Dès le début de ce partenariat, les trois instances ont souhaité élaborer les conditions dʼune création finement inscrite dans notre XXIe siècle, en y associant de jeunes plasticiens et designers.
À lʼissue dʼun processus de découverte des enjeux, des usages et des règles liturgiques présidant à la commande, plusieurs étudiants se sont impliqués dans des recherches de plus en plus poussées.
Deux enseignants de lʼoption Art-Objet de la HEAR, Jean-François Gavoty et Florence Lehmann, ont coordonné les expérimentations pour lesquelles trois créatrices ont finalement présenté en janvier 2015 leur projet finalisé au jury présidé par lʼarchevêque de Strasbourg, Mgr Grallet. Chaque démarche a été saluée pour son originalité et la cohérence des choix plastiques.
Projet lauréat : Calice de l’ouverture, par Caroline Manowicz (4e année, Design)
L’Eucharistie est cette expérience au cours de laquelle les fidèles deviennent ensemble le « corps
du Christ ». Dans ce projet de vaisselle liturgique, le « déploiement » de lʼobjet, sa manipulation et la scénographie qui en découlait semblaient fondamentaux. Il sʼagissait de trouver un juste équilibre entre lʼobjet et le corps qui sont tous deux des vecteurs permettant aux différents acteurs de ce sacrement de communier. La façon de tenir lʼobjet, de le transmettre à lʼautre sont les orientations formelles du projet qui soulignent les liens qui se tissent lors de lʼeucharistie.
Le calice très ouvert invite les prêtres à communier ensemble par intinction. Les coupelles qui servent à distribuer les hosties sont présentées ensemble sur lʼ autel, ne formant dans un premier temps quʼ un seul et même objet.
Les prêtres viennent ensuite « effeuiller » cet ensemble qui se démultiplie en dix coupes. Leur multiplication visuelle évoque également le miracle de la multiplication des pains par Jésus, relaté par Matthieu et Marc dans les Évangiles. « Ce travail, se souvient Caroline Manovicz, est né dʼune expérience personnelle. Il y a deux ans, lors de la messe des jeunes à la paroisse de la Trinité à Paris, le prêtre à souhaité nous expliquer le principe de la foi en un Dieu qui est aussi Trinité. Il nous expliquait que le fait que Dieu se manifeste sous trois formes créait un espace dʼ ouverture auquel nous pouvions prétendre accéder. Cette expérience a motivé mon choix de matérialiser lʼouverture dans le dessin du calice et le passage de lʼunique au multiple avec les coupes. »
Lʼensemble est réalisé en cuivre tourné et doré à lʼor rose. Chaque pièce repose sur une « fondation » en grès rose des Vosges, la matière même de la Cathédrale de Strasbourg se prolongeant dans le pied du calice et la première coupe qui soutient les neuf autres.
Le service de vaisselle liturgique retenu par le jury pour sa force symbolique et sa grande pureté de formes a été fabriqué par :
– les Ateliers dʼArt liturgique Chéret à Paris, pour la joaillerie
– les Ateliers de lʼOEuvre Notre-Dame à Strasbourg, pour les parties en grès.
A savoir …
Les maquettes des trois projets de vaisselle liturgique (Caroline Manowicz, 4e année, Design ; Élise Grenois, 4e année, Art-Objet, atelier Verre ; Galla Théodosis, DNSEP/master, Art-Objet, atelier Verre) feront l’objet d’une exposition à la cathédrale de Strasbourg du samedi 29 août au dimanche 4 octobre 2015.
Les trois artistes seront présentes sur le lieu de l’exposition à l’occasion des Journées du patrimoine, le samedi 29 et le dimanche 30 septembre, de 14h à 16h.