Inclinant la tête, il rendit l’esprit

Nous arrivons au seuil de la Semaine Sainte qui nous donne de vivre heure par heure les évènements par lesquels s’accomplit le grand mystère de notre rédemption. La musique, quand elle surgit du fond du cœur angoissé d’un compositeur, parle d’elle-même. Francis Poulenc, qui nous a accueillis au début de ce carême nous conduit au silence de la contemplation.
Publié le 23 mars 2018
Écrit par Emmanuel Bellanger

 

Les sept Répons de Ténèbres sont la dernière œuvre de Francis Poulenc dont la vie fut constamment écartelée entre ce qu’il appelait lui-même son côté « Nogent » avec ses guinguettes et son côté aveyronnais austère. Nous écoutons son « Tenebrae factae sunt » qui exprime à la fois le dépouillement absolu, mais aussi le cri déchirant de l’humanité souffrante dans cette musique qui s’épanche du silence à peine rompu de notes presqu’imperceptibles jusqu’aux accents les plus violents, aux harmonies toujours délicates.

C’est au silence d’une écoute accueillante qu’il nous invite : les résonances que cette musique provoque dans notre souvenir aident le texte liturgique à pénétrer toujours plus profondément au plus intime de nous-même dans un silence de plénitude. La prière a-t-elle encore besoin de mots quand on en arrive à cette densité de médiation lyrique ?

Tenebrae factae sunt, dum crucifixissent Jesum Judaei : et circa horam nonam exclamavit Jesus voce magna : Deus meus, ut quid me dereliquisti ? Et inclinato capite, emisit spiritum. Les ténèbres se firent lorsque les Juifs crucifièrent Jésus : et vers la neuvième heure Jésus cria d’une voix forte : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Et inclinant la tête, il remit l’esprit.

 

Emmanuel Bellanger

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