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Un peu d’histoire…
Véritable vaisseau de briques aux allures de forteresse, la cathédrale d’Albi témoigne d’une volonté de défendre la foi chrétienne contre l’hérésie cathare répandue dans le Midi de la France depuis le début du XIe siècle. Sa construction débute en 1282, sous l’impulsion de l’évêque Bernard de Castanet, et le chantier va durer quasiment deux siècles. Un temps considérable qui s’explique par l’ampleur des travaux mais aussi par le contexte politico-religieux qui ralentit sérieusement le chantier. Sa belle robe de briques, qui lui donne cet aspect si sobre et si noble à la fois, tranche considérablement avec le décor intérieur, véritable manifeste de l’art gothique méridional. En pénétrant par le grand porche de pierres blanches du XVIe siècle à l’ornementation exubérante, c’est un véritable choc esthétique.
La nef immense, sans collatéraux ni transept, uniquement ceinturée de 29 chapelles, donne à la cathédrale d’Albi un aspect monumental et élancé. Mais le plus grandiose demeure l’ensemble de peintures et de sculptures qui habillent l’intégralité de l’édifice pour offrir une véritable catéchèse de la foi catholique. Dehors, une rigidité militaire, dedans une profusion éclatante de formes et de couleurs. Avec 18 500 m2 de fresques, Sainte-Cécile est la plus grande cathédrale peinte d’Europe et ses richesses décoratives font d’elle un cas unique en France.
Le chœur des chanoines
Le chœur fermé des chanoines demeure certainement l’élément le plus impressionnant de la cathédrale. C’est à cet endroit que se réunissaient les clercs pour chanter et célébrer le service divin. Miraculeusement préservé, le jubé est l’un des rares à avoir survécu dans la région Midi-Pyrénées. Beaucoup ont aujourd’hui disparu en France, victimes des destructions révolutionnaires ou des aménagements liturgiques du XVIIIe et XIXe siècle. Conscient du joyau que représentait ce jubé, on fit le choix, au XIXe siècle de déplacer l’autel, habituellement orienté à l’est en direction du soleil levant, du côté ouest. Cette “occidentalisation” permettait ainsi aux laïcs de voir la célébration de la messe sans être obligé de détruire le chœur des chanoines. Réalisée sous l’impulsion de l’évêque Louis Ier d’Amboise à la fin du XVe siècle, cette dentelle de pierres forme le plus grand ensemble gothique de la fin du Moyen Age.
A l’origine, 293 statues venaient orner la clotûre mais une grande partie a été détruite sous le réfime de la Terreur. Autour du choeur, on aperçoit 33 personnages de l’Ancien Testament tandis que les empereurs Constantin et Charlemagne viennent défendre les portes latérales de leur épée. A l’intérieur de la clôture, 72 anges entourent sainte Cécile, patronne des musiciens. D’une très grande variété, les personnages ont tous des attitudes différentes : pas un visage ni un costume ne sont semblables, ce qui donne un impression de vie extraordinaire. Le réalisme, le souci extrême du détail et la virtuosité technique montrent toute l’inventivité et le savoir-faire déployés par les artistes pour offrir une galerie digne de la grandeur divine.
Le Jugement Dernier
L’impressionnant Jugement dernier, peint à l’intérieur de la nef, a été réalisé à nouveau sous l’impulsion de l’évêque Louis Ier d’Amboise entre 1495 et 1500. Il illustre les fins dernières et exhorte les fidèles à se préparer à la mort en évitant les péchés et en pratiquant la charité. Recouvrant une surface de 300 mètres carrés, l’ensemble frappe par son format : avec ses 15 mètres de hauteur et ses 18 mètres de largeur, il s’agit du plus vaste ensemble peint réalisé en France à la fin du Moyen Age. Cette fresque a malheureusement perdue sa partie centrale au cours du XVIIe siècle, lorsque Charles Le Goux de la Berchère décida, en 1693, d’ouvrir une large baie pour construire une chapelle centrale. Cette partie essentielle de l’iconographie devait représenter, conformément à la vision de saint Jean dans l’Apocalypse, le Christ juge, la Vierge Marie, saint Jean-Baptiste et l’archange saint Michel, peseur des âmes.
