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Le style 1200

A travers les châsses et autres reliquaires, nous avons pu constater le mois dernier, une évolution de la statuaire qui se trouve être en corrélation avec un artiste : Nicolas de Verdun.
Publié le 02 mai 2013

 

Ambon de Klosterneuburg, Nicolas de Verdun, XIIème siècle, conservé au monastère de Klosterneuburg

 

Quelques repères

Le « Style 1200 » apparaît sous le règne de Philippe II. C’est en 1204-1205 que l’on constate une évolution de l’orfèvrerie et de l’émaillerie religieuse. Cela se traduit au travers de la Croix de Philippe Auguste, datant de 1204-1205, ainsi que l’Oratoire de Philippe Auguste daté de la même époque. Ce dernier objet fut conservé à la Sainte Chapelle parmi de nombreuses autres pièces. Ces deux œuvres, recouvertes d’or et de pierres précieuses, furent détruites en 1793.

Sur le territoire français, au milieu du XIIème siècle, seules l’architecture et la sculpture se dégagèrent des formes romanes. Les arts précieux n’ont pas connu d’évolution, sauf dans les régions du Rhin qui ont vu apparaître, avec Nicolas de Verdun,  le  « style 1200 ».

 Le « style 1200 » se situe à la jonction entre les années 1180 et 1210, d’où le nom qui lui est attribué.

 

Nicolas de Verdun

Nicolas de Verdun, originaire de la région mosane, a exercé son activité entre 1181 et 1205. Nicolas de Verdun fut le disciple de Godefroid de Claire (ou Godefroid de Huy) et exerça son activité dans l’atelier de maître Eilbert qui fut le premier à travailler à l’Abbaye Saint-Denis pour l’abbé Suger.

Dans le domaine de l’orfèvrerie, son travail marque le passage du style roman à celui de l’art gothique. Il permet de faire un lien entre l’émaillerie et la sculpture.
 

 

Ambon de Klosterneuburg, Nicolas de Verdun, XIIème siècle, conservé au monastère de Klosterneuburg 

 

L’orfèvre bouleversa les conceptions de cet  art dit « mineur » en jouant sur les volumes, les traits et la lumière. Ce boulversement se constate au travers de la Châsse des Rois Mages. Elle fait partie du « Style 1200 ». Style que l’artiste a porté à son plus haut niveau.

La Châsse des Rois Mages, datant de 1198-1205, est conservée à la cathédrale de Cologne. Elle est un très bel exemple de l’art de Nicolas de Verdun. Cet art se traduit par le traitement raffiné des rinceaux, des ornements et des drapés des différents personnages. L’élégance est également une des caractéristiques de son art. Toutes les statuettes sont exécutées en ronde-bosse et sont associées à la technique du repoussé. chacune d’entre elle présente une attitude différente qui se traduit au travers d’expressions variées. Les rois mages possèdent des drapés particuliers. Les plis sont très serrés et ont un aspect étiré modelant ainsi le corps et rappelant la forme du vêtement. L’ensemble tant à donner un aspect de fluidité aux vêtements.

 

 

La Châsse des rois Mages, Nicolas de Verdun, 1198- 1205, conservée à la Cathédrale de Cologne © Arminia


Les innovations

La première innovation est d’ordre stylistique. En effet, à travers l’Ambon de Klosterneuburg, les personnages regroupés par deux portent des vêtements à plis dynamiques. Cette particularité serait le fruit d’influences lotharingiennes grâce aux manuscrits. Ainsi, les personnages mettent en scène des expressions à la fois majestueuses et passionnées. Cette représentation est novatrice dans la mesure où jusqu’à présent, la touche de l’artiste n’apparaissait en aucune façon à travers les pièces d’orfèvreries. Cette signature de l’artiste est visible également chez d’autres artisans et sous d’autres formes. En effet, Hugo d’Oignies se représente à genoux sur le plat du Christ en Majesté, provenant de l’Evangéliaire du même titre daté de 1228-1230.

 

La Châsse de Notre Dame de Tournai, Nicolas de Verdun, 1205, conservée à la Cathédrale de Tournai © Goodness Shamrock

 

La deuxième innovation met fin à une certaine distance entre les personnages représentés. L’exemple de La Châsse de Notre-Dame de Tournai, (vers 1205) en est une bonne illustration. Les personnages, tel que la Vierge et son enfant, établissent une certaine complicité. Celle-ci étant mise en valeur à travers l’expression des visages mais aussi à travers les divers jeux de drapés. Ces jeux de drapés ne montrent aucune séparation entre ceux de la Vierge et ceux de son enfant.

 

Evangéliaire, Hugo d’Oignies, XIIIème siècle, Conservé à Namur © Welleschik

Enfin, la dernière innovation se situe dans la technique de l’émaillerie. L’artiste réduit sa palette à deux couleurs : l’or est dédié aux personnages tandis que le bleu de cobalt est réservé au fond de l’illustration. La juxtaposition de ces deux tonalités est d’une extrême richesse puisque l’artiste se force à composer avec ces deux couleurs. Cependant, la restriction des couleurs ne nuit pas au dessin, bien au contraire, elle le renforce.

 

La fin de ce mouvement

Malheureusement, la mort de Nicolas de Verdun fut un facteur de la fin du développement de cet art au sein de la région mosane, dans les centres qui employaient ces techniques.

 

Cécile Dufour
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Le 28 avril 2013

 

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