton général de l’accompagnement est un jeu perpétuel entre la clarté du LA Majeur et l’ombre des dissonances et chromatismes : nous éprouvons à la suite de Bach la tension entre un Agneau innocent mais immolé, patient bien que méprisé, comme le dit le début du texte.

Le deuxième volet est un tissage dense de motifs qui enserrent le thème au cœur de la polyphonie, comme s’il était enfermé dans les liens du péché. Mais en même temps, ce bref motif omniprésent en-dessous et au-dessus sonne comme une prière incessante.

Le troisième volet, plus développé, fait entendre le thème du cantique à la basse sur une sonorité puissante. L’Agneau de Dieu est à la fois enfermé dans le tombeau et devenu le fondement de la prière chrétienne. Une impressionnante rupture de ton vient brutalement interrompre le déroulement du discours : dissonances, chromatismes, mouvement descendant, silence : c’est le désespoir du pécheur qu’évoque le verset : « sinon nous devrions désespérer. » 

Mais le message chrétien ne s’arrête pas au péché et à la mort : c’est le sens des volutes joyeuses qui concluent cette page admirable. Nous y vivons le cœur même du Mystère Pascal, mort et résurrection à la suite du Christ.

 

Emmanuel Bellanger

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