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Le Trésor de la Primatiale de Lyon

Poursuivant la visite des lieux trop rares où peuvent être admirés des textiles d'église, c'est vers le Trésor de la cathédrale Saint-Jean de Lyon(1) dit aussi Trésor de la Primatiale, que nous nous dirigeons aujourd'hui.
Publié le 01 décembre 2014

FIG.1. VUE D’ENSEMBLE DE LA FAÇADE DE LA CATHÉDRALE

Passée la façade (fig.1), aujourd’hui toute éclaircie par le nettoyage dont elle a bénéficié, vous accédez côté sud à une vaste pièce rectangulaire, autrefois réservée à la manécanterie.
Le trésor ancien de la cathédrale n’a quasiment pas survécu aux aléas de l’histoire. Mais les prélats lyonnais du XIXe siècle, notamment l’archevêque Maurice de Bonald (1839-1870), qui a  collectionné l’art médiéval1, eurent à cœur d’offrir le plus beau à leur église.
En matière de textile, ce sont des broderies médiévales, des ornements exceptionnels du XIXe siècle et des tapisseries qui peuvent être admirés dans la salle du trésor (fig.2).

FIG.2. VUE D’ENSEMBLE DE LA SALLE DU TRÉSOR

L’œuvre  la plus ancienne est une pale ou la partie supérieure d’un corporalier, de facture byzantine, et brodée au XIIIe siècle. La Vierge à l’Enfant est entourée de saint Pierre et de Pulchérie, impératrice à Constantinople dans la première moitié du Ve siècle (fig.3). Un évêque implore aux pieds de la Vierge.

FIG.3. VUE D’ENSEMBLE DU CORPORALIER

Les deux panneaux brodés, ornés chacun de cinq scènes de la vie du Christ, peuvent être des fragments d’étole et dater du XIIIe siècle. Les scènes, d’un grand raffinement, mériteraient de pouvoir être vues de face (fig. 4).

FIG.4. DÉTAIL DE L’ÉTOLE

Une mitre en velours rouge du XVe siècle présente une forme en triangle abaissée, à la transition entre le bonnet à l’origine des mitres et les hauts couvre-chefs qui suivront. Circulus (tour de tête) et titulus (ornement vertical) sont en galon argent à chevrons et losanges ornés de pièces métalliques à émaux armoriés et décoratifs. Sur le champ de velours, sont appliqués deux motifs en broderies de filé or (fig. 5). Elle est accompagnée d’une autre mitre pareillement datée, entièrement brodée de fils de soie sur fond de lin et ornée de pièces métalliques à iconographie religieuse : Vierge à l’Enfant, Entrée à Jérusalem, Résurrection.

FIG.5. DÉTAIL DE LA MITRE ROUGE

Le XIXe siècle est représenté d’abord par une chasuble rouge. Il est indiqué que le velours dont elle est faite a été découpé dans des tentures offertes par Lyon pour le sacre de l’Empereur Napoléon Ier (2 décembre 1804) à Notre-Dame de Paris. Les broderies de filé or sur carton sont évidemment postérieures (fig.6).

FIG.6. DÉTAIL DE LA CHASUBLE ROUGE

L’ornement voisine avec un autre, tout de taffetas de soie violette lamé or, lui aussi recouvert de broderies or mais dans une technique très différente, celle de la couchure. Coupe des accessoires et broderies font penser à l’Italie plus qu’à la France, Italie d’où proviennent aussi les mules du pape Léon XIII (1878-1903), en velours rouge.

FIG.7. DÉTAIL DU VOILE DE CALICE

Le pavillon de calice montré ici est un objet rarissime : d’un octogone en carton habillé de drap d’or pendent huit petits triangles fabriqués de la même façon. Un bouton de filé argent (fig.7) permet la préhension. Une mitre en drap d’or tissé d’étoiles d’argent du début du XXe siècle est à l’image de saint Etienne. Elle a appartenu à Etienne Faugier, vicaire épiscopal à Saint-Etienne à partir de 1921, pour représenter sur place Mgr Louis Maurin (1916-1936) (fig.8).

 

 

 

 

 

 

 

 

FIG.8. DÉTAILS DE LA MITRE DE MGR FAUGIER

FIG.9. DÉTAIL DE L’AUBE DU PAPE PIE VII

De part et d’autre d’une magnifique aube brodée d’or ayant été portée par le pape Pie VII (1800-1823) (fig.9), sont exposées les pièces les plus spectaculaires : chasuble, étole, manipule, corporalier et chape de Mgr de Bonald. Vers 1840, Pierre Bossan (1814-1888), l’architecte qui fera les plans de Notre-Dame de Fourvière, dessine un ornement pour l’archevêque. Des feuilles de métal doré repoussé pour les visages et les mains, des perles, des verres de couleur s’ajoutent aux broderies en fort relief. Dans le dos de la chasuble, saint Jean-Baptiste (fig.10) et la Vierge s’inclinent devant le Christ en grande majesté ; sur le devant, Dieu le Père prend dans ses bras le Christ mort1. Les deux premiers évêques de Lyon, Pothin et Irénée, se partagent les orfrois d’une chape dont l’Agneau mystique adoré par deux anges occupe le chaperon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

FIG.10. CHASUBLE DE MGR DE BONALD ; VUE D’ENSEMBLE DU DEVANT ET DÉTAIL DU DOS

L’art de la tapisserie est présent dans le trésor avec la Tenture de Jacob, cinq pièces en laine et soie tissées au XVIIe siècle dans les Flandres. En fond de salle, une tapisserie d’Aubusson montre une licorne et un cerf1.

En attendant l’ouverture du Trésor d’Angoulême ou d’Auch, il serait bon de voir ou revoir les tissus de Notre-Dame de Paris…

Josiane Pagnon

1. Le Centre des monuments nationaux ouvre gratuitement cet espace au public : 15/06/-15/09/ du mardi au samedi, 9-12h et 14-18h 30 (mercredi ouverture à 11h) un dimanche après-midi sur deux.
16/09/-14/06/ du mardi au samedi, 9-12h et 14-18h (mercredi ouverture à 11h) un dimanche après-midi sur deux.

2. Pour des détails sur l’orfèvrerie et un livre récent sur cet édifice, cf. SOUBIGOU, Gilles (Dir.). Lyon. La cathédrale Saint-Jean-Baptiste. Genouilleux : éditions La Passe du vent, 2013 (collection « Patrimoines pour demain », 3), 128 p.

3. Pour une description complète, cf. Catalogue d’exposition : Paramentica, tissus lyonnais et art sacré, 1800-1840. Lyon : Musée de Fourvière, 1992, p. 152-156.

4. Notices et photos des tapisseries visibles sur la base Palissy du Ministère de la Culture.

Crédits photographiques : Josiane Pagnon
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