Il y a 120 ans, un jeune artiste roumain traversait l’Europe à pied pour venir s’installer à Paris. C’est là, dans la capitale en pleine effervescence culturelle, que Constantin Brancusi (1876-1957) invente une nouvelle manière de sculpter, un langage universel privilégiant la taille directe et les formes simples.
Très vite, son œuvre exerce une grande fascination sur ses contemporains : nombre d’artistes et d’admirateurs se pressent dans son atelier, situé impasse Ronsin (15e arrondissement). À la fois lieu de vie, de création et de présentation de son travail, cet atelier est conçu par l’artiste comme une œuvre en soi et légué à sa mort à l’État français. Cet ensemble exceptionnel forme la matrice de l’exposition, complété de prêts majeurs de collections internationales.
Proposant de découvrir à la fois le parcours de Brancusi, les sources de son œuvre et les grands thèmes que l’artiste n’a cessé d’approfondir, l’exposition met en avant la diversité de sa création : la sculpture, la photographie, le film, le dessin… Cet hommage au père de la sculpture moderne célèbre sa puissance d’invention et sa quête inlassable de beauté. Il entend montrer un artiste vivant, pleinement inscrit dans son époque, dont la création se doit d’être toujours réactivée : « Il ne faut pas respecter mes sculptures. Il faut les aimer et jouer avec elles. », disait-il.
SUCCESSION BRANCUSI – ALL RIGHTS RESERVED © ADAGP, PARIS 2024
CRÉDIT PHOTOGRAPHIQUE : THE ART MUSEUM OF CRAIOVA, ROUMANIE
Dès l’entrée, le parcours de visite privilégie une approche sensible, soulignant le choc de la découverte de son atelier parisien, situé impasse Ronsin dans le 15e arrondissement, fréquenté par de nombreux artistes et amateurs pendant plusieurs décennies.
Le cœur de l’exposition évoque les sources de sa création (Auguste Rodin, Paul Gauguin, l’architecture vernaculaire roumaine, l’art africain, l’art cycladique, l’art asiatique…) et éclaire le processus créatif de Brancusi : le choix de la taille directe, l’esthétique du fragment, le processus sériel, le travail de sublimation de la forme… La reconstitution d’une partie de l’atelier souligne la dimension matérielle de sa création (matériaux, outils, gestes). L’exposition replace la vie de Constantin Brancusi dans un contexte artistique et historique plus large grâce à un riche corpus documentaire (lettres, articles de presse, agendas, disques…). Cet ensemble offre une chronique de ses amitiés avec nombre d’artistes d’avant-garde, tels Marcel Duchamp, Fernand Léger ou Amedeo Modigliani.
Le parcours thématique, organisé autour des séries de référence de l’artiste, met en lumière les grands enjeux de la sculpture moderne : l’ambiguïté de la forme (Princesse X), le portrait (Danaïde, Mlle Pogany), le rapport à l’espace (Maiastra, L’Oiseau dans l’espace), le rôle du socle (Nouveau-né, Le Commencement du monde), les jeux de mouvement et de reflet (Léda), la représentation de l’animal (Le Coq, Le Poisson, Le Phoque) et le rapport au monumental (Le Baiser, La Colonne sans fin).
À lire aussi : Brancusi, le spirituel dans la sculpture, un billet de Paul-Louis Rinuy.
Informations pratiques
Exposition Brancusi, rétrospective
Centre Pompidou – Musée national d’art moderne, Paris (IVe)
Jusqu’au 1er juillet 2024
Tarifs : 17€ / réduit 14€
11h-21h, tous les jours sauf mardi, nocturne jusque 23h le jeudi
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