Reliquaire de la Sainte Épine donné par saint Louis, vers 1262.
Or, Argent doré, émeraude, rubis, perles, cristal de roche.
Inscription sur le pied :
SPINA DE SACROSANCTA CORONA DOMINI
«Épine de la très sainte couronne du Seigneur.»
Don de saint Louis à l’abbaye d’Agaune en 1262 ;
mentionné dans l’inventaire de l’abbé Jean Miles (1550-1572) : «Une Sainte Épine de la couronne de notre Seigneur»
Trésor de l’abbaye, Saint-Maurice d’Agaune (Suisse)
Ce trésor est remarquable tant par la rareté, la qualité, la quantité des pièces et son reste de mystère. Même si la chasse de Teudéric est très séduisante par la perfection de ses grenats cloisonnés, le caractère stellaire du reliquaire de la Sainte Epine est de nature à nous procurer une illusion d’optique toute spirituelle.
Une amande cerclée d’émeraudes, de rubis et de perles, semble posée en équilibre sur un pied, une lumière particulière et étrange s’en échappe. Le centre du reliquaire est un bloc de cristal de roche d’une qualité exceptionnelle, sans aucune givrure ni défaut, taillé en amande et évidé depuis la pointe haute afin de recevoir une épine de la couronne du Christ que saint Louis offrit à l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune en remerciement des reliques des martyrs thébains apportées par l’abbé d’Agaune en 1262 au saint roi.
Saint Louis avait d’ailleurs fait construire entre 1242 et 1248 la Sainte-Chapelle à Paris, gigantesque reliquaire de pierre et de verre afin de recevoir les reliques de la Passion achetées dès 1239 au roi de Constantinople Baudoin II.
Ce petit reliquaire (environ 20cm de haut), n’est pas l’objet le plus tapageur du trésor, mais c’est à mon goût le plus fort, car sous des allures modestes il suggère par la pureté de sa forme et la beauté des matières toute l’importance de la relique qu’il contient.
Mise en valeur par l’intuition d’un élément central absent, la relique est l’objet de la recherche de l’œil à travers le cristal de roche d’abord invisible puis discernable dans les vibrations qu’il crée dans la lumière (lumière dont le pied bien que très discret, travaillé à la retreinte, c’est-à-dire par une multitude de petits coups de marteaux créant de petites facettes, n’est incontestablement pas étranger). L’Epine nous apparaît alors comme suspendue, en lévitation.
Une émotion que chacun pourra vivre en se rendant à cette belle exposition du trésor de l’abbaye de Saint-Maurice d’Agaune, jusqu’au 16 juin 2014 au musée du Louvre.