© Jean-Marc cerino. crédit photo : martine sautory
Un nouveau jour
Berlin, 1945, 2024
Une ville en ruine. Berlin. 1945.
Une femme au centre. Digne, élégante même, qui avance droit devant elle.
Une femme en marche au milieu de ruines.
À l’image de la reconstruction à venir, à celle d’un nouvel avenir possible.
Au coeur des ruines, elle permet d’entre-apercevoir une espérance.
Image d’une fragilité au coeur du chaos de pierres autant que l’affirmation de la puissance
de l’être au milieu de ces ruines.
Se tenir debout. En marche vers un nouveau jour.
huile et peinture synthétique à la bombe sous verre, in un jour nouveau
© jean-marc cerino, COURTESY GALERIE SATOR, PARIS.
Cette peinture de Jean-Marc Cerino est comme un écho suspendu de l’Allemagne en ruines et de sa future reconstruction. On pense aux Trümmerfrauen, ces Femmes des ruines qui, après la Seconde Guerre mondiale, aidèrent à débarrasser les villes des pierres des bâtiments qui avaient été bombardés. Anselm Kiefer évoque ces femmes dans plusieurs de ses oeuvres. On pense également à son oeuvre Résurrection, créée en 2019 pour le couvent de La Tourette : 50 m2 de gravats et de blocs de béton au milieu desquels de grands tournesols blancs s’élevaient dans le ciel, signes d’une vie qui reprend. La ruine comme point de départ d’une nouvelle vie. D’un nouveau jour.
L’œuvre de Jean-Marc Cerino est une longue réflexion sur l’Homme et sur sa place dans la société comme dans l’Histoire. L’artiste réalise avec cette peinture un travail de reprise à partir d‘une photographie orpheline. En effet, pour ses peintures sur verre, l’artiste a mis en place un rituel à partir d’images photographiques qu’il achète pour l’essentiel via des sites de vente en ligne. Après avoir retenu une photographie, il en reprend l’image en peinture, comme pour en fixer l’empreinte mémorielle, comme pour en révéler les non vues. Ici c’est un regard teinté de mélancolie hivernale qu’il nous propose.
Le travail de Jean-Marc Cerino a donc à voir avec la mémoire : amasser des images, les soustraire au flot continu du trop-plein, choisir celles qui portent en elles la trace d’un passage, d’une histoire, mais qui échappent en même temps à toute narration. Des photographies silencieuses mais habitées, auxquelles il s’agit de redonner par la peinture une densité que l’instantanéité photographique pourrait avoir ôté.
Berlin, 1945 évoque un monde fragile, ruiné, brisé, mais qui coûte que coûte résiste. Un nouveau jour.
Frère Marc Chauveau – janvier 2024
Jean-Marc Cerino
Né en 1965, vit et travaille à Saint-Étienne. Il expose régulièrement en France et à l’étranger. Ses oeuvres sont conservées dans de nombreuses collections publiques : musée d’art moderne de Saint-Étienne, musée des Beaux-Arts de Dole, comme ceux de Bourgoin-Jallieu et de Villefranche-sur- Saône et dans plusieurs FRAC.
Il crée trois oeuvres sur verre pour l’exposition Marie-Madeleine contemporaine à Toulon puis Lille, en 2004 et 2005, et deux commandes pour des édifices religieux ; il conçoit en 2007 les deux vitraux du chœur et l’autel de l’église de Vassieux-en-Vercors et en 2011 il conçoit le réaménagement complet de la chapelle du P. Lataste, incluant la création d’un vitrail, pour les Dominicaines de Béthanie à Montferrand-le-Château.
Actuellement, trois de ses oeuvres sont présentées dans l’exposition Formes de la ruine au musée des Beaux-Arts de Lyon.
Retrouvez le commentaire de l’exposition par Paul-Louis Rinuy ici (clic)