[monumental] – La pierre dans l’architecture : conservation, restauration, création
Le Centre des Monuments Nationaux consacre son dernier numéro, publié par les éditions du Patrimoine, à la pierre. L’éventail des sujets abordés recouvre de nombreux aspects de la question, depuis les carrières jusqu’à l’utilisation de ce matériau dans les constructions contemporaines, en passant par tous les problèmes que pose la restauration des monuments anciens : on trouvera dans ce numéro d’utiles informations sur les différentes instances existant, au niveau national ou local. Qui lira l’intégralité de cette publication aura une vue synthétique assez approfondie, tant scientifique que technique, sur l’utilisation, l’exploitation, la conservation et la restauration de la pierre. Les enjeux du bon recrutement et de la formation des futurs restaurateurs ne sont pas oubliés à l’heure où les besoins sont tellement criants : l’exemple de ce qui les attend à Notre-Dame de Paris, si important que cela soit, ne doit pas masquer l’urgence à intervenir dans de nombreux monuments.
On redécouvre aujourd’hui la qualité de la pierre comme matériau de construction du côté de la pratique architecturale grâce à deux entretiens, avec un architecte en chef des Monuments Historiques et un architecte qui utilise ce matériau dans ses constructions.
La diversité des disciplines des auteurs atteste de la richesse de ce volume : des historiens, des journalistes, des chercheurs, des architectes, des formateurs…
Un ouvrage aux riches illustrations qui n’intéressera pas que les spécialistes. Les questions patrimoniales ne sont pas seulement historiques ou esthétiques : elles passent par des étapes techniques indispensables et tout aussi passionnantes.
Emmanuel Bellanger
[monumental] 2019
Revue scientifique et technique des monuments historiques. Semestriel 1
Editions du Patrimoine, 128 pages, 30 €
Habiter, une philosophie de l’habitat
C’est à une belle réflexion théologique que nous invite Bernard Klasen en cette période estivale : qu’appelons-nous « habiter » ? S’agît-il seulement de disposer d’un logement, voire même de plusieurs, et de passer de l’un à l’autre au gré des envies ? Ou plutôt « d’avoir lieu » pour reprendre l’expression de l’auteur. C’est-à-dire être capable de s’enraciner, de s’établir quelque part, à rebours de la tendance nomadiste de notre société qui semble nous inviter sans cesse à l’exploration et à la migration. L’homme de la modernité trépidante, virtuelle, connectée, est-il voué à l’errance perpétuelle ou, au contraire, l’homme voyageur – l’homo viator – aurait-il besoin de « se recueillir » pour construire son intérieur et son intériorité ? Pour Bernard Klasen, docteur en philosophie, enseignant à l’Institut catholique de Paris et prêtre, il y a urgence à ce que chacun trouve sa demeure pour s’y établir et s’y enraciner.
Gautier Mornas
Habiter, une philosophie de l’habitat, Bernard Klasen, Salvator, 2019, 350 p., 22 €.
Comment (re)visiter une église
La saison estivale est propice aux déambulations touristiques et l’amour des Français pour leur patrimoine ne trouve jamais autant à s’exprimer qu’à ce moment-là de l’année. Avec Comment visiter une église, le titre de son dernier ouvrage réédité chez Salvator, Mgr Jacques Perrier entend faciliter l’accès du plus grand nombre à une culture sans laquelle les édifices chrétiens seraient des espaces dépourvus de sens, des labyrinthes énigmatiques, des musées dans lesquels l’on pourrait errer sans but ni fin. Fort de son expérience de curé de Notre-Dame de Paris, d’évêque de Chartres puis de Tarbes et Lourdes (1997-2012), c’est en amoureux de l’Eglise et des églises qu’il guide les pas du lecteur, en distillant de précieux repères aux visiteurs d’un jour.
Après un utile rappel de vocabulaire (qu’est-ce qu’une abbatiale, une collégiale, un moutier…), sa première recommandation est de « prendre son temps ». Pas si difficile, nous direz-vous, alors que nous sommes en vacances… quoi que ! Le touriste est en effet parfois pressé… à en oublier même de faire le tour extérieur de l’église qu’il s’apprête à visiter de l’intérieur. Souvent, les abords permettent de mieux saisir les trésors que l’édifice renferme. Prendre le temps également de s’assoir, en entrant. L’espace à visiter doit s’appréhender par une multitude de regards juxtaposés. C’est ensuite seulement que la visite peut commencer, en appuyant les yeux sur quelques œuvres d’art significatives : autel, vitraux, statues, sculptures, tableaux. Mais ces œuvres pourraient demeurer là-encore inaccessibles si ce guide n’offrait à comprendre quelques clés de la symbolique chrétienne, comme des éléments d’éclairage dans une épaisse forêt de récits peu familiers, des lumières qui permettent à l’édifice et ce qu’il renferme de déployer tout leur sens.
Quelques exemples sont empruntés aux diocèses que l’auteur a servis mais le lecteur pourra aisément compléter avec des réalités de sa propre région.
Gautier Mornas
Comment visiter une église, Mgr Jacques Perrier, Salvator, 2019, 215 p., 19,80 €.