« L’esprit des lieux » au domaine de Kerguéhennec

Qu’est-ce qu’un lieu ? Qu’entend-on par l’esprit des lieux ? A l’heure où le patrimoine est parfois instrumentalisé pour faire valoir une forme supposée d’identité, le domaine de Kerguéhennec invite, pour sa saison printanière, les artistes à se questionner sur la notion des lieux et de ce qu’ils ont à nous dire. Jusqu’au 27 mai 2018.
Publié le 01 avril 2018

Jean-Pierre Vielfaure — Illés Sarkantyu : (à g.) I. Sarkantyu, Kerguéhennec, 2014 (à d.) : J-P. Vielfaure, journal « Fragments d’une chronologie du hasard » N° 1, p. 159, entre 1996-2000

Le domaine de Kerguéhennec offre cette année à son public une belle réflexion sur le patrimoine, l’histoire, la mémoire des lieux, tout ce dont ils sont porteurs, y compris, et peut-être même, essentiellement, leurs fantômes. Ainsi, une matière, souvent insaisissable, se constitue. Cette matière même avec laquelle nous devons travailler, souvent composer. (O. Delavallade, directeur du domaine de Kerguéhennec). L’interprétation par Illiés Sarkantyu, artiste en résidence, des œuvres des carnets de dessin de Jean-Pierre Vielfaure, sont au cœur de ces interrogations. Outre celle-ci, trois autres expositions proposent d’explorer les différentes facettes de cette problématique au sein du domaine et de ses jardins.

Nicolas Fedorenko, (en h. à g.) vue de l’exposition, 2018 / (en b. à g.) Déploration, 2014. Céramique, poutres de cyprès, fonte / (à d.) Cracheur de feu, 1999, bronze, fonte

Dans les anciennes écuries et le parc, les œuvres de Nicolas Fedorenko entrent en résonance étroite avec les lieux ; elles entretiennent un rapport singulier avec le monde, se nourrissant d’images et porteuses de récits. Sculptures, peintures, dessins, gravures … Nicolas Fedorenko s’essaie à tous les médiums. Il passe sa jeunesse à Plouescat dans le Finistère et si la vie n’explique pas grand-chose dans l’aventure de la création, le grand écart entre la Bretagne de son enfance et l’Ukraine de son père n’est peut-être pas indifférent à l’idée de rupture, à la spiritualité et à son intérêt pour les couleurs et les objets qui ont toujours été les fondements de son travail.

Entre abstraction et figuration, de l’icône à l’art populaire, sa peinture est peut être liée au monde qui l’entoure mais « le pittoresque » ne l’intéresse pas. La pensée du peintre s’incarne avant tout dans la recherche de lumière et passe par le geste, la matière et la couleur. Et cette « réalité de peindre » fait le tableau, qui apparaît « quand l’exercice de la peinture disparaît ». (extrait de Nicolas Fedorenko ou l’aventure de l’art, par Françoise Terret-Daniel).

   

Gilgian Gelzer, (à g.) Sans titre, 2012, Acrylique et crayons de couleur sur toile / (à d.) sans titre, 2016. Graphite sur papier, 140 x 110 cm. Photo Alberto Ricci © ADAGP, Paris, 2017

Dans le château, l’exposition Nix présente les liens entre les peintures, dessins et photographies de Gilgian Gelzer. Son rapport à l’art renvoie à une relation, presque de personne à personne ; il explore les correspondances entre les différents langages artistiques et leurs qualités plastiques, spatiales et temporelles propres.

« Fils et traces se chevauchent en plusieurs temps dans mes dessins. Aux moments d’immersion, de proximité et d’aveuglement succèdent des moments de recul, d’identification visuelle. Tu ne sais pas très bien ce que tu fais, mais tu dialogues avec quelque chose. Il y a cet échange et c’est pour cela que je pense que le dessin est un être vivant. Ce qui m’intéresse dans le dessin, c’est que la ligne relie – comme un fil – et sépare – en deux plans – en même temps ; c’est ainsi que se construit l’espace ». (Gilgian Gelzer).

(à g.) Dorothee Brübach, Creation / (en h. à d.) Joris Valenzuela, Block / (en b. à d.) Annette Herbers, Nachricht Im Licht – Kerguéhennec 2017-2018

« Facing the sky » est un projet né de la volonté de développer dans un contexte européen les recherches des étudiants en école d’art dans le domaine de la céramique. Onze d’entre eux présentent neuf projets dans le parc de Kerguéhennec, fruit de ce travail en commun auprès des infrastructures industrielles exceptionnelles de la briqueterie Montrieux aux Rairies. Face au ciel, le visiteur se confronte, à travers ces œuvres, à la fragilité de la matière et des lieux que nous habitons. Et aux fantômes, aux émotions qui les habitent…

 

Toutes les infos pratiques pour visiter l’exposition en cliquant ici.

Commentaires
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *