Événement

Le Trésor de Notre-Dame de Paris

18
octobre
au 29 janvier 2024
Galerie Richelieu du Musée du Louvre, Paris
Musée du Louvre
75001 Paris
Tandis que les travaux de rénovation de la Cathédrale sont entrés dans leur phase terminale, le musée du Louvre consacre actuellement une exposition inédite au trésor de Notre-Dame de Paris.

Ce trésor, qui rassemble les objets et les vêtements sacerdotaux nécessaires à la célébration du culte, des reliques et des reliquaires, des livres manuscrits ainsi que d’autres objets précieux offerts par piété, rejoindra ensuite la sacristie néogothique, construite par Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-Le-Duc de 1845 à 1850 pour les abriter, rénovée à l’occasion de la réouverture de la cathédrale en 2024. Avec plus de 120 oeuvres, cette exposition offre un condensé de l’histoire de ce trésor, en les replaçant dans le contexte de son histoire millénaire : depuis ses origines au Moyen Âge jusqu’à sa renaissance au XIXe siècle et son apogée avec Viollet-le-Duc sous le Second Empire.

Illustration extraite du Bréviaire de Châteauroux
Bréviaire de Châteauroux à l’usage de Paris de Louis de Guyenne,
Bibliothèque municipale de Châteauroux © Médiathèque Équinoxe, Ville de Châteauroux, CNRS – IRHT

Remontant aux origines du trésor, l’exposition révèle sa diversité et sa richesse en particulier par les manuscrits parvenus jusqu’à nous. Si les reliquaires et l’orfèvrerie liturgique ont été entièrement détruits à la Révolution, des tableaux, des dessins et des gravures permettent de les évoquer dans l’exposition. En vue du sacre de Napoléon Ier à Notre-Dame, le trésor est reconstitué et s’enrichit de reliques insignes, en particulier celles de la Couronne d’épines et du Bois de la Croix qui proviennent de l’ancien trésor de la Sainte-Chapelle (non présentés au musée du Louvre), et pour lesquels sont commandés de nouveaux reliquaires.
Eugène Viollet-le-Duc entre 1845 et 1865 est chargé de la restauration de la cathédrale et de reconstruction la sacristie, écrin du trésor. Il propose alors de créer un nouveau mobilier liturgique et des reliquaires en harmonie avec l’architecture gothique.

Pour la première fois, l’exposition propose de remonter le temps et de renouer avec l’histoire du trésor avant la Révolution : inventaires, récits historiques, peintures, manuscrits enluminés, gravures et autres documents figurés, mais aussi plusieurs œuvres qui nous sont parvenues, permettent en effet de retracer en partie la longue histoire du trésor depuis les temps mérovingiens et d’entrevoir cette richesse en partie disparue, comparable à celle des plus éblouissants objets créés pour Notre-Dame au XIXe siècle.

LE TRÉSOR MÉDIÉVAL

La fondation d’un premier évêché à Paris, qui reflète le développement du christianisme dans la
capitale, est traditionnellement attribuée à saint Denis au milieu du IIIe siècle. L’histoire des bâtiments de la cathédrale, antérieurs à l’édifice actuel construit vers 1160, demeure imprécise, seule la dédicace à la Vierge (Notre-Dame) s’impose au IXe siècle.

 


Bague dite de maurice de sully,
Département des objets d’art, musée du louvre © rmn-grand palais (musée du louvre), stéphane maréchalle

Les premiers témoignages de son trésor remontent au VIe siècle. Au IXe siècle, de prestigieuses reliques accroissent l’aura de la cathédrale et la renommée du trésor, alors confié à un chapitre de chanoines : les reliques de saint Marcel, l’un des premiers évêques de Paris au IVe siècle, y sont transférées pour échapper aux invasions normandes. Elles permettent alors à la cathédrale de rivaliser avec les prestigieuses abbayes de Saint-Denis, Saint-Germain-des-Prés et Sainte-Geneviève. Peu après 1100, un fragment de la Vraie Croix, relique de la Passion du Christ, est envoyé de Jérusalem par le chanoine Anseau, prêtre et chantre du Saint-Sépulcre. Vers 1160, Maurice de Sully entreprend la construction de la nouvelle cathédrale et à partir du XIIIe siècle, un bâtiment, qui communique directement avec le chœur de la cathédrale abrite le trésor. Les événements historiques conduisent, dans les siècles suivants, à la disparition de ce trésor médiéval, à l’exception de quelques livres enluminés et d’un vase antique en agate sculpté offert par la reine Isabeau de Bavière en 1425 et acquis plus tard par le peintre Pierre Paul Rubens (1557-1640).

Les premiers inventaires, dont la série conservée s’ouvre en 1343, permettent de mieux connaître le trésor et d’en imaginer les richesses. Les donateurs sont les rois, les reines, les princes, les évêques, les chanoines, qui expriment leur reconnaissance envers la cathédrale.

Enfin le trésor rassemble également des livres enluminés et précieux, parmi lesquels le Livre des serments sur lequel les évêques et les chanoines prêtent serment pour leur intronisation, chef-d’œuvre du milieu du XIIIe siècle.

LE TRÉSOR SOUS L’ANCIEN RÉGIME : D’ACCROISSEMENTS EN DESTRUCTIONS

Le XVIe siècle voit s’ouvrir une période de commandes importantes, comme le montre le dessin, présenté dans l’exposition, du bâton cantoral par Rosso Fiorentino, le premier des artistes italiens appelés en France par François Ier et exécuté par l’orfèvre Macé Bégault en argent doré en 1538. Plusieurs livres enluminés, réalisés à la même époque pour Notre-Dame et le trésor, en attestent aussi.

En revanche, les guerres de Religion dans la seconde moitié du siècle ruinent en grande partie le trésor. À partir des années 1560, quelques-unes des plus belles œuvres sont envoyées au creuset pour les fondre. En 1590, au moment du siège par Henri IV, le gouverneur de Paris fait dépecer la grande croix d’or offerte par Philippe Auguste.

En 1622, l’érection de Paris, jusqu’alors suffragant de Sens, en archevêché, puis en 1638 le vœu de Louis XIII consacrant la France à la Vierge, marquent un nouveau tournant. En lien avec le vœu de Louis XIII, le trésor s’enrichit d’une tenture de la Vie de la Vierge, exécutée en 1645-1657 sur des cartons des peintres Philippe de Champaigne, Jacques Stella et Charles Poerson. Exposées dans le chœur pour les grandes Fêtes, elles seront vendues en 1739 à la cathédrale de Strasbourg, qui les conserve toujours aujourd’hui. Elles sont évoquées dans l’exposition grâce aux tableaux qui servirent de modèle ou modelli ainsi que des dessins.


Jean JOUVENET,la messe du chanoine de la porte,
vers 1710, huile sur toile, département des peintures, musée du louvre © rmngp (musée du louvre), michel urtado

Le chœur de Notre-Dame est finalement remanié à la fin du règne de Louis XIV, prélude à de nouveaux enrichissements du trésor où entrent de monumentales pièces d’orfèvrerie dues aux meilleurs orfèvres du temps. Des peintures, des dessins, un magnifique évangéliaire daté de 1753, permettent d’en connaître quelques-unes, comme l’ostensoir ou Grand soleil en argent doré, réalisé par l’orfèvre Claude II Ballin en 1708 sur des dessins de Robert de Cotte (dont l’un d’eux est présenté dans l’exposition), ou celui de Thomas Germain, orfèvre du roi, livré en 1718-1719. C’est une époque faste pour le trésor, remarquable également par le nombre et la qualité de ses ornements liturgiques.

La Messe du chanoine de La Porte, tableau de Jean Jouvenet peint vers 1710, montre un généreux chanoine officiant face au Grand soleil, dont il finança l’acquisition. Les flambeaux sont ceux d’une chapelle commandée en 1705 à l’orfèvre Guillaume Jacob par le cardinal Primat de Pologne, aujourd’hui conservé à Gniezno (Pologne).

DE LA RÉVOLUTION AU SACRE DE NAPOLÉON IER : DISPARITION ET RECONSTITUTION DU TRÉSOR

Le trésor est anéanti durant la Révolution. Le 2 novembre 1789 est décrétée la nationalisation des biens du clergé. Le 3 mars 1791, les objets inutiles au culte sont confisqués et fondus. Les objets de culte du trésor de Notre-Dame disparaissent entièrement en l’espace d’une nuit en août 1792, avec l’ensemble de ses reliques. En 1802, la signature du Concordat permet le retour du culte catholique à Notre-Dame. Il faut alors pourvoir la cathédrale de nouveaux instruments du culte et d’ornements liturgiques qui ont tous disparu.

Le sacre de Napoléon en 1804 offre une occasion inespérée pour Notre-Dame qui se voit attribuer ce qui subsistait des Reliques de la Passion acquises par saint Louis entre 1239 et 1242, notamment la Couronne d’épines, provenant du trésor de la Sainte-Chapelle, pour laquelle est commandé en 1806 un imposant reliquaire de Jean-Charles Cahier.
En 1828, la relique de la Vraie Croix de la princesse Palatine et un Saint Clou provenant de Saint-Germain-des-Prés, sauvés de la destruction en 1793, trouvent asile à Notre-Dame dans un nouveau reliquaire de l’orfèvre Jean-Pierre Famechon. Le trésor, comme autrefois pour les rois celui de Saint-Denis, recueille les Honneurs de Charlemagne et les Honneurs de l’Empereur après le sacre.

