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Itinéraire musical III/III : du côté du Portugal

La dernière étape musicale de cet été nous conduit en un pays qui ne s’impose pas d’emblée pour sa musique mais plutôt pour son climat : le Portugal. Voici deux compositeurs de ce pays, quelque peu oubliés, mais qui méritent qu’on s’arrête un instant sur leur musique.
Publié le 17 août 2020
Écrit par Emmanuel Bellanger

Carlos SEIXAS est né à Coimbra en 1704 et mourut à l’âge de 38 ans en 1742 à Lisbonne. On peut aisément entendre dans sa musique des échos du napolitain Domenico Scarlatti (1685-1757) qui s’était installé à Lisbonne au service de la fille du roi de Portugal Maria-Barbara qui deviendra reine d’Espagne.

Eglise décorée d’azulejos © Wikimedia Commons

Nous écoutons une sonate (sur le modèle stylistique de Scarlatti) pour orgue de SEIXAS. Le dépaysement pour nous vient des sonorités propres aux orgues ibériques, en particulier ce jeu appelé « Dulzeina » qui rappelle l’instrument médiéval appelé « douçaine ». Il s’agit d’un registre proche de nos régales constitué d’une anche vibrant dans un corps de tuyau très court. De plus, ce qui est propre aux orgues ibériques, ce jeu est disposé « en chamade » c’est-à-dire horizontalement, braqué comme des canons vers les auditeurs. C’est le son ici qui ouvre nos oreilles sur un nouvel horizon.

Il s’agit ici d’un orgue d’esthétique parfaitement ibérique construit à Montpellier.

Luis de FREITAS BRANCO a passé toute sa vie à Lisbonne de sa naissance en 1890 à sa mort en 1955. Bien qu’oublié aujourd’hui, il fut en son temps un musicien reconnu ayant occupé des fonctions importantes, entre autres au Conservatoire de Lisbonne. Auteur de nombreuses symphonies, mélodies, musique de chambre, il représente un courant musical que l’on pourrait qualifier d’une façon un peu simpliste de néoromantique.

Jardin Tropical Monte Palace, Madeire © WIKIMEDIA COMMONS

Sa première Suite « ALENTEJANA » est une sorte d’hommage à cette région du Portugal, l’Alentejo, située immédiatement au sud de Lisbonne. Ce pays de grands espaces « alem Tejo » c’est-à-dire « au-delà du Tage » est à l’origine d’un vaste répertoire populaire lié aux travaux et aux saisons dont s’est inspiré Freitas-Branco. Voici le final de cette première suite « ALENTEJANA » : il s’agit d’une danse venue d’Andalousie et qui s’est acclimatée sur toute la péninsule ibérique, danse de rythme ternaire : le « FANDANGO ».  On y trouve évidemment les deux instruments traditionnels : les castagnettes (entendues ici ou là dans cette page) et la guitare (évoquée par l’orchestration).

La musique n’est-elle pas de tous les arts celui qui nous immerge dans un paysage, familier ou non, comme ici au cœur du Portugal ?

Emmanuel Bellanger

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