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Bonne Année 2020 ! Thèmes & Variations avec Beethoven…

Qui d’entre nous n’aborde pas une nouvelle année dans l’espérance ? Nous savons bien que beaucoup d’inattendu surviendra, qui nous surprendra sans doute, mais nous ouvrira peut-être sur des découvertes de beauté… Comme un portail au seuil de cette année, qui sera marquée par l’évocation de Beethoven dont nous célébrerons le 250ème anniversaire de sa naissance, voici quelques moments de gratuité artistique.
Publié le 31 décembre 2019
Écrit par Emmanuel Bellanger

Regardez ce tapis, c’est un peu comme une œuvre musicale : on pourrait donner pour titre à cette image « thème et variations ». Quelques motifs simples indéfiniment répétés mais dans des combinaisons différentes créent des architectures infinies dans lesquels notre œil et notre esprit cheminent sans se lasser.

le compositeur est un guide, une sorte de prophète qui nous ouvre les oreilles à ce que nous n’avons pas su entendre

Ludwig van Beethoven (1770-1827) est sans doute un des maîtres de la variation en musique, cet art de créer un monde musical à partir d’un thème parfois tout simple : le compositeur est un guide, une sorte de prophète qui nous ouvre les oreilles à ce que nous n’avons pas su entendre dans ce thème si lisse au premier abord. En voici un exemple.

En 1819, le compositeur Anton Diabelli proposa à différents collègues (dont Beethoven) d’écrire des variations sur une valse de sa composition. Dans un premier temps, Beethoven affubla ce thème du nom peu sympathique de « Schusterflecke » autrement dit « pièce de cordonnier ». Mais à bien y regarder, il y décela tout ce que ces quelques notes bien innocentes cachaient de développements possibles : ainsi sont nées les célèbres « Variations Diabelli ». Au fur et à mesure du déroulement de ces 33 variations, il semble que l’on s’éloigne du thème initial ; ce n’est qu’apparence car, en réalité, c’est au cœur de l’essence constitutive de ce thème que Beethoven nous conduit, en la transfigurant comme un immense génie de la musique pouvait le faire.

Dans une de ses toutes dernières œuvres, Beethoven nous offre encore un riche exemple de cet art de la variation qu’il a porté au plus haut niveau : il s’agit de l’andante du 14ème quatuor à cordes qui date de 1826. Le quatuor à cordes a accompli avec Beethoven un chemin décisif : avec seulement deux violons, un alto et un violoncelle, notre compositeur réussit à  nous donner l’illusion d’un orchestre, grâce à la richesse de l’écriture de chaque instrument et à la manière toujours renouvelée de les combiner entre eux. Tout cela à partir d’un seul thème huit fois varié dans des tempi différents, des tonalités alternées, des présentations tantôt lyriques tantôt dansantes, des harmonisations plus ou moins transparentes. Voici ce mouvement du 14ème quatuor : écoutons-le comme un moment de beauté musicale gratuitement offerte au seuil de cette année nouvelle :

Une année qui commence, c’est un peu comme un thème et variations : nous vivrons 365 aubes et crépuscules, mais dans la répétition des jours, des beautés nous serons offertes au milieu des évènements de nos vies. Je vous souhaite d’en découvrir beaucoup ; que les surprises que ne manquera pas de nous offrir cette année soient les plus belles possibles.

Emmanuel Bellanger

Ludwig van Beethoven, détail d’un portrait  de 1804–05 par Joseph Willibrord , Archiv für Kunst und Geschichte, Berlin © Wikimedias Commons
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