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Introduction à la difficile mais amusante science des poinçons

Ce ciboire inédit, de facture très provinciale, assez maladroite mais malgré tout attachante, porte quatre poinçons sur sa coupe et sur son couvercle. Les poinçons étant une science exacte, leur lecture doit être relativisée car ceux-ci auraient pu nous induire en erreur ici.
Publié le 27 novembre 2014

Ciboire
Argent doré
Pied : première moitié XVIIème, vers 1620-1640
Coupe et couvercle : Morlaix 1717-1722,  Maître-orfèvre : probablement Henri Gueguen
Inscription sous le pied : « POUR*LA*PAROISSE*DE*S* ………….. » (indiquant que ce ciboire se trouve dans sa paroisse d’origine depuis quatre siècles)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les figures d’anges sont formées au repoussé, ainsi que les guirlandes de fruit, ce qui induit une épaisseur de métal relativement faible pour pouvoir être travaillée, ceci explique que la coupe, d’une épaisseur de métal trop faible subit des dommages, dû être refaite et  soit donc postérieure au pied. Une grosse soudure à l’étain réunissant  la coupe et le pied indique une restauration, que la différence entre le style du pied et les poinçons de la coupe confirme.

 

 

 

 

 

 

 

 

La forme polylobée du pied ainsi que sa facture,  au repoussé et d’un poids assez léger, nous indique que celui-ci  a été réalisé dans la première moitié du XVIIème (bien qu’il ne porte aucun poinçon), probablement vers 1620-1640.
La coupe d’une forme galbée typique du début du XVIIIème, porte quatre poinçons  partiellement effacés. Ils nous donnent de précieux renseignements pour attribuer non pas ce ciboire « sorti du placard » mais uniquement sa coupe, restaurée postérieurement. La coupe et le couvercle de ce ciboire sont  « en règle » au regard de la règlementation des métaux précieux sous l’ancien régime. L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert nous renseigne sur ce point, la pièce de métal est marqué du poinçon de l’orfèvre (souvent ses initiales et une fleur de lys  sous une couronne), ici H G, probablement Henry Guéguen orfèvre à Morlaix.

Poinçons
poinçon du maître-orfèvre Henry Guéguen

 

La pièce était ensuite marquée du poinçon de charge, apposé par le fermier des droits du roi, ce poinçon met à la charge de l’orfèvre le payement des impôts lorsque la pièce sera finie, (ici ce poinçon est un F couronné pour la sous-ferme de Morlaix). La pièce est ensuite revêtue  du poinçon de jurande ou maison commune, apposé par le juré-garde de la corporation des orfèvres chargé de garantir le titre du métal, ce poinçon change régulièrement ce qui permet de dater les pièces, (ici un G couronné), enfin la pièce est rapportée terminée chez le fermier des droits du roi pour le payement de l’impôt, le poinçon de décharge est alors apposé (ici une couronne fleurdelysée). Tous ces poinçons nous permettent de dire que la coupe et le couvercle de ce ciboire ont été réalisés à Morlaix entre 1717 et 1722 probablement par Henri Guéguen.

poinçons de charge et de décharge Morlaix 1717-1722

Les pièces d’orfèvrerie étaient en effet très souvent réparées, nettoyées, blanchies, redorées, comme en témoignent les registres de paroisse, c’était une activité importante des orfèvres au côté de la création. Il est intéressant de voir ici que l’orfèvre n’a pas hésité à réaliser une coupe et un couvercle galbé au gout du jour en ce début de XVIIIème siècle sur un pied qui devait recevoir une coupe sphérique au début du XVIIème.

travail au repoussé sous le pied
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