Le Musée des Monuments français : le courage et la passion d’Alexandre Lenoir

Il y a deux cents ans, en 1816, les œuvres assemblées minutieusement au couvent des Petits Augustins par Alexandre Lenoir suite à la tourmente révolutionnaire étaient dispersées par Louis XVIII. A l’occasion de cet anniversaire, Le Louvre propose de revenir sur l’histoire du Musée des Monuments français crée par Alexandre Lenoir, peintre et infatigable passionné, qui œuvra pour sauver le patrimoine français des destructions.
Publié le 04 mai 2016

 

Hubert Robert, Vue de la salle d’introduction avant les aménagements de 1801. Département des Peintures, musée du Louvre © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda.

Après l’ouverture du musée du Louvre, tout premier musée national crée en France en 1793, Alexandre Lenoir décida deux ans après de créer le musée des Monuments français. D’abord simple dépôt temporaire réunissant les œuvres d’art séquestrées lors de la suppression des églises parisiennes, il fut très vite transformé en vrai musée avec l’aide des architectes Antoine-Marie Peyre et Charles Percier qui réaménagèrent les espaces.

Ce musée pris place dans l’actuelle Ecole des Beaux-Arts de Paris, autrefois Couvent des Petits-Augustins fondé en 1608 par Marguerite de Valois, fille d’Henri II.  Alors que le Louvre s’attachait à présenter exclusivement des peintures et des antiques, Lenoir construisit une collection de sculptures, vitraux et objets d’art et organisa une muséographie innovante selon la succession des siècles.

Au cours de l’exposition, nous découvrons la manière dont Lenoir a exploité les salles de son nouveau musée : débutant par le Moyen Age, en passant par la Renaissance, jusqu’au XVIIIe siècle, il chercha à réaliser une véritable rétrospective de tous les styles. En admirateur de l’art gréco-romain qu’il plaçait au-dessous de tout, il mit à l’honneur le Moyen âge bien qu’il ne s’agissait pas de sa période préférée. Appréciant également l’art du XIXe siècle, il aurait souhaité lui donner une place malheureusement il n’en a pas eu le temps.

Jean Pierre Philippe Lampué, Portail d’Anet remonté à l’Ecole des Beaux-Arts © Musée du Louvre / Département des Sculptures – Lampué

Lenoir avait également pour objectif de mettre en avant les grands acteurs de l’histoire : souverains, ministres, écrivains, artistes…Dès 1796, il établit un jardin à l’ouest des bâtiments et y plaça des tombeaux recrées avec des vestiges, pour  honorer les vertus et le souvenir de personnes illustres.

Tombeau de Philippe Dagobert, DRAC Ile de France. Paris ©Jean-Luc Paillé / Centre des monuments nationaux, Paris 

Germain Pilon, Tombeau de Valentine Balbiani. Département des Sculptures, musée du Louvre ©RMNGrand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier

Afin d’imaginer à quoi pouvait ressembler ce musée disparu, le département des Arts graphiques du Louvre a sélectionné les plus belles vues du musée tirées du très riche fonds de dessins donné par les héritiers d’Alexandre Lenoir. A cela s’ajoute des sculptures et tombeaux monumentaux que l’on pouvait admirer dans ce musée tels le très beau monument de Valentine Balbiani de Germain Pilon. La visite de l’exposition se poursuit également dans les salles du département des Sculptures, principal héritier de l’œuvre d’Alexandre Lenoir.

 

A gauche: Anonyme français XIXe siècle, Dessin de Couronné, Notre-Dame de la Carole entre le roi et la reine de Corbeil ; à droite: Jean Lubin Vauzelle, Salle du XVe siècle (détail). Département des Arts graphiques, musée du Louvre ©RMN-GP / Michel Urtado 

Suite à la fermeture du musée, les œuvres furent dispersés entre le musée du Louvre, Cluny tandis que d’autres tombeaux furent replacés dans leur église d’origine. Afin de compléter l’exposition la COARC (La Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles de la Ville de Paris) a créé une signalétique spécifique en lien avec l’exposition du musée du Louvre, dans les églises Saint-Roch, Saint-Eustache et Saint-Sulpice. La visite se prolonge également au musée de Cluny et à la basilique Saint-Denis une signalétique indique les œuvres passées par le musée d’Alexandre Lenoir. 

Gisants Jean de France et Blanche de France. Limoges, milieu du XIIIe siècle. DRAC Ile de France, Paris ©RMN-Grand Palais / Martine Beck-Coppola

Le musée des Monuments français demeure indéniablement un musée qui a marqué l’imaginaire collectif et l’histoire des musées et son créateur restera dans l’Histoire comme un des pionniers de la sauvegarde du patrimoine français. Comme l’écrit Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre, « L’expérience du musée des Monuments français, pensé à la fois comme un musée des saisies révolutionnaires et une réserve-refuge et le courage dont a fait preuve Alexandre Lenoir trouvent une résonance particulière à l’heure où, au Proche-Orient, le patrimoine de l’humanité fait l’objet de destructions sans précédents […] ».

Jean-Lubin Vauzelle, Salle du XIIIe siècle (détail). Département des Arts graphiques, musée du Louvre ©RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Tony Querrec

Informations pratiques
Le musée révolutionnaire – Le musée des Monuments français d’Alexandre Lenoir – Du 7 avril au 4 juillet 2016
Musée du Louvre
Tous les jours de 9h à 18h, sauf le mardi.
Nocturnes les mercredis et vendredis  jusqu’à 22h00.

En savoir plus sur le parcours dans les églises St-Eustache, St-Roch et St-Sulpice: téléchargez ici le flyer de visite

Autour de l’exposition: http://www.louvre.fr/expositions/un-musee-revolutionnairele-musee-des-monuments-francais-d-alexandre-lenoir

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