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Coquille de baptême

C’est le genre de surprise assez émouvante qui arrive dans les petites paroisses. Une âme bienveillante m’a montré, sans savoir précisément ce que c’était, une petite coquille de baptême en argent du XVIIIème siècle. Elle est grise, sale, rayée, cabossée, fissurée et percée mais on la devine belle. Cette oubliée de la sacristie de cette église du Canton de Saint-Thégonnec doit avoir bien des consœurs partout en France qui ne demandent qu’à recevoir un bon coup de chiffon !
Publié le 10 juin 2014

Coquille de baptême,
Argent travaillé au marteau,
Attribuée à Jean-Pierre Le Goff, maître-orfèvre à Morlaix, reçu en 1752.
Morlaix 1752-1790
L :10cm,

l :9cm,

poids :40gr

 

 

 

 

 

 

Ce petit objet (9cm par 10cm pour 40gr) qui a dû servir à baptiser des générations de Pleybérien, bien que dépourvu de poinçons qui permettraient son identification, est très certainement l’œuvre d’un orfèvre de province.
Notre coquille est traitée au naturel, on peux même supposer d’après la proximité avec la mer que l’orfèvre a travaillé d’après une coquille saint Jacques, voir qu’il ait estampé sa feuille d’argent sur une vraie coquille en en épousant les volumes. L’orfèvre est parti d’une plaque de métal, puis il en a découpé les contours et il a travaillé le métal à la rétreinte (coups de marteaux successifs) afin de créer le volume avant de ciseler quelques endroits de la coquille.
C’est par comparaison avec la coquille de baptême de la paroisse voisine de Saint-Thégonnec que je pense pouvoir localiser sa fabrication dans le temps et l’espace.

 

 

 

 

 

 

 

 

La coquille de baptême de Saint-Thégonnec, de dimensions supérieures (12cm, 90gr) a été fabriquée à Morlaix, entre 1754 et 1775, par Jean-Pierre Le Goff.

Cet orfèvre a réalisé de nombreux objets dans les trésors d’orfèvrerie des environs de Morlaix, et notamment à Pleyber-Christ où il a fait le reliquaire de la Vraie Croix, un ciboire (1754-1775) et a également réparé en 1763 la grande croix de procession (Cf, article n°1 dans Narthex). Cet orfèvre a également livré un ciboire (1754-1775) à la paroisse de Saint-Thégonnec. On peut donc imaginer que chacune de ces deux paroisses commandèrent un ciboire et une coquille au même maître-orfèvre, l’évêché de Léon (Finistère nord) est en effet marqué du XVIème au XVIIIème siècle par une très forte concurrence entre paroisses voisines dont le but était d’avoir la plus belle et riche église.

Autre élément, une coquille de baptême en la paroisse insulaire de l’Île-de-Batz est également attribuée à Jean-Pierre Le Goff entre 1772 et 1774, par l’abbé Yves-Pascal Castel.
Morlaix a été un grand centre de production d’orfèvrerie jusqu’au XVIIIème siècle, la Révolution a porté un coup d’arrêt fatal à cet artisanat séculaire présent à Morlaix depuis au moins le XVème siècle.

D’une valeur pécuniaire quasi-nulle, ce petit objet avec une charge émotionnelle forte permet de montrer que l’orfèvrerie n’est pas là que pour réaliser des objets d’un luxe inouï mais également pour participer modestement à des actes importants de la vie des Hommes !


Bibliographie :
CASTEL, abbé Yves-Pascal (dir.), Les Orfèvres de basse Bretagne, Cahiers du Patrimoine, éditions de l’Inventaire, 1994, pages 138 et 385.

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