Cluny, 1120 Au seuil de la Major Ecclesia une exposition évènement au Musée du Moyen-âge à Paris

Jusqu'au 1er juillet 2012, le Musée du Moyen-âge à Paris (nommé aussi Musée de Cluny), en association avec le Musée d'art et d'archéologie de Cluny en Bourgogne, propose aux visiteurs la redécouverte d'un des édifices les plus importants de l'Europe médiévale, chef d'oeuvre de l'art roman : l'abbatiale de Cluny III et plus précisément son portail monumental
Publié le 07 juin 2012

Edifiée de 1088 à 1130 à l’initiative de l’abbé Hugues de Semur, la troisième église abbatiale de Cluny marque l’apogée de l’ordre clunisien. Aucun autre édifice contemporain ne peut rivaliser avec celle qui sera la plus grande église de la chrétienté jusqu’à la construction de l’actuelle basilique Saint-Pierre, quatre siècle plus tard.

Le grand portail, sculpté et assemblé dans les années 1110-1120, figure parmi les plus grandes réalisations de la sculpture monumentale en Bourgogne. A la mesure de l’édifice, cet ensemble constituait par ses dimensions et par la qualité de son décor polychromé un jalon majeur de l’art roman. Il s’inscrivait dans un rectangle de 14,65 m de largeur sur une hauteur estimée à 16,60 m. Son tympan était sculpté dans un bloc monolithe de 23 tonnes, véritable prouesse technique. Le Christ en gloire y siégeait dans une mandorle soutenue par deux anges et entourée des quatre Evangélistes, tandis que sur les voussures se déployait un concert d’anges.

 

Vue de l’avant-nef de Cluny III, 1773 – 1780 Gravure,Paris, BNF, département des Estampes et de la Photographie © Bibliothèque nationale de France, Paris

Démoli à l’explosif le 8 mai 1810 et complètement démantelé, cet ensemble était seulement documenté par une poignée de représentations graphiques, jusqu’à sa redécouverte par Kenneth John Conant entre 1928 et 1950.

Le Musée de Cluny à Paris et le Musée d’art et d’archéologie de Cluny en Bourgogne se sont associés pour reconstituer ce « puzzle archéologique » et permettre au public de vivre une expérience mêlant l’art médiéval et la technologie la plus récente.

Ainsi, le parcours de l’exposition débute avec un film en 3D qui place le grand portail dans son contexte et en souligne la dimension esthétique. Ce film, réalisé grâce à la collaboration d’Arts et Métiers ParisTech et de la société On-Situ, permet de mieux comprendre sa composition, son iconographie, sa mise en couleur et sa place dans l’espace de la grande église. Il débute par la présentation de l’abbatiale de Cluny III. Une chronologie et la reconstitution accélérée des différentes phases du chantier permettent de mieux en saisir l’ampleur. Ensuite, chaque partie du portail est décrite et mise en évidence avant de partir à la découverte de la richesse du programme iconographique et de la polychromie. Enfin, les vantaux du portail s’ouvrent, et le spectateur est invité à progresser dans la Grande Eglise, la Maior Ecclesia

 

Saint-Pierre, Haut-relief provenant d’un écoinçon du grand portail Cluny (Bourgogne), vers 1120, Calcaire avec traces de polychromie, H. 30 cm, L. 17 cm, P. 11 cm, Providence (États-Unis), Rhode Island School of Design, Museum of Art © Photography by Erik Gould, courtesy of the Museum of Art, Rhode Island School of Design, Providence

 

La deuxième salle nous permet de découvrir les représentations iconographiques de Cluny III. La plus ancienne description connue n’est pas antérieure au milieu du XVIIIème siècle : Benoît Dumolin, médecin de l’abbaye, livre entre 1749 et 1778 une image du portail aussi précise du point de vue de la structure qu’elle est vague du point de vue iconographique. Le compilateur clunisois Philippe Bouché de la Bertillière, qui l’a largement reprise, l’a complétée de ses propres observations jusqu’à sa mort en 1818. A ces sources s’ajoute un précieux dessin aquarellé de la main du peintre dijonnais Jean-Baptiste Lallemand, exécuté entre 17773 et 1780, qui offre une vision saisissante, bien que rapide et imprécise, du grand portail au fond de la perspective de l’avant-nef. Une poignée de représentations graphiques postérieures à 1810, dérivant de modèles perdus dessinés sur le motif, complètent ce paysage clairsemé.

