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Petite histoire du bréviaire dit de Saint-Louis de Poissy
D’une importance capitale pour l’histoire de l’enluminure et le culte rendu à saint Louis, le bréviaire dominicain dit de Saint-Louis de Poissy fut réalisé à Paris, vers 1310-1315. On a cru un moment que ce Bréviaire dominicain avait été fait pour l’abbaye Saint-Louis de Poissy, mais on pense aujourd’hui qu’il a été réalisé pour Philippe le Bel à la fin de son règne en témoignage de la dévotion à l’égard de son aïeul. Ses 562 feuillets sont ornés de délicates miniatures et d’amusantes grotesques qui sont l’œuvre de Richard de Verdun, un enlumineur parisien, gendre de Maître Honoré.
Qu’est-ce qu’un bréviaire ?
Un bréviaire est un ouvrage à l’usage des clercs, qui contient les textes et les lectures nécessaires à la pratique de la liturgie des heures. Les bréviaires, tout comme les livres d’heures (qui sont leur équivalent mais à l’usage des laïcs) sont des objets personnels et intimes. Commandés par des personnes issues de la noblesse, ils sont très appréciés à l’époque médiévale notamment, à laquelle cette liturgie particulière prend une ampleur particulière. Ils sont ornés selon le goût de l’époque, de miniatures représentant des scènes bibliques, des scènes de cour et de toute une imagerie profane.
On y trouve même des scènes d’Histoire : ici dans le bréviaire dit de Saint-Louis de Poissy, le feuillet 479 illustre le transfert de la relique du chef (c’est-à-dire du crâne) de Saint Louis de l’abbaye de Saint Denis à la Sainte Chapelle à Paris ; la cérémonie avait eu lieu le 17 mai 1306.
Un autre charme de ce manuscrit tient à la présence, presque à toutes les pages, de grotesques ou drôleries perchées au bout des baguettes dorées délimitant les colonnes de texte, qui sont autant de clins d’œil en direction du lecteur, absorbé par une lecture et une méditation « difficile ». Scènes de chasse à l’oiseau ou au lapin, joueurs de musique, et même un évêque invitant à la lecture du texte sacré malgré – ou à cause de – la présence de la Luxure se regardant dans un miroir.
Une acquisition récente et une technologie de pointe
La Bibliothèque Nationale de France a pu acquérir ce manuscrit en 2016 grâce à la générosité de 3300 donateurs et au mécénat de plusieurs entreprises. Il a dû faire l’objet d’une préparation spécifique dans l’atelier de restauration de la BnF. Les feuillets de parchemin très fin qui le composent ont été minutieusement consolidés. Sa reliure italienne du XVIe siècle a par ailleurs été déposée avant que ne soit entreprise la délicate opération de numérisation de ce tout petit (176 mm de hauteur sur 115 mm de largeur), mais épais (70 mm d’épaisseur) manuscrit.
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