Du crépuscule a l’aube – temporalité allegorique durant laquelle le fil de l’exposition se déroule –, le visiteur sera tout d’abord interrogé sur ses modes de comprehension du monde et ses rapports a la connaissance, puis explorera une bibliotheque d’objets mysterieux et d’armes magiques qui sont autant d’outils ou de talismans a sa disposition. Il croisera ensuite des muses et des prêtresses qui lui indiqueront de nouvelles voies à suivre, retrouvera le sens des éléments premiers de la nature tels que l’eau, l’air, la terre et le feu, découvrira les mesures de son corps et prendra conscience de ses potentialités. Il expérimentera enfin les limites de l’univers et se confrontera à son immensité et ses merveilles, avant de renaitre à lui-même aux premières lueurs du jour.
Là où commence le jour, réunit plus de 130 sculptures, installations, photographies, vidéos, œuvres sur papier et peintures contemporaines qui dialoguent avec une sélection exceptionnelle de près de 30 livres, estampes et dessins du Moyen Age et de la Renaissance.
Prologue. L’exposition est introduite, logiquement, par le texte fondateur de la Genèse. Les encyclopédies exposées du Moyen Age illustrent celui-ci par une suite de cercles concentriques correspondants aux étapes successives de la création du monde. Parmi les œuvres, deux gravures d’Albrecht Durer dont Saint Jérôme dans sa cellule de 1514. Cette estampe renvoie au doute mélancolique qui peut s’emparer de l’esprit humain face à un monde en pleine reconfiguration. Vient ensuite un espace où le visiteur est lui-même confronté à une suite d’œuvres contemporaines interrogeant sa présence en tant que spectateur et défiant ses modes de perception.
Nationale Supérieure des Beaux-Arts, Paris © Beaux-Arts de Paris, Dist. RMN-Grand Palais / image Beaux-Arts de Paris
Le début du voyage. Ce premier chapitre met en scène des personnages et des situations mythologiques sur lesquelles le visiteur peut se projeter. Par exemple, un enfant désignant le chemin à venir, par Thomas Lerooy.
Le monde n’est qu’une illusion. Le deuxième chapitre mais en correspondance trois emblemata (ouvrages transversaux entre vertu religieuse et éthique humaniste très populaires en Europe du XVIe au XVIIe siècle) et des œuvres contemporaines à travers lesqueslles le spectateur va prendre conscience des phénomènes d’illusion que produit le réel qui l’entoure. Elles révèlent l’importance de la perception visuelle, sensorielle mais aussi la capacité de l’esprit humain à déjouer les pièges des apparences.
Objets mystérieux, armes magiques. Dans un cabinet de curiosité revisité, des œuvres liées au fabuleux et à l’extraordinaire cohabitent. Elles font référence aux merveilles de la nature, à des instruments que les dieux auraient façonnés afin d’aider ou de tromper les humains.
Les trois grâces. L’artiste Jean-Luc Moulène entre en raisonnance avec des œuvres de Cranach et Della Porta afin d’évoquer les formes idéales du corps féminin comme allégorie de la perfection et de la pureté. Habituellement figurées ensemble, les trois grâces de J-L Moulène aparaissent frontales et séparées. Leurs poses et leurs gestes déliés, renvoient à notre propre posture de regardeur.
Les prêtresses. La salle suivante plonge le visiteur au cœur des cérémonies secrètes liées à l’eau et le feu. Le thème de la figure annonciatrice est incarné par Anika de Bill Viola, évocation des nombreuses figures mythologiques qui interpretaient, à la demande des humaines, les présages naturels ou les volontés des dieux.
FOCUS
Bill Viola, Anika (Study for Ocean Without a Shore) (Anika (Étude pour l’océan sans rivage)), 2008. Film sonore en couleur ; 9 minutes et 3 secondes. Performeuse : Anika Ballent.
Le rideau d’eau suggère tout à la fois le passage entre la nuit et le jour, la frontière entre le royaume des morts et celui des vivants, mais aussi la transition entre l’obscurantisme et la clairvoyance que la messagère effectue afin de nous éclairer dans les ténèbres de notre nuit.
Les quatre éléments. Deux figures mythologiques introduisent cette nouvelle séquence. D’un côté la Fortune (symbolisant le destin, la course inexorable de la vie), et Atlas (Titan qui soutient éternellement le globe terrestre sur ses épaules.) au regard de ces deux allégories, l’être humain semble encore prisonnier d’un monde qui le dépasse. A travers cette évocation des quatre éléments, il s’agit de réveler le pensée, les gestes, les pulsions, les interactions ou la communication harmonique du corps de l’artiste avec ce corps retrouvé dans la nature.
Le corps et sa mesure. L’être humain s’est toujours appliqué à représenter son propre corps. A partir de photographies et de sculptures, ce chapitre examine la façon dont les artistes analysent, décomposent et recomposent le corps, partie par partie, soit à partie de la géométrie, comme si la nature, l’être humain et la géométrie procédaient d’un même principe génératif.
Le monde entre mes mains. Ayant retrouvé une place au sein d’un monde qu’il redéfinit lui-même au fur et à mesure des nouvelles découvertes scientifiques, l’être humain peut également se saisir des facultés de sa mémoire, de sa pensée et de son corps pour mieux se réinventer. Emancipé il n’est plus objet mais sujet et devient dès lors créateur de savoirs, de lieux, d’objets qu’il peut ensuite offrir en partage.
couleur ; 25,3 x 34,3 cm chaque élément. Collection Van Abbemuseum, Eindhoven, Pays- Bas. © Gabriel Orozco, 2015, Peter Cox
L’expérience des limites. Cette section présente deux vidéos mises en dialogue afin d’illustrer les défis que l’être humain se lance à lui-même, mû par une volonté farouche de dépassement des limites de soi et du monde.
Au bord du monde. Durant tout le Moyen Age, la Terre était considérée comme un disque plat sur lequel Dieu avait disposé tous les éléments du vivant. Dès lors il semblait inenvisageable, pour certains moines intrépides, d’aller jusqu’au bord ultime de ce disque afin que, penchés dans le vide, ils puissent enfin toucher l’infini céleste. Cependant l’homme n’a de cesse de découvrir ce qui se tient au-dessus ou de l’autre côté des lieux, des choses. Giovanni Anselmo en a fait l’expérience en 1965, au sommet du volcan Stromboli, lors du lever du soleil. A ce moment précis, nous dit-il « j’étais en relation avec l’espace infini, avec l’espace sans limite. »
Le jardin des merveilles. Une fois toutes les étapes franchies, nous pouvons enfin aspirer au repos. Bien que l’on n’ait ni atteint le bord du monde, ni franchi la ligne d’horizon, s’offre tout de même à nous un jardin fabuleux, peuplé d’animaux fantastiques, parsemé de plantes extraordinaires, à l’instar d’une arrivée au Paradis céleste. Et de se retrouver enfin en pleine harmonie avec la lumière du monde.
Informations pratiques :
Là où commence le jour …
Du 2 octobre 2015 au 10 janvier 2016
LaM
1 allée du Musée
59650 Villeneuve d’Ascq
Tél. : +33 (0)3 20 19 68 68 / 51
www.musee-lam.fr
Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h.
Fermetures exceptionnelles les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre
Tarif plein : 10 €
Tarif réduit : 7 € / gratuit.
Accès gratuit tous les premiers dimanches du mois