On se souvient qu’en 2013 et 2014, trois expositions simultanées avaient dévoilé à Lille, Angers et Toulouse les trésors enluminés de leurs régions respectives. A son tour, Rouen présente le patrimoine enluminé des musées normands. Dans un parcours organisé par typologie d’ouvrage, une centaine d’œuvres relate les grandes évolutions de l’enluminure, de la simple somptuosité de la lettre ornée à la véritable peinture de manuscrit, ainsi que les différents usages du livre et de l’illustration.
Les bibles et livres de la culture chrétienne, dont les miniatures atteignent bien souvent un très haut niveau de raffinement pictural, introduisent l’exposition. Les différents manuscrits liturgiques utilisés lors des messes et offices, démontrent ainsi en quoi l’usage liturgique détermine en partie l’organisation des rapports entre texte et image. La préciosité des Livres d’Heures, destinés à la prière et à la lecture individuelles, surent séduire les collectionneurs et bibliophiles occidentaux. Leur nombre important témoigne du succès commercial de ces ouvrages à la fin du Moyen Âge.
Parallèlement à ces ouvrages liés à la religion chrétienne, les livres reprennent également tous les domaines du savoir. L’illustration didactique développa principalement ses exposés théoriques dans le livre enluminé. Les textes relatifs à l’organisation judiciaire accompagnés d’illustrations en sont un exemple.
Le Livre des Conquêtes d’Alexandre, récit chevaleresque d’inspiration antique composé peu avant 1447 par Jean Wauquelin pour Jean de Bourgogne, comte d’Etampes, est connu pour ses deux cents miniatures en un seul volume. Quelques-uns de l’exemplaire collection Dutuit sont présentés dans l’exposition et évoquent le collectionnisme rouennais à son apogée.
La présence de feuillets détachés révèle la pratique du dépeçage des manuscrits enluminés, malheureusement très fréquentes chez les collectionneurs. Dès le XVIIIème siècle s’affirme la prise de conscience de la valeur esthétique des miniatures. Le feuillet italien provenant du missel de Thomas James fut ainsi détaché au XVIIIème siècle pour finalement arriver au musée du Havre au début du XXème siècle.
L’exposition s’achève sur la pérennité de l’enluminure après l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles en 1455 par Gutenberg. Le goût pour la mise en couleur des décorations d’ouvrages perdure malgré l’engouement pour l’esthétique du décor gravé en noir et blanc : soit par simple lavis soit par un traitement pictural plus couvrant, les peintres de renom continuèrent à exploiter les espaces réservés par l’imprimeur dans des ouvrages destinés à une clientèle de marque.
L’exposition Trésors enluminés de Normandie est labellisée « Exposition d’Intérêt national 2016 » par le Ministère de la Culture et de la Communication.
Musée des Antiquités du 9 décembre 2016 au 19 mars 2017
198, rue Beauvoisine ou rue Louis Ricard
76 000 Rouen
Tél. : 02 76 30 39 50
Horaires : Ouvert du mardi au samedi de 13h30 à 17h30 et le dimanche de 14h à 18h.
En savoir plus museedesantiquites.fr