LE TRÉSOR AU XIXè SIÈCLE : DU PILLAGE AU RENOUVEAU AVEC EUGÈNE VIOLLET-LE-DUC

Patiemment reconstitué depuis 1802, le trésor profite, sous la Restauration (1814-1830), de l’étroite union entre le pouvoir royal et l’Église catholique. Louis XVIII rétablit dès 1814 les processions du vœu de Louis XIII et commande à l’orfèvre Jean-Baptiste Odiot une grande Vierge en argent qui leur est destinée. Elle est finalement offerte par Charles X en 1826. Le sac de l’archevêché, entraînant diverses destructions, est néanmoins une nouvelle épreuve pour le trésor. Il subit à nouveau d’importantes destructions lors de la Révolution de juillet 1830, avec le double pillage de l’archevêché et du trésor puis lors de l’insurrection de février 1831.

Vierge à l'enfant dite de Charles X
Charles-Nicolas Odiot, Vierge à l’enfant dite de Charles X,
Trésor de Notre-Dame de Paris© Musée du Louvre, Guillaume Benoit

En 1843, un concours pour la restauration de la cathédrale est organisé et remporté par Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-le-Duc. Le projet inclut la reconstruction de la sacristie. En effet, le bâtiment néoclassique de Jacques-Germain Soufflot avait été endommagé par les émeutes et ne donnait plus satisfaction. La construction et l’aménagement intérieur tardent, et ce n’est qu’en 1854 que le trésor peut prendre place dans le nouveau bâtiment de style néo-gothique.

À partir de 1855, et surtout entre 1866 et 1869, Viollet-le-Duc est chargé de dessiner un mobilier liturgique et des reliquaires en harmonie avec le style de ce nouvel écrin. Cette vision globale de la cathédrale, de son mobilier et des instruments du culte s’épanouit à Notre-Dame sous le Second Empire. L’exposition présente un florilège de cet ensemble unique du trésor néo-gothique, avec des pièces spectaculaires et leurs dessins préparatoires

 

Informations pratiques

Tous les jours (sauf mardi) de 9h à 18h
Nocturne le vendredi jusqu’à 21h45

Tarif (musée + exposition) : 17€
Gratuit pour les moins de 26 ans résidents de l’Espace Économique Européen.
Gratuit le premier vendredi du mois de 18h à 21h45, sur réservation.
Réservation d’un créneau horaire recommandée en ligne y compris pour les bénéficiaires de la gratuité.

Durée moyenne : 1 heure

 

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Dans l’exposition

Mini-visites tous les vendredis à 18h30, 19h, 19h30 et 20h : 20 minutes d’introduction à l’exposition en compagnie d’un guide-conférencier.

Atelier familles tous les dimanches à 14h : découvrez les couleurs du Moyen-Âge en vous inspirant des objets d’orfèvrerie émaillée du musée pour créer en famille votre propre trésor coloré. Ateliers supplémentaires les jeudis, vendredis et lundis pendant les vacances scolaires.

À l’auditorium Michel Laclotte

Les dialogues de Notre-Dame auront pour objectif de resituer le propos de l’exposition, centrée sur l’histoire des trésors de la cathédrale, dans le contexte plus large des différentes vies qu’à connues l’édifice : comment mieux comprendre la restauration d’aujourd’hui à l’aune de celles d’hier et que nous dit de nous-même notre attachement à ce monument ?

  • Lundi 8 janvier à 19h : « Bâtir et rebâtir Notre-Dame, des origines à Viollet-le-Duc et au-delà » par Dany Sandron (Sorbonne Université) et Barry Bergdoll (Columbia University)
  • Lundi 15 janvier à 19h : « Rendre sa flèche à Notre-Dame »

Concerts classiques :

  • Vendredi 12 janvier à 20h : Requiem de Fauré, par la Maîtrise Notre-Dame de Paris, l’orchestre national d’Auvergne, dirigés par Henri Chalet
  • Vendredi 26 janvier à 20h : Maîtres de Notre-Dame par l’Ensemble Correspondances, dirigé par Sébastien Daucé.

Ciné-concert : Notre-Dame de Paris dimanche 14 janvier à 15h
Projection du film Notre-Dame de Paris de Wallace Worsley (1923) accompagné d’une improvisation à l’orgue par Jean-Baptiste Monnot. Pour cette adaptation hollywoodienne du roman de Victor Hugo, le parvis et la façade de la cathédrale furent reconstitués dans le studios d’Universal. Dans le rôle de Quasimodo, le fabuleux Lon Chaney, dont la transformation en bossu amoureux demandait quatre heures de maquillage, inspiré par les dessins de Victor Hugo.
Jean-Baptiste Monnot est titulaire du grand orgue de l’abbatiale Saint-Ouen de Rouen et directeur artistique du Festival des orgues Cavaillé-Coll. Il est également le concepteur et l’interprète principal de l’Orgue du voyage, instrument à tuyaux unique, transportable et modulable.

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