La restauration était de deux ordres, la structure tout d’abord, puis la dorure. Le structure de la croix est en fait en bois, les éléments d’argent, trop mous, ne pourraient pas supporter un poids si important et se déformeraient. Cette croix est en effet en argent doré et non en or, son appellation traditionnelle de « Croix d’or » se fondant uniquement sur sa couleur dorée. Par restauration de structure il faut comprendre restauration des éléments en métal qui étaient fissurés, tordu, cassé, ou manquant. La croix présentait de petits mais nombreux désordres, l’auréole du Christ était à moitié manquante, les clochettes étaient tenues par des vis filetées de bricolage, il manquait un clou de crucifixion du Christ. L’auréole du Christ a été réalisée par un moulage sur celle de saint Jean.
Deux désordres importants nécessitaient une intervention plus importante et minutieuse. La tête de saint Jean avait été soudée à l’étain, or cet soudure une fois réalisée est irréversible puisque le moindre chauffage provoque la formation d’un amalgame entre l’argent et l’étain, qui ronge l’argent et détruit la pièce de façon irréversible. Or la soudure à l’étain était elle-même cassée, il fallut donc abraser jusqu’à la dernière parcelle d’étain afin de réaliser une brasure à l’argent. Cette brasure est réalisée avec du métal d’un titre légèrement inférieur à celui de la pièce, fondant donc à une température plus faible ce qui permet de ne pas faire fondre la pièce.
L’autre problème de structure majeur était celui de la base de la croix, fissurée qui ne permettait pas de fixer la hampe qui permet de porter la croix en procession. Il fallut là aussi enlever l’étain et rigidifier le tube.
Dans un deuxième temps, la dorure, d’abord exclue dans le projet, a été réalisée puisque les montées en température ont une influence inévitable sur la dorure ancienne en la faisant disparaitre. La redorure des seules pièces réparées créait une disparité avec le reste de la croix encore dans sa dorure ancienne usée. La DRAC a donc finalement décidé de faire réaliser la dorure intégrale afin d’unifier son aspect. Cette dorure a été réalisée par électrolyse, c’est-à-dire en la plongeant dans un bain liquide dans lequel la circulation d’un courant électrique entre deux pôles assure le dépôt une fine pellicule d’or sur l’argent. C’est déjà cette technique qui fut utilisée en 1857 pour redorer la croix. La dorure de 1763 réalisée à Morlaix par Jean-Pierre Le Goff (dont on ne sait s’il s’agissait d’une dorure ou d’une redorure) avait elle été réalisée au mercure, en formant un amalgame d’or et de mercure étalé sur la pièce, le chauffage provoquant l’évaporation du mercure, seul l’or reste sur la pièce, le polissage lui donnant son brillant.
Le mécénat a permis de réaliser intégralement la restauration de la structure de cette pièce majeure d’orfèvrerie, 6 mécènes particuliers, ainsi que la galerie Eric Coatalem, principal mécène, l’association patrimoine religieux de Pleyber-Christ et les Vieilles maisons Françaises du Finistères ont permis de réunir les 5526 euros nécessaires dans le cadre de la campagne Le Plus Grand Musée de France menée par la Junior entreprise de l’Ecole du Louvre. La dorure, décidée après la campagne de mécénat alors que la croix était déjà à l’atelier, a été financée par la commune de Pleyber-Christ, propriétaire de ce chef d’œuvre.
Je tiens à remercier tous les acteurs qui ont participé à mon projet, en premier lieu les mécènes, La Sauvegarde de l’Art Français, commanditaire de la campagne Le Plus Grand Musée de France, la commune de Pleyber-Christ propriétaire de la Croix, les services du Ministère de la Culture, et toutes les personnes qui m’ont soutenu.
Guillaume Denniel