Tous ou presque, ils font bloc. Souvent amalgamés en d’obscures mêlées, de sombres contes, des rêves étranges qui, parfois, virent aux cauchemars… Pressés les uns contre les autres, les personnages sculptés de Françoise Mussel semblent condamnés à se côtoyer, comme englués dans l’existence. Et si ses Barbares se dressent, singuliers et solitaires, ils n’en sont pas moins rassemblés en un peuple statufié et hébété, bras simiesques pendant au sol; le vide les sépare autant qu’il les unit. Leur similitude impersonnelle – sont-ils « barbares » d’être trop seuls, dénués de toute fraternité? – est-elle préférable à la proximité toxique et fusionnelle du groupe ?
Ses Têtes – autant d’autoportraits? – tentent-elles une réponse? A leur façon : mutique et énigmatique… Ou encore cette Pietà : trois femmes recueillies sur la dépouille d’un Christ à la chair déjà grise l’implorent et le prient, partagées entre tendresse et incompréhension face à la mort.
Les questions existentielles posées par les sculptures et céramiques de Françoise Mussel demeurent sans réponse : à nous de nous confronter à leur mystère. Là est leur vérité, là est leur beauté. Sauvage et sombre.
Odile de Loisy