Le parcours met en valeur de nombreux chefs-d’œuvre, souvent de très grands formats, qui ont bénéficié d’une campagne de restauration sans précédent. Outre les toiles encore conservées dans des églises parisiennes, l’exposition réunit des œuvres éparpillées depuis la Révolution dans différents musées (Louvre, Château de Versailles, musées des Beaux-arts de Lyon, Rennes, Marseille, Brest…), ou églises et cathédrales proches (Saint Denis, Villeneuve-Saint-Georges…), ou plus éloignées (Mâcon, Lyon).
Parcourir l’exposition permet de se rendre compte de la richesse de la commande artistique qui s’est mise en place dans les églises au XVIIIe siècle. En dehors des Salons, elles sont le lieu privilégié des peintres, pour la grande visibilité qu’elles offrent. Cette atmosphère propice au recueillement, cette intimité, les scénographes en ont fait leur cheval de bataille pour cette exposition : tantôt nous foulons la nef d’une église reconstituée, bercée des halos lumineux projetés par de fausses baies au sol, tantôt ce sera la sacristie et ces trésors que nous traverserons sur la pointe des pieds. Les pièces musicales, contemporaines des peintures exposées, diffusées dans certaines salles ne sont pas étrangères à cette ambiance réussie.
Les grands noms de la peinture du XVIIIe siècle se sont donné rendez-vous tout au long de l’exposition, laissant libre cours à leur inventivité s’agissant de figurer des scènes religieuses. Jean Restout, Carl Van Loo, Noël Hallé, Jean Jouvenet, la dynastie des Coypel, Jacques-Louis David… tous ont peint avec maestria des œuvres admirées depuis plus de deux siècles, dans leurs églises d’origines… ou bien déplacées dans une autre église ou un musée au lendemain de la Révolution. Qui n’a jamais contemplé, comme simple visiteur et/ou comme fervent croyant, à la faveur d’une pause sur les bancs de Notre-Dame de Paris, Le Magnificat de Jean Jouvenet ?
De toutes les typologies de la peinture religieuse du XVIIIe siècle, nous retenons les retables, qui forment l’ensemble le plus large de l’exposition, avec quelques très belles Nativités. Ils sont également l’occasion d’approcher au mieux le travail préparatoire du peintre, avec nombre d’esquisses d’une qualité exceptionnelle. Il faut remarquer aussi les décors peints, tel que celui reconstitué de la chapelle des Enfants-Trouvés, que le temps a malheureusement englouti mais dont on conserve la trace, tout aussi intéressante, grâce au travail formidable des graveurs. Quelques belles pièces de la dévotion privée, offrant des formats plus réduits souvent à l’effigie d’un saint unique, plus propices à l’intimité de la prière, nous font la grâce d’être présentes.
Les commissaires de l’exposition ont pris l’initiative de nous emmener dans les coulisses de ces peintures religieuses et de la question de leur conservation au quotidien, et de leur restauration quand cela est nécessaire. C’est le travail en effet de la Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles (COARC) de la Ville de Paris, qui a la charge des décors et des œuvres des églises de Paris. Une section de l’exposition est ainsi consacrée à ce travail de surveillance et de soin des œuvres, outils et démonstrations à l’appui. Outre le suivi ordinaire des œuvres conservées dans les églises, l’exposition a donné une véritable chance aux tableaux choisis pour être exposés, puisqu’ils ont pu faire l’objet de restaurations à cette occasion !
L’exposition « Le baroque des Lumières » est un concentré de trésors que l’on est heureux de voir ou de revoir, dans l’écrin privilégié qu’offre le musée du Petit Palais. Du baroque au néo-classicisme, le XVIIIe siècle a été traversé de part en part par des peintres soucieux d’apporter à l’art religieux un souffle nouveau. Le coloris riche et subtil des toiles, restaurées pour l’occasion, s’apprécie à sa juste valeur, et à juste titre, ancré dans le siècle des Lumières.