Lee Ufan travaille entre le Japon et la France, où il a ses deux ateliers. Né à Haman-Gun en Corée du Sud en 1936, il s’est installé au Japon en 1956 où il a tout d’abord étudié la philosophie avant de s’engager dans une carrière artistique.
L’artiste présente au ccc od une exposition profondément inspirée par l’obscurité qui se dégage de l’espace d’exposition, la Galerie noire, spécialement choisie pour ce nouveau projet. Il y conçoit une déambulation en six salles pour six installations inédites, qui articulent les éléments essentiels de son vocabulaire : sculptures associant la pierre trouvée dans la nature et le métal industriel ; peintures recueillant sur la toile la trace d’un geste unique.
Dans un parcours entre ombre et lumière, chaque installation invite à la rencontre et à la méditation. D’une extrême simplicité formelle, les œuvres de Lee Ufan se caractérisent par une intervention minimale sur l’espace et la matière, selon le principe que « voir, choisir, emprunter ou déplacer font déjà partie de l’acte de création ». L’artiste fonde sa recherche sur une mise en relation du « faire et du non faire », de ce qui est créé et ce qui préexiste. Il accorde au vide et à la résonance entre les objets autant d’importance qu’aux objets eux-mêmes.
La lumière et l’ombre, en se divisant, marquent l’existence des choses. A elles deux elles sont déterminantes dans leur présence ou leur non-présence. Plus la lumière et l’ombre s’unifient et chantent de concert, plus un espace riche, qui dépasse l’objectivité, se détache entre les choses. – Lee Ufan, Le clair-obscur, 1982.
Lee Ufan développe ainsi un « art de la rencontre », selon son expression, qui crée des ponts entre le visible et l’invisible, entre l’homme et l’espace infini qui l’entoure. Avec des moyens plastiques épurés, l’art silencieux de Lee Ufan provoque une expérience corporelle et métaphysique de « l’être-au-monde ».
Les peintures de la série « Correspondance », initiée en 1991, puis de la série « Dialogue » élaborée depuis 2006, montrent les traces d’une brosse large, trempée dans un mélange de pigments et d’huile, sur une toile blanche. Le geste pourrait apparaître comme mécanique, et pourtant il n’est jamais identique. La trace évoque à chaque fois une présence et une temporalité différentes – la longueur de la trace, la densité de la matière étant liées au temps du geste.
Désignées par Lee Ufan depuis 1972 par le terme « Relatum », les sculptures mettent en relation des éléments hétérogènes. Les plaques de fer apparaissent comme le signe d’un façonnage humain à partir d’une matière industrielle standardisée liée à la société moderne. Les pierres quant à elles sont issues de la nature et révèlent leur nature millénaire. Entre les deux, un espace se crée. Il est celui que nous pouvons habiter.