L’histoire de Goudji c’est l’Histoire de l’Europe dans la 2ème moitié du XXème siècle, né en Géorgie, province de l’URSS en 1941, il apprend le travail des métaux et du bois, avant de rentrer aux Beaux-Arts de Tbilissi et de travailler à Moscou comme Designer. Marié à une Française, Katherine Barsacq en 1974 il quitte l’URSS et « nait en France à l’âge de 33 ans » où il peut enfin se consacrer au travail des métaux précieux alors interdit en URSS. Ses premières créations en métaux précieux sont réalisées avec des couverts en argent hérités de sa mère ; cet héritage physique est une métaphore de son héritage oriental d’où sont notamment issu son savoir faire ainsi que son bestiaire.
Venu à l’art sacré au début des années 1980, Goudji exprime sa sensibilité et sa Foi dans cet art où il se sent profondément à sa place. Rentré dans une église secrètement durant son enfance, ce contact le marquera à vie, tout comme la déchirure de quitter sa mère qu’il ne reverra plus, se faisant la promesse de ne plus jamais revenir dans son pays. Rencontre et déchirure.
Avec des outils forgés de sa main, Goudji pétris la matière comme un boulanger sa pâte, il fait naitre les émotions, les expressions, mais avant tout le sens dans l’or, l’argent, les pierres dures, de manière évidente sans que la compréhension soit issue d’un cartel savamment rédigé. Ce n’est pas sans songer à la fonction anagogique de la lumière de l’abbé Suger que Goudji réfléchis à la façon dont celle-ci va frapper l’objet et l’œil, donnant tout son corps à l’œuvre et à la présence divine, mais également à la place de cet objet dans le monument qui va le recevoir et qui ne constitue qu’un écrin pour le trésor qu’est la Célébration dont les œuvres de Goudji sont les instruments.
C’est le parcours d’un Homme porté, au-delà des épreuves, vers l’horizon, le ciel mais aussi la richesse du passé, qu’a permis d’étudier cette journée, où la parole était donnée à des conservateurs, chercheurs, collectionneurs, commanditaires civils ou religieux, hommes d’Eglise et à Goudji lui-même.
Civiles ou religieuses, les œuvres de Gougji, dont une vingtaine était exposé pour l’occasion, permettent de voir que si le divin est partout, le rôle de l’art est aussi de créer l’émotion et la transcendance par le fragile et précieux émerveillement qu’il y ait quelque chose plutôt que rien ; du mystère de la Création.
Statue, évangéliaire et coupe exposés parmi d’autres ce jour-là:
Guillaume Denniel