Dès le début du XIIIe siècle, une chapelle est construite à l’emplacement de l’église actuelle, à la demande d’un bourgeois de Paris, nommé Alais, dans l’enceinte Philippe-Auguste. La chapelle est alors consacrée à sainte Agnès et dépend de la paroisse Saint-Germain-l’Auxerrois. Érigée en église en 1223, elle prend le nom de Saint-Eustache lorsqu’elle devient paroisse en 1303. Les reliques du saint lui sont offertes par la basilique Saint-Denis.
L’église Saint-Eustache en 1637, illustration d’Auguste Sébastien Bénard, vers 1850
Située au cœur du Paris populaire et grouillant, à proximité des lieux de vie et d’échanges que sont les marchés, appelés par la suite Halles, ainsi que de la principale demeure royale qu’est le Louvre, la paroisse Saint-Eustache ne cesse de grandir. En 1532, Jean de La Barre, prévôt des marchands, commande une nouvelle église digne de son emplacement et de son importance au cœur de la ville. Plusieurs campagnes de construction seront nécessaires pour faire avancer le chantier, coûteux et compliqué. Bien que la façade ouest demeure inachevée, la nouvelle église est inaugurée en 1637 par Mgr de Gondi, archevêque de Paris.
Saint-Eustache devient paroisse royale au XVIIe siècle et le restera jusqu’à la Révolution. Louis XIV y fait sa Première Communion en 1649. De nombreuses personnalités de l’époque fréquentent la paroisse : le cardinal de Richelieu, Molière et Madame de Pompadour y sont notamment baptisés ; Sully et Lully s’y marient ; on y célèbre les funérailles de Mirabeau, Colbert, Scaramouche, Marivaux, Rameau, La Fontaine, Anna Maria Mozart (la mère de Wolfgang Amadeus)… L’église devient aussi le panthéon des premiers membres de la toute jeune Académie française : une trentaine y sont enterrés. De grands prédicateurs du XVIIe y donnent leurs sermons, comme Massillon et Fléchier.
En 1665, de nouveaux travaux sont entrepris sur l’initiative de Colbert. Deux nouvelles chapelles sont commandées et la façade doit être de nouveau modifiée. Le Vau dessine alors une nouvelle façade mais l’architecte Hardouin de Jouy (petit fils du fameux Jules Hardouin-Mansart, Premier architecte de Louis XIV) n’en posera la première pierre qu’en 1754. Cependant les travaux rencontrent de nouvelles difficultés techniques et durent par manque de financement. On arrête le chantier en 1788 alors que la tour sud de la façade demeure inachevée, dans l’état où nous la voyons encore aujourd’hui.
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projet de façade dessiné par le vau
vers 1665 |
façade actuelle (tour sud inachevée)
© Mbzt, Licence CC 3.0 |
L’église connaîtra diverses restaurations au XXe et XXIe siècles. De dimensions rappelant celles de Notre-Dame de Paris, elle est classée au titre des Monuments Historique en 1862 et est confiée à la communauté des oratoriens en 1922. Suite à l’incendie de la cathédrale le 15 avril 2019, c’est à Saint-Eustache qu’auront lieu notamment les messes de Pâques et de Noël 2019. Après deux ans de restauration, la façade occidentale – façade principale – vient de retrouver sa splendeur d’antan !
Si le style architectural de l’église s’inscrit initialement dans la veine du gothique flamboyant (on remarque deux magistrales clés pendantes gothiques ainsi que quelques vitraux de cette même époque, du maître-verrier Antoine Soulignac), les campagnes de travaux successives apportent une décoration intérieure de style Renaissance ; la façade, quant à elle, modifiée pour la dernière fois à la fin du XVIIe, est de style classique. L’éclectisme de l’église réunit églament des stalles de chœur installées après la Révolution, un banc d’œuvre de style Ancien Régime (1720) qui fait face à une chaire mi-XIXe dessinée par Victor Baltard. Le grand orgue, sur un buffet originel de Victor Baltard (1854), fut plusieurs fois restauré puis reconstruit en 1989 par le facteur d’orgue néerlandais van den Heuvel.

La déambulation à travers les chapelles permet de remarquer deux tableaux attribués aux ateliers de Rubens (Les pèlerins d’Emmaüs et une Adoration des Mages), le monument funéraire de Colbert, de style baroque, dessiné par Le Brun ainsi qu’une statue de la Vierge à l’Enfant de Jean-Baptiste Pigalle.
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Les pélerins d’Emmaüs, copie partielle d’un tableau de Paul Rubens, huile sur toile, XVIIIe
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Vierge à l’enfant, Jean-Baptiste Pigalle, marbre, vers 1850 © Jamie Mulherron, licence CC BY-SA 4.0
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Programmation événementielle
Vendredi 2 février
Le Mystère Saint-Eustache : spectacle théâtral déambulatoire, en collaboration avec le Cours Florent et la compagnie Théâtre O.
Une création originale de Laurent Charpentier à partir de textes liés à Saint-Eustache, à son saint et à son cerf. Avec des comédiens, des musiciens (Naïssam Jallal et Thomas Ospital) et une scénographie in situ de Johnny Lebigot.
Deux représentations à 18h et 20h30, d’une durée d’environ 1h30. Entrée libre.
Samedi 3 février
Visites guidées de l’église à 10h et à 11h, par Jean-Louis Boscardin, historien, et le Père Yves Trocheris, curé de la paroisse.
De 15h à 17h30 : conférences et table-ronde sur l’histoire et la place de Saint-Eustache hier et aujourd’hui.
- La paroisse médiévale en 1223, conférence de Boris Bove
- La paroisse royale et les artistes au XVIIe siècle, conférence de Mathieu Lours
- Saint-Eustache et les Halles, ventre de Paris au XIXe siècle, Zola, conférence de Jérôme Prigent
- La paroisse contemporaine, les années Sida et le foncionnement de la paroisse aujourd’hui, table-ronde
Spectacle de marionnettes médiévales racontant la vie de saint Eustache, écrit par Richard Pech. Avec également la participation de musiciens et chanteurs.
À 19h, durée 1h15, entrée libre.
Dimanche 4 février
10h30 : messe solennelle présidée par Mgr Ulrich, archevêque de Paris. Présence de deux chœurs, les Chanteurs de Saint-Eustache et la Maîtrise de Notre-Dame, accompagnés au grand orgue par Thomas Ospital et à l’orgue de chœur par François Olivier. Bénédiction de la façade Ouest rénovée.
Pour assister à la messe, merci de vous inscrire par email à paroisse.saint.eustache@gmail.com
Suivie d’un cocktail dans l’église
15h : concert orgue & chœurs dans l’église (entrée libre)
Au grand orgue : Baptiste-Florian Marle-Ouvrard, François Olivier et Yves Castagnet
Chœurs : Maîtrise de Notre-Dame et Chanteurs de Saint-Eustache
Grand Dialogue en Ut de Louis Marchand
Te Deum de Lully
Alleluia de Buxtehude
Messe brève d’Yves Castagne
Charlotte Le Brethon