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Prélude à la création du Trésor : l’inventaire des collections

L’histoire du Trésor bisontin est complexe. Depuis son installation dans les années 70, il s’est considérablement enrichi d’œuvres appartenant à l’Association diocésaine, à la ville de Besançon et à d’autres communes du Doubs et de la Haute-Saône. Des œuvres majeures, récemment léguées au diocèse mériteraient également d’être présentés au public. Ainsi le corpus est mal connu et aucun inventaire exhaustif n’avait encore été réalisé.
Publié le 04 juillet 2018
Écrit par Chloé Baverel

Il s’agissait donc d’une priorité pour la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne Franche-Comté d’établir un inventaire scientifique de ces collections afin de circonscrire le corpus des œuvres à intégrer dans la réflexion sur le futur trésor. Grâce à l’inventaire, il sera possible de définir le parcours permanent et les possibilités d’expositions temporaires. Cette tâche ardue a été confiée à l’agence Bruno Decrock, basée à Reims.

  

Exemple de fiche d’inventaire

La mission, réalisée entre février et décembre 2017, comportait l’inventaire de tous les objets d’arts trouvés au trésor (exceptés les livres des rayonnages de la bibliothèque du chapitre), le contenu de la sacristie. De plus, les œuvres majeures du diocèse qui pourrait être déposées en vue d’une présentation dans le futur trésor ont été intégrées à ce recensement. Il aura fallu presque un mois sur place, trois semaines en février-mars et une semaine en septembre, et plusieurs mois de traitement des données pour arriver à l’inventaire rendu début décembre 2017.

Les œuvres présentées au Trésor et conservées à l’archevêché de Besançon étaient relativement bien connues. En effet, depuis 2013, celui-ci est ouvert au public pour des visites deux fois par an. Il a donc fallu former des guides bénévoles. Pour ce faire, le Père Éric Poinsot, recteur de la cathédrale alors et aujourd’hui encore référent pour le Trésor de la cathédrale, a beaucoup étudié cette collection. De plus, avec ma collaboration, deux ouvrages ont été publiés : Cathédrale de Besançon, trésors cachés. Tout ce travail s’est accompagné de la conception d’une base de données sur laquelle a pu s’appuyer l’agence Decrock.

En ce qui concerne la sacristie, les connaissances étaient plus limitées. En effet, la plupart des chapiers étant très difficiles à ouvrir, leur contenu était inconnu. Le seul document de référence était un mémoire de maitrise mené en 1997 par Éric Dutocq sur La paramentique à la cathédrale de Besançon : présentation des ornements conservés à la cathédrale Saint-Jean. Cet inventaire exhaustif a également permis de reformer des ensembles d’ornements dispersés, de  découvrir ou redécouvrir des pièces, de procéder au rangement méthodique avec numérotation des placards et plan de la sacristie. Outre la paramentique, de nombreux objets ont été retrouvés dans les placards comme des chandeliers, des ex-votos, des plaques de procession… qui ont été simplement intégrés en listes supplémentaires sans fiches détaillées.

Objets de l’inventaire

La base de données recensait 131 fiches et comportait 19 colonnes d’informations*. L’intervention de l’agence Decrock a abouti à la rédaction de 437 notices comportant env. 120 champs, répondant à la méthodologie de la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine et pouvant ainsi être versées sur la base Palissy. C’est ainsi 1 295 objets qui ont été inventoriés, auxquels s’ajoutent les 582 inscrits en listes supplémentaires. Seulement 82 notices correspondent à des objets protégés au titre des monuments historiques ; essentiellement des classés (seulement 3 inscrits).

L’inventaire a également permis de faire quelques statistiques. Une première sur la proportion de notices dans chaque domaine montre que les textiles sont les plus représentés (178 fiches, soit 41 %), viennent ensuite l’orfèvrerie (161 fiches, soit 37 %), la sculpture (47 fiches, soit 11 %), la peinture (26 fiches, soit 6 %), la dinanderie (21 fiches, soit 5 %)… On remarque bien la prédominance des objets liés directement à la liturgie : ornements et vase sacrés. Mais on constate aussi la variété de ce trésor par la présence des autres catégories au sein desquelles on retrouve le travail sur bois, sur toile, sur ivoire ou albâtre, sur verre, ….

La répartition chronologique de la collection est la suivante : 230 notices (53%) pour le XIXe siècle, 94 notices (21 %) pour le XXe siècle, 84 notices (19 %) pour le XVIIIe siècle, 39 notices (9 %) pour le XVIIe siècle, 22 notices (5 %) pour le XVIe siècle, 15 notices (3 %) pour le XVe siècle, 7 notices pour le XIVe siècle, 5 notices pour le XIIIe siècle, 2 notices pour le XIIe siècle et 3 notices pour le XIe siècle.. La prééminence du XIXe siècle n’est pas étonnante, et est à mettre également en rapport avec les types d’objets concernés (textiles et orfèvrerie). On peut cependant se réjouir de l’importance de la proportion des œuvres de l’Ancien Régime avec les objets les plus anciens remontant à l’an 1000 (monnaies et coffret eucharistique) et en déduire que ce Trésor n’a pas trop souffert des vicissitudes de l’histoire et notamment du vandalisme révolutionnaire.

Grande Sacristie © François Julien

Enfin cet inventaire permet également d’analyser la proportion d’œuvres appartenant à chaque propriétaire. On se rend compte que l’État et l’Association diocésaine sont les principaux acteurs avec plus ou moins 190 notices chacun (199 pour l’État et 184 pour l’Association diocésaine). Pour le reste des propriétaires, il s’agit de commune du diocèse et principalement la Ville de Besançon.

Toutes les interrogations qui n’ont pu être levées ont été relayées dans les notices. Aujourd’hui le travail de dépouillement de cet inventaire a déjà montré certaines erreurs relevant la plupart du temps d’un défaut ou d’un mauvais relais de l’information. Il sera donc intéressant de faire remonter les erreurs relevées par le diocèse à la DRAC afin qu’elles puissent être corrigées avant le versement sur la base Palissy.

Cet inventaire pourra également servir de base à la commission régionale du patrimoine et de l’architecture et aux conservateurs des antiquités et objets d’art pour former des vœux de protection : inscription voire classement au titre des monuments historiques. D’ailleurs, 28 objets ou ensembles d’objets ont été signalés par l’agence Decrock comme présentant un intérêt suffisant pour mériter une protection.

Chloé Monnier

* Données scientifiques et statistiques fournies par l’agence Decrock.

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