L’exposition “BABEL” présente un ensemble de 85 oeuvres (peintures, photographies, sculptures, installations, films et planches originales de bande dessinée) qui illustrent les multiples facettes du mythe babélien dans l’art contemporain.

Respectant l’évolution du récit biblique, cette sélection compose avec la symbolique de la Tour, de son édification à sa destruction. Les allégories présentes illustrent les épisodes de la Genèse en résonance avec notre monde d’aujourd’hui. Le chantier de la Tour, le châtiment divin, la confusion des langues et la dispersion des peuples sont revus sous l’angle de l’histoire contemporaine. L’exposition se présente ainsi en 4 sections, «la Tour comme montagne organique», «La Tour des langages», «Les fictions de Babel» et «Le tragique de Babel».

Yahvé descendit pour voir la ville et la tour que les hommes avaient bâties. Et Yahvé dit: "Voici que tous font un seul peuple et parlent une seule langue, et tel est le début de leurs entreprises! Maintenant, aucun dessein ne sera irréalisable pour eux. Allons! Descendons! Et là, confondons leur langage pour qu’ils ne s’entendent plus les uns les autres." Yahvé les dispersa de là sur toute la face de la terre et ils cessèrent de bâtir la ville. Aussi la nomma-t-on Babel, car c’est là que Yahvé confondit le langage de tous les habitants de la terre et c’est de là qu’il les dispersa sur toute la face de la terre."
Genèse (XII/1-9) – La Tour de Babel

Eric De Ville, "La Tour de Bruxelles" ‐ 08/2008 ‐ 4 Collection de l’artiste
© Eric de Ville / DR

Le Palais des Beaux-Arts de Lille organise pour octobre 2012 une exposition d’envergure internationale “Fables du paysage flamand au XVIe siècle – Bosch, Bles, Brueghel, Bril ”. En correspondance avec cette exposition, “BABEL” présente les travaux d’artistes contemporains s’inspirant des modèles de tours imaginés par les peintres flamands du XVIe siècle, en y ajoutant les codes de nos sociétés actuelles. Cette image familière véhiculée par l’Histoire de l’Art depuis des siècles revêt ici de nouvelles apparences. Si les propositions de Brueghel ou de Verhaecht peuvent nous paraître naïves, un sentiment d’inquiétude pouvant aller jusqu’à l’angoisse nous envahit devant les images contemporaines de cet édifice, symbole de l’ambition démesurée de l’Homme.

La tour d’Eric De Ville est le fruit d’innombrables clichés photographiques retouchés et assemblés pour produire une nouvelle réalité. Elle s’insère dans un paysage verdoyant, nous proposant de prendre conscience de l’absurdité de cette construction qui n’est pas inquiétante mais plutôt improbable, incohérente. Néanmoins le ciel gris renvoie aux connotations négatives d’un tel sujet.

Jakob Gautel "La Tour (Tour de Babel)", 2006‐2012 Collection de l’artiste
© Jakob Gautel / DR

Avec un procédé différent, Jakob Gautel propose une tour construite à l’aide de livres divers assemblés. Si nous pouvons à première vue nous amuser de cette élévation constituée à l’aide des symboles du savoir, la volonté de l’implanter dans notre espace réel doit nous interpeller : elle vit, existe sur le même sol que nous. Est-elle toujours aussi amusante ?…

Les propositions des artistes Zhenjun Du et Ryuta Amae nous propulsent sans nous ménager dans l’obscurité. Leurs montages numériques sont bouleversants, nous livrant un monde de désolation dans lequel, assurément, nous ne souhaiterions pas vivre.

Du Zhenjun, "Independence of the Country Super towe", 2010 Galerie RX, Paris
© Du Zhenjun / Galerie RX, Paris

Ici plus de place à l’espoir, leurs choix se portent sur le tragique, l’inquiétant, et l’irréversible : si les personnages du monde créé par Zhenjun Du semblent pouvoir vivre dans ce décor de désolation, l’humanité a disparu de la surface de la terre de Ryuta Amae, laissant comme unique trace cette tour inachevée.

Ryuta AMAE (Japon ‐ Oiso, 1967) "Fiction", 1998 Centre National des Arts Plastiques, Paris © Ryuta Amae / CNAP / photo : Galerie Michel Rein

Le thème de l’exposition a su déclencher chez les artistes des réflexions aussi diverses que profondes. Et qui ne manqueront pas de nous toucher.

Commissariat de l’exposition :

Régis Cotentin, Chargé de la programmation contemporaine

Informations pratiques :

Du 8 juin 2012 au 14 janvier 2013

Palais des Beaux‐Arts de Lille
Place de la République 
59000 LILLE
site : www.pba‐lille.fr 
33 (0)3 20 06 78 00

Horaires 
Ouvert le lundi de 14 h à 18 h 
Du mercredi au dimanche de 10 h à 18 h
Fermé le lundi matin et le mardi toute la journée

Tarifs
Du 8 juin au 5 octobre, exposition seule : 5 € / 3 €
Du 8 juin au 5 octobre, exposition Babel + collections permanentes : 8 € / 5 €
Du 6 octobre au 14 janvier : billet unique pour l’ensemble du musée : 9€/6€ (collections permanentes, expositions « Babel » et « Fables du paysage flamand au XVIe siècle ‐ Bosch, Bles, Brueghel, Bril »)

Catalogue d’exposition
Editions invenit, format 24,5 x 28 cm, 88 pages, 65 illustrations, 12 € TTC
Textes de Jean‐Claude Carrière, Alain Tapié, Régis Cotentin et Jean‐Marie Dautel