Le palais du Tau est l’ancienne résidence de l’archevêque de Reims, il accueillait également les rois de France à l’occasion de leur sacre. Du fait de cette histoire particulière, l’endroit conserve une belle collection de tapisseries, ornements et vêtements liturgiques, provenant principalement du riche trésor de la cathédrale Notre-Dame. Certaines pièces sont exposées de façon permanente, mais l’exposition « Divins ornements » met en lumière une soixantaine d’autres œuvres qui n’ont pour la plupart jamais été montrées au public, datées entre le XVe et le XVIIIe siècle.
La richesse des archevêques
Le textile tenait une place prépondérante dans l’ornement des célébrations, surtout dans un lieu aussi important qu’une cathédrale. A Reims par exemple, chaque archevêque devait offrir, lors de sa nomination, une chapelle brodée à la cathédrale, c’est-à-dire un ensemble d’ornements liturgiques pour les grandes célébrations et événements exceptionnels. Qu’ils soient brodés ou tissés, ces ornements somptueux étaient extrêmement luxueux ; brodés de fils d’or et d’argent, d’une finesse telle qu’il fallait plusieurs années pour achever leur réalisation, ainsi que la mobilisation de nombreux corps de métier.
Le faste des sacres des rois de France
Notre-Dame de Reims est le lieu historique des sacres de nombreux rois de France, tradition initiée par Clovis, qui y reçu non pas le sacre, mais le baptême, des mains de l’évêque Saint Remi. La cathédrale est décorée avec faste, car elle se doit d’être à la hauteur de cette fonction suprême du temporel et du spirituel. Un dispositif de l’exposition offre ainsi une reconstitution virtuelle de l’intérieur de la cathédrale de Reims, orné de nombreuses tapisseries, lors du sacre de Louis XV en 1722.
Des thèmes bibliques…
Parmi les pièces exposées, la tenture de la Vie du Christ a traversé les époques malgré les embûches. Commandée en 1633 par l’archevêque Henri de Guise au lissier flamand Daniel Pepersack, elle comporte de nombreuses pièces dont une bonne partie a été détruite lors du bombardement de la cathédrale en 1914. « Les Noces de Cana » est l’une des six tapisseries rescapées ; elle présente un effet de perspective remarquable et un traitement des postures typique de l’école flamande du XVIIe.
Autres pièces notables, les huit tapisseries de la tenture du Cantique des Cantiques, réalisées vers 1640 et qui ont la particularité de n’être pas tissées mais brodées en laine rehaussée de soie et de fils d’or. Seules cinq pièces en sont connus à ce jour et sont présentées dans l’exposition. Plus ancienne est la tenture de la Vie de la Vierge, offerte à la cathédrale en 1530 par l’archevêque Robert de Lenoncourt. « L’Annonciation » est un véritable chef-d’œuvre de détails, et la scène centrale n’est pas sans rappeler les recherches artistiques dans la peinture à la même époque.
… Au cycle royal
L’Histoire de Clovis a inspiré les maîtres d’œuvres et les lissiers tout au long des siècles, puisque l’exposition présente des pièces provenant de deux tentures sur ce thème, l’une réalisée à Arras au XVe siècle et l’autre dans l’atelier Jan Le Clerc à Bruxelles vers 1650-1670. La pièce illustrée ici provient de la première ; dans ce décor foisonnant d’une multitude de personnages, on peut y reconnaître trois scènes : la scène légendaire du couronnement du roi Clovis, la bataille contre Syragius et la bien connue prise de Soissons. Autant que les cycles bibliques, les scènes historiques, particulièrement en ce qui concerne le roi Clovis, ont une grande importance à la cathédrale choisie par les dynasties successives du royaume de France pour sacrer leurs rois.
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