Contraste et beauté. Entrer dans l’abbaye de la Chaise-Dieu c’est recevoir un choc, un choc pictural et sensoriel voire spirituel.
Déjà il faut trouver la porte ; l’abbaye qui a pu accueillir jusqu’à 300 moines ressemble à une forteresse en pierre dorée. Après avoir longé les murs d’enceintes et la chapelle des pénitents, en face d’une fontaine, on découvre enfin la façade, sévère en pierre grise. Je vous conseille de prendre le temps de l’observer, y compris les herbes folles qui poussent sur le toit. Ça se mérite, l’abbaye de la Chaise-Dieu ! Il faut grimper un vaste escalier avant de profiter de l’immensité de la nef, de la beauté de la clôture de chœur, des stalles et de la célèbre Danse Macabre dont nous reparlerons dans un numéro de L’image à la clé.
Mais ce qui nous intéresse se situe juste en face de la façade de l’abbaye : la Casadeï. Le diocèse du Puy-en-Velay a décidé de faire de cet ancien hôtel un lieu culturel et cultuel pour accompagner le rayonnement de l’abbaye. Dès la vitrine de l’entrée, le regard est attiré par des photographies de visages féminins d’un autre temps qui semblent flotter. C’est là que se tient l’exposition Dignité de la femme, « Prêtre, prophète et roi » : photographies des femmes présentes dans les tapisseries de la Chaise-Dieu.
Cette exposition (ouverte jusqu’au 22 septembre 2018) célèbre le 500e anniversaire de l’installation des tapisseries par l’abbé Jacques de Saint Nectaire. Découvrez en images une présentation de cette exposition par Catherine Prieto-Hugo, présidente des Amis de l’Abbatiale de la Chaise-Dieu :
Ces étoffes, qui vont bientôt être restaurées et exposées dans un musée à côté de l’abbatiale, sont un splendide exemple de l’art de la haute lice au XVIe siècle. Catherine Prieto-Hugo et le frère Jean d’Ephèse ont prit le parti de nous faire entrer dans le détail de cette œuvre monumentale. L’exposition se focalise sur les 48 femmes qui sont présentes dans les onze tapisseries. En général ce ne sont pas les « stars » des tapisseries, elles sont à l’arrière-plan, discrètes… Ici on voit nettement leurs expressions faciales, et même celles qui n’ont pas de noms sont mises à l’honneur.
Les concepteurs de l’exposition ont virtuellement déconstruit les tapisseries pour nous entrainer dans un parcours autour de la dignité baptismale des femmes. Chacun des panneaux mets en avant une des femmes de la Bible, nous montre la tapisserie dont elle est issue et nous donne quelques éléments de contexte.
Portraits de femmes avec Catherine Prieto-Hugo :
Les photographies permettent de redécouvrir les couleurs initiales des tapisseries. Les vêtements des femmes retrouvent les chatoiements d’antan. C’est particulièrement le cas sur le Noli me Tangere. Marie-Madeleine, le premier témoin de la résurrection est vêtue d’une sublime robe rouge avec un corset d’hermine.
Ainsi s’entremêlent l’histoire de la Bible, l’histoire des femmes du XVIe siècle et notre regard. Le concepteur du programme iconographique, Jacques de Saint-Nectaire, par la main des artisans, fait preuve dans cet ensemble d’une profondeur théologique en faisant par exemple en sorte qu’Eve et la Vierge Marie se ressemblent trait pour trait.
Les tapisseries de la Chaise-Dieu n’étant pas visible (pour l’instant), venez les regarder de plus près à la Casadeï !
Noémie Marijon (textes), Valérie-Anne Maitre (vidéos)
Toutes les informations pratiques pour visiter l’exposition en cliquant ici.