Commandée par la paroisse de Pleyber-Christ vers 1620 à l’orfèvre morlaisien Guillaume Desboys
Conservée à Pleyber-Christ depuis 1620
Argent doré
Dimensions : Hauteur : 1, 33 m, largeur : 0, 74 m
Poids : 11 kg
Classée au titre des monuments historiques en 1897
L’exceptionnel afflux de richesse au XVIIème en nord Finistère explique l’existence d’un tel chef d’œuvre dans une commune d’environ 3000 habitants.
Cette croix de procession a été commandée par la paroisse de Pleyber-Christ dans le contexte de l’extraordinaire afflux de richesse que connut l’évêché de Léon grâce au commerce du lin. Les toiles étaient tissées dans de petits ateliers avant d’être exportées au niveau international (Angleterre, Portugal,…) par la mer, notamment par le port de Morlaix tout proche de Pleyber-Christ. Cette prospérité économique permit de bâtir les enclos paroissiaux, auxquels l’église de Pleyber-Christ appartient, les enclos voisins de Saint- Thégonnec et Guimiliau étant les plus beaux.
Un chef d’oeuvre d’orfèvrerie de la Contre-Réforme
La richesse de cette croix d’argent, dont on ne sait si elle était dorée à l’origine, s’inscrit dans le contexte de la Contre-Réforme. Elle participe à l’idée de faire des églises des lieux magnifiant le divin par le faste. La production d’orfèvrerie des paroisses concernées par le commerce de la toile fut abondante. Les trésors en gardent encore la trace et l’influence baroque est très visible notamment dans les retables.
Cette oeuvre d’art exceptionnelle, un des premiers objets classés Monument historique du Finistère, participa à la grande exposition « Les Trésor des églises de France » en 1965 au musée des Arts Décoratifs à Paris. C’est un chef d’oeuvre par son ampleur, mais également par la maitrise technique remarquable dont a fait preuve l’orfèvre morlaisien Guillaume Desboys. En effet, pas moins de dix techniques sont utilisées pour travailler le métal : planage, ciselure, repoussé-ciselé, guilloché, mati, coquillé, filière, matage, estampage, fondu.
Le noeud, de plan hexagonal, est un morceau d’architecture monumentale, apparenté au style classique.
La croix présente le Christ entouré de la Vierge et de saint Jean, ces rondes-bosses sont parmi les plus belles de l’orfèvrerie bretonne conservée.
Un chef d’oeuvre nécessitant une restauration
Il est conservé la trace d’au moins quatre restaurations depuis sa création (1763, 1808, 1829, 1857).
Cet objet vieux de quatre siècles fait toujours partie de la vie de la commune où il se trouve : ainsi, la croix est toujours exhibée lors du pardon et des fêtes locales.
La douille à la base de la croix ne permet plus de la fixer en toute sécurité sur sa hampe et certains détails sont abimés ou manquants.
La vie de cet objet incroyable nécessite une restauration de plus en ce début de XXIème siècle. Un devis a été réalisé par un orfèvre spécialisé en collaboration avec la mairie et la DRAC. L’avis du plus grand spécialiste de l’orfèvrerie bretonne, Yves-Pascal Castel a été sollicité.
Bibliographie
Yves-Pascal Castel, La croix de procession de Pleyber-Christ, imprimerie nouvelle, Morlaix, 1986
Yves-Pascal Castel (dir.), Les orfèvres de Basse Bretagne, Cahier du Patrimoine, 1994.