Les trois stations d’Hélène Janicot à Saint-Eustache, un appel vers l’invisible

Après avoir passé trois jours à Saint-Eustache, la jeune artiste Hélène Janicot a conçu un ensemble de trois œuvres indissociablement liées malgré leur apparente singularité. Ce projet sous forme de "carte blanche" à l'artiste est une commande de Rubis Mécénat dans le cadre du programme CRUSH en partenariat avec les Beaux-Arts de Paris. Ces trois "stations" sont à découvrir jusqu'au 18 décembre 2022 dans l'église Saint-Eustache à Paris.
Publié le 16 novembre 2022

Cette Carte blanche à Hélène Janicot est une commande de Rubis Mécénat dans le cadre du programme CRUSH en partenariat avec les Beaux-Arts de Paris. Avec l’accompagnement curatorial d’Audrey Illouz, commissaire de l’exposition, elle réalise une installation en trois stations, exposée dans l’église Saint-Eustache.

J’ai passé trois jours dans l’église Saint Eustache. L’architecture hybride du gothique et du classicisme antique abrite une foule d’ornements, de figures et de symboles. À toute cette richesse, il m’a paru plus pertinent de chercher à souligner le lieu, à traduire un sentiment qu’il semble insuffler à chacun, sans y ajouter plus de représentations.
Le regard porté vers les voûtes étoilées, les ogives, l’espace tout entier lance un appel invisible vers le monde supra-terrestre tout en nous rappelant constamment à notre condition d’homme. La gravité nous maintient au sol pendant que l’esprit, dans son aspiration, fait la jonction.
Parce que l’Église materialise ce monde des idées, elle est une monade intime et universelle qui se déploie dans la hauteur. J’ai eu le sentiment que ce qui se passait d’un point de vue architectural se passait en nous. C’est cette idée que j’ai voulu transmettre.
Hélène Janicot

En haut  : Hélène Janicot, Temple Pulse
en bas, de g. à dr., Lifts et Métaflexion, Saint-Eustache, Paris

Le projet d’Hélène Janicot pour l’église Saint-Eustache s’articule autour de trois œuvres. La première, Temple Pulse, ouvre le parcours et met à l’épreuve la force d’attraction. Hélène Janicot redessine la structure octogonale des piliers de l’église par le biais de filins métalliques qui s’élancent à la verticale. L’ensemble est interrompu par un écart infra-mince qui s’ouvre à la hauteur de la tête, et se maintient par la présence d’aimants mis en tension.

Cette polarité que j’ai pu ressentir en m’imprégnant du lieu trouve son écho dans les textes religieux, et dans la figure même du Christ, qui incarne l’union de l’humain et du divin, du fini et de l’infini. Il s’agit d’une quête d’équilibre, qui, de sa grande fragilité, tire toute sa puissance. Hélène Janicot

Une seconde, Lifts, offre un tout autre rapport d’échelle : une dalle transparente laisse apparaître un trou. Rappelant la fouille archéologique, le trou renvoie également au commencement et à la chute des corps.

« Nous avons chuté et on ne nous y reprendra plus. » Personne ne marchera volontiers sur ce vide. En dépit des mutations et de notre évolution, nous savons que le trou est un terrible mystère. Si l’on reprend le principe évoqué plus haut selon lequel l’architecture du lieu répondrait à une architecture intérieure, cette oeuvre se présente comme une ouverture vers ce qui se trouve sous la surface. Hélène Janicot

HÉLÈNE JANICOT, MÉTAFLEXION, SAINT-EUSTACHE

Dans la chapelle du Sacré-Cœur, elle propose une dernière œuvre, Métaflexion, et prend dans le béton les empreintes de son propre corps agenouillé.  Avec ce premier projet in situ, l’artiste aborde l’essence même du lieu à travers une série de gestes épurés mais tendus, et nous invite à une expérience physique et sensible qui met le corps et la pensée en mouvement.

Le Prie-Dieu ou le confessionnal invitent à s’agenouiller. De l’aveu au remerciement, c’est par ce mouvement du corps qui s’abaisse que la pensée peut s’élever. J’ai voulu « conserver le souvenir » de cette posture d’humilité en matérialisant l’espace vide qui se trouve sous les genoux de celui qui prie. Hélène Janicot

A noter :
Samedi 19 novembre à 16h30 : discussion avec Hélène Janicot & Audrey Illouz, commissaire de l’exposition.
Animée par Françoise Paviot.

 

>> En savoir plus sur Hélène Janicot et son projet éphémère à Saint-Eustache <<

 

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