Le « Cantique des Créatures » de saint François a inspiré de nombreux musiciens anciens et contemporains.
La liturgie du Dimanche de Pâques met dans la bouche du Christ au moment de sa Résurrection ces paroles adressées à son Père : « Je suis ressuscité ! Me voici de nouveau avec Toi, alléluia ! Ta main s’est posée sur moi, alléluia ! » C’est cette main du Père sur toute créature, image de Vie dans sa renaissance printanière, que saint François chante. Voici la première strophe dont nous écouterons une mise en musique du jeune compositeur Thomas Lépillez :
Très-Haut, tout-puissant et bon Seigneur,
à Toi sont louange, gloire et honneur
et toute bénédiction ;
à Toi seul ô Très-Haut, ils conviennent
et nul homme n’est digne de Te nommer.
Loué sois-tu, mon Seigneur, pour toutes Tes créatures,
spécialement messire frère soleil,
par qui Tu nous donnes le jour, la lumière :
il est beau, rayonnant d’une grande splendeur,
et de Toi, le Très-Haut, il est le symbole.
Le musicien nous donne à voir l’éclat du soleil d’une belle manière : il nous conduit du grave et de la douceur de la nuit (chantée par les voix d’hommes) à l’aigu éclatant des voix de femmes. Mais sur le dernier vers, la musique change de nature : on a quitté l’évocation matérielle de la lumière pour le registre de la méditation et de l’intériorité. Le dernier vers se déroule simplement, comme une psalmodie sur un seul accord, nous conduisant au silence de la contemplation intérieure ; n’est-ce pas aussi cela la fête de Pâques, l’ouverture de nos yeux intérieurs à cette vie de ressuscités que nous ouvre le Christ ?
Emmanuel Bellanger