Dans la partie supérieure figure la vision du ciel avec les anges musiciens accompagnés de la cour céleste. En dessous, tandis que deux grands anges font sonner la trompette de la Résurrection et du Jugement, les morts surgissent de leurs tombeaux et comparaissent nus devant le Christ. Dans la partie sud, les élus ont un visage serein alors que les damnés, agglutinés dans la partie nord, supplient et hurlent, effrayés par l’Enfer qui s’ouvrent sous leurs pieds. Dans le registre inférieur, les pécheurs, déjà condamnés aux supplices de l’Enfer, se débattent dans des scènes terribles. D’un réalisme incroyable, ces images, destinées à effrayer les fidèles, insistaient sur l’importance de se préparer à la mort tout au long de sa vie terrestre afin d’éviter les effroyables châtiments de l’Enfer.
L’orgue
Trônant au-dessus de la fresque du Jugement dernier, l’orgue du XVIIIe siècle, réalisé par le facteur d’orgue Christophe Moucherel, est sans conteste l’un des plus beaux de France. Ses dimensions exceptionnelles font de lui le plus grand orgue du sud de la France : 15,60 mètres de hauteur sur 16,40 mètres de large. D’un point de vue décoratif, ses nombreuses tourelles sont surmontées d’angelots musiciens aux expressions variées, tandis que sainte Cécile et saint Valérien, les deux seules figures humaines représentées, encadrent la tourelle centrale. Cet orgue a été remanié par plusieurs grands noms de la facture d’orgue au cours des siècles, comme François et Jean-François Lépine. Sa dernière grande restauration date de 1996 par Bartoloméo Formentelli. Avec ses cinq claviers, son pédalier et ses 54 registres, cet instrument possède une mécanique complexe qui nécessite des soins attentifs.
Citation Biblique
« Puis j’ai vu un grand trône blanc et celui qui siégeait sur ce trône. Devant sa face, le ciel et la terre s’enfuirent : nulle place pour eux ! J’ai vu aussi les morts, les grands et les petits, debout devant le Trône. On ouvrit des livres, puis un autre encore : le livre de la vie. D’après ce qui était écrit dans les livres, les morts furent jugés selon leurs actes. La mer rendit les morts qu’elle retenait ; la Mort et le séjour des morts rendirent aussi ceux qu’ils retenaient, et ils furent jugés, chacun selon ses actes. Puis la Mort et le séjour des morts furent précipités dans l’étang de feu – l’étang de feu, c’est la seconde mort. Et si quelqu’un ne se trouvait pas inscrit dans le livre de la vie, il était précipité dans l’étang de feu. »
(Apocalypse, 20, 11-15)
C.B.
Cet article a été rédigé dans le cadre du partenariat établi entre Narthex et la revue papier Le Monde de la Bible. Il a été publié dans le numéro 225 – juin 2018. Cette revue trimestrielle a confié à Narthex le soin de nourrir la rubrique « La Bible des pierres » depuis décembre 2015.
Bibliographie
Mgr Jean Legrez (dir.), Albi, forteresse de la foi, éd. La Nuée Bleue, collection « la Grâce d’une cathédrale », Strasbourg, 2015.
Visiter la cathédrale d’Albi
Construite sur un éperon rocheux à la fin du XIIIe siècle, la cathédrale d’Albi, siège de l’archevêché, surplombe la rivière du Tarn en région Occitanie. Avec son clocher aux allures de tour de guet, la cathédrale domine la cité épiscopale avec laquelle elle s’harmonise parfaitement. Les ruelles historiques de la vieille ville recèlent de très belles maisons anciennes construites en briques, à l’image de sa forteresse sacrée. Chaque année, 800 000 visiteurs franchissent le seuil de la cathédrale pour y découvrir ses richesses uniques.
Cathédrale d’Albi
5 Boulevard Général Sibille
81000 Albi
Tél : 05 63 43 23 43
www.albi-tourisme.fr