 

Aigle, symbole de Saint Jean l’évangéliste,Provient du Tympan du grand portail, vers 1115-1125, Paris, musée du Louvre © RMN (Musée du Louvre) / Hervé Lewandowski

 

Nous sommes ensuite invités à découvrir le travail de Kenneth J. Conant (1895-1984), architecte américain doté d’une solide formation en histoire de l’art médiéval. Il choisit de s’attaquer à l’étude des grandes abbatiales romanes disparues suite à la Révolution Française et entama des recherches sur l’abbaye de Cluny. L’importance de ses découvertes l’amena finalement à y consacrer sa vie. L’une des photographies présentées immortalise le début de ses fouilles le 29 juin 1928. Conant commença à réfléchir dès 1928 à la restitution du grand portail de Cluny III, comme en témoigne la série de photographies présentée ici. L’exposition, enrichie du produit des fouilles de 1988, prologe la réflexion amorcée par l’archéologue américain il y a plus de quatre-vingt ans.

 

Kenneth J. Conant au cours des fouilles dans l’avant-nef de Cluny III, le 29 août 1931, Photographie, Cluny, Musée d’art et d’archéologie(c) Centre d’études clunisiennes, Cluny

 

Enfin, la salle romane du musée (salle 10), dernier des trois espaces de l’exposition, est dominée par une imposante structure métallique spécialement conçue pour présenter, en situation, les fragments du grand portail retrouvés lors des fouilles. Elle donne une idée du gigantisme des proportions de l’abbatiale. Pour des raisons de place, il n’a pas été possible de restituer le grand portail dans toute sa hauteur, puisqu’il culminait à 16,60 mètres sous la corniche. Mais chacune de ses parties constitutives est évoquée sur le schéma reproduit à gauche de la structure. Ce cadre monumental est une véritable fenêtre ouverte sur le vaste décor sculpté. Vous pouvez ainsi admirer de près quelques-uns des plus beaux fragments retrouvés à ce jour et issus de prestigieuses collections. Le magnifique Saint Pierre conservé au Museum of Art de Rhode Island, l’Aigle de saint Jean prêté par le Musée du Louvre et une tête d’ange issue d’une collection privée en témoignent. D’autres fragments qui n’ont pu trouver leur place dans la structure en raison de leur fragilité ou de leur appartenance à une autre partie du décor, sont présentés en vitrine.

 

Vue de l’exposition "Cluny, 1120 Au seuil de la Major Ecclesia" (c)FCL

 

P. Frédéric Curnier-Laroche

 

Informations pratiques : 

CLUNY, 1120
Au seuil de la Major Ecclesia

28 mars – 2 juillet 2012
Exposition organisée par le Musée de Cluny en partenanriat avec le Musée d’art et d’archéologie de Cluny (Saône-et-Loire)

Commissaire de l’exposition : Damien Berné, conservateur au Musée de Cluny.
Commissaire associée : Mary Sainsous, attachée de conservation au Musée d’art et d’archéologie de Cluny.

Musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge
6, place Paul Painlevé
75005 PARIS
Tél : 01 53 73 78 16
www.musee-moyenage.fr

Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9h15 à 17h45. Fermeture de la caisse à 17h15.
Tarifs : 8,50 € (tarif réduit : 6,50 €) incluant les collections permanentes. Gratuit pour les moins de 26 ans et à tous les publics le premier dimanche du mois.

Accès : Métro Cluny – La Sorbonne / Saint-Michel / Odéon
Bus n° 21 -27 – 38 – 63 – 85 – 86 – 87

Publication : Hors-série Histoire antique et médiévale « Cluny, 1120 – au seuil de la Major Ecclesia », Editions Faton, 2012 – 64p. 8,50 €

Vous pouvez retrouver l’histoire de l’ordre clunisien et de l’abbaye sur le blog « abbaye de Cluny 910-2010 » dans les archives de Narthex.fr
 

Illustrations de la Une : Vue de l’avant-nef de Cluny III, 1773 – 1780 Gravure,Paris, BNF, département des Estampes et de la Photographie © Bibliothèque nationale de France, Paris & Vue de l’exposition "Cluny, 1120 Au seuil de la Major Ecclesia" (c) FCL

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