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Une monographie en or

Sous la direction de Judith Kagan et Marie-Anne Sire, les Éditions du patrimoine ont publié récemment un ouvrage de référence intitulé « Trésors des cathédrales ». Tenant compte de l’avancée des dernières recherches d'experts, la première partie retrace l’histoire de ces « trésors ». La deuxième partie fait la part belle à l’orfèvrerie (ministerium) et au textile (ornamentum). Enfin, un « florilège » de 30 trésors a été choisi parmi les 97 cathédrales françaises. Un éblouissant voyage dans les merveilles de l’art sacré.
Publié le 02 avril 2019

En 1965, l’exposition «Trésors des églises de France» organisée au musée des Arts décoratifs donne l’impulsion pour la mise en valeur de ce patrimoine sacré et des trésors qui le conservent. Depuis lors, aucune publication n’avait été entièrement consacrée à ce sujet. Il était donc temps en octobre 2018 que paraisse cette synthèse sur les trésors de cathédrales.

Coffret-reliquaire, Atelier monétaire de Besançon (?), XIe et XVe siècle, cuivre ciselé, guilloché, doré, cristal de roche Crédit photo : Archevêché de Besançon / CLAP 35

Longtemps tenus secrets, les trésors de cathédrales se sont constitués au fil des temps pour conserver les objets les plus précieux et les plus vénérés des fidèles exposés seulement lors des grands cérémonies religieuses selon des rites parfois créés spécifiquement pour certains d’entre eux, notamment les précieuses reliques. C’est à partir du XIXe siècle, qu’on aménage certains lieux pour la visite en reprenant le modèle du trésor de l’abbatiale de Saint-Denis où les instruments du sacre sont présentés dans des armoires-vitrines dès le XVIe siècle.
Le trésor de cathédrale plus encore que celui d’une église est devenu un refuge pour les objets précieux, classés au titre des monuments historiques et jugés en péril dans le diocèse ou le département.

Dans cet ouvrage, Judith Kagan – conservatrice générale du patrimoine, chef du bureau de la conservation du patrimoine mobilier et instrumental à la sous-direction des Monuments historiques et des Espaces protégés (service du Patrimoine) – et Marie-Anne Sire – conservatrice générale du patrimoine, inspectrice générale des monuments historiques à l’Inspection des patrimoines en charge des régions Centre-Val de Loire et Occitanie – se sont entourées d’experts nationaux pour la rédaction des articles, et de conservateurs des directions régionales des affaires culturelles pour les monographies de trésors.

Grand ostensoir de la cathédrale Saint-Jean de Besançon, Jean-Jacques Redard (1658-1723), 1703, argent partiellement doré, décor rapporté, pierres précieuses, verre, pierres semi-précieuses

Tenant compte de l’avancée des dernières recherches en la matière, la première partie retrace l’histoire de ces « trésors ». Elle présente l’évolution des lieux : de la réserve forte à un espace ouvert au public, et l’évolution de leur statut, non plus seulement conservés pour leur usage liturgique ou leur valeur monétaire, mais pour leur intérêt d’art et d’histoire. Cette première partie est ponctuée de focus sur les reliques, les objets de trésors dans les  musées, sur Paul-Frantz Marcou (inspecteur général des monuments historiques) et le rôle fondateur de l’exposition de 1965 à Paris ainsi que les prêts d’objets pour des expositions en France ou à l’étranger.

La deuxième partie fait la part belle à l’orfèvrerie (ministerium) et au textile (ornamentum), deux grandes composantes des trésors. Ce chapitre baptisé « matières » est conçu comme le joyau de cet ouvrage, de magnifiques photos en pleines pages mettent en valeur les objets présentés.

Orfroi de Jean Carondelet, Bruges, 1530, Or nué et or sur ficelle formant décor sur toile de coton blanc et bistre Crédit photo : Archevêché de Besançon / CLAP 35

Enfin, un « florilège » de 30 trésors a été choisi parmi les 97 cathédrales françaises en mettant l’accent sur les lieux  restructurés récemment ou en cours de travaux. Chaque monographie présente les œuvres phares en les replaçant dans le contexte historique de la cathédrale à laquelle ils sont attachés. Ces ensembles d’objets permettent d’apprécier la diversité des foyers de production et l’évolution de la liturgie au gré des modes et de conciles. La cathédrale de Besançon est représentée par trois œuvres majeures : un coffret-reliquaire du XIe siècle, le grand ostensoir de la cathédrale et les orfrois de 1530 de Jean Carondelet.

Calices, couronnes, crosses, ostensoirs, chasubles, icônes, tabernacles, navettes à encens, autels portatifs, toiles, statues de saints ou de la Vierge… Tant de merveilles créées pour honorer Dieu de leur beauté, et aider les fidèles à prier. C’est ce voyage dans l’art sacré que vous propose ce magnifique ouvrage.

Chloé Baverel

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Trésors des cathédrales, Judith Kagan et Marie-Anne Sire (dir.), Éditions du patrimoine, Centre des monuments nationaux, 31 octobre 2018, 320 pages, 59 €.

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