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Bienvenue à Saint-Jean

Avant de commencer, il convient de faire les présentations : bienvenue en la cathédrale Saint-Jean de Besançon !
Publié le 21 février 2017
Écrit par Chloé Baverel

Partons en Bourgogne-Franche-Comté, non loin de la frontière suisse, à Besançon. Nichée depuis l’Antiquité au creux d’un méandre du Doubs fermé par une colline, Vesontio est une position stratégique remarquée par Jules César dans sa guerre des Gaules dès 58 avant J.C.

VUE aérienne DE BESANÇON ©DR

Vue de la cathédrale Saint-Jean ©PIERRE GUÉNAT

L’histoire de la ville est donc riche et longue. D’abord cité du comté de Bourgogne, elle s’en libère en 1032 pour se rattacher au Saint-Empire romain germanique, elle ira jusqu’à obtenir le statut de ville libre impériale jusqu’en 1598. S’ensuivent alors les conquêtes de Louis XIV, qui rattachera définitivement Besançon et la Franche-Comté à la France en 1678. La Citadelle et les fortifications de l’enceinte urbaine construites par Vauban figurent, depuis juillet 2008, dans la liste des douze sites les plus représentatifs de cette architecture militaire du XVIIIe siècle retenus par l’UNESCO. Besançon s’est depuis lors beaucoup développée autour de « la boucle », elle compte aujourd’hui plus de 100 000 habitants. Labellisée Ville d’art et d’histoire depuis 1986, la ville met désormais en avant ce riche patrimoine.

Evangélisé au début du IIIe siècle par Ferréol et Ferjeux, envoyés par Irénée de Lyon, le diocèse de Besançon est un des plus vieux évêchés de France. L’intense activité religieuse depuis lors a marqué la ville dans sa topographie. De ses vingt-deux clochers encore fréquentés aujourd’hui, celui de la cathédrale est sans doute le plus discret mais certainement le plus imité puisque son dôme à l’impériale est devenu l’archétype des clochers de la région. C’est une cathédrale qui se mérite : pour la trouver il faut arpenter les rues qui montent vers la Citadelle de Vauban et passer sous « la Porte Noire », arc de triomphe romain.

Très imbriquée dans le dense tissu urbain de l’ancien quartier capitulaire, la cathédrale offre un plan très original à deux absides opposées dont le chœur n’est pas orienté. Bien qu’elle fût consacrée en 1148 par le pape Eugène III, elle conserve quelques archaïsmes carolingiens : trois nefs couvertes d’une charpente en bois, des piles circulaires, des murs inarticulés ou encore des fenêtres en plein cintre.

La porte noire de la ville de besançon ©Pierre Guénat

Il ne faut pas voir là un retard dans la maitrise des nouvelles techniques de construction gothiques mais plutôt la nécessité de marquer la continuité historique de l’église épiscopale. Des voûtes gothiques viendront remplacer la charpente qui a brûlé en 1212. Enfin l’abside orientale dédiée primitivement à la Vierge sera reconstruite au XVIIIe siècle suite à l’effondrement du clocher roman. Les chanoines décident d’en faire un écrin à la relique la plus vénérée à Besançon depuis le XVIe siècle : le Saint-Suaire. Il s’agit d’œuvre d’art totale dans le plus pur style baroque faisant appel aux plus grands artisans et artistes de l’époque notamment Jean-François de Troy, Charles-Joseph Natoire et Charles André Van Loo.

Abside orientale de la cathédrale Saint-Jean de Besançon ©PIERRE GUÉNAT

Vierge aux Saints de Fra Bartolomeo ©PIERRE GUÉNAT

Parmi les chefs d’œuvres de la Cathédrale – la Vierge aux Saints de Fra Bartolomeo, le tombeau de Ferry Carondelet ou la Pieta de Conrad Meyt – figure aussi le moins connu des bisontins : le Trésor de la cathédrale. Installé dans la bibliothèque du Chapitre des chanoines dans les années 1973-1975 par le Chanoine Lucien Ledeur, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art du Doubs, et M. Esterlé, Inspecteur Principal des Monuments historiques, ce Trésor a été conçu comme un regroupement des plus beaux objets sacrés du diocèse.

Sur la base du trésor historique attaché à la cathédrale, les deux hommes ont collecté les plus beaux témoins de l’orfèvrerie comtoise, des legs de ses archevêques, de peinture et de sculpture mais aussi de vêtements liturgiques. Bien que fermé au public depuis plus de vingt-cinq ans, le Trésor a continué de s’enrichir grâce à des dépôts de communes – particulièrement de Besançon – et de l’Association diocésaine.

Vues actuelles du trésor de Besançon ©François Julien

Depuis 2014, des visites privilégiées sont conduites par des guides de la cathédrale lors des Journées du patrimoine et de la Nuit des Cathédrales (en mai). Par le biais de deux publications « Cathédrale de Besançon, trésors cachés » (mai 2014 et novembre 2015), l’Association diocésaine a largement contribué à faire connaitre ce patrimoine. Grâce à un travail d’inventaire, de recherches, de récolement et de photographie, les plus belles œuvres du Trésor de la cathédrale et de l’archevêché de Besançon ont été compilées dans ses deux volumes. Des spécialistes de la France entière ont été sollicités pour avis et ont ainsi découvert petit à petit ces trésors méconnus.

Devant l’engouement porté à ce patrimoine, l’Etat représenté par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne – Franche-Comté a mis en route des travaux de réhabilitation d’une salle attenante à la cathédrale appelée « salle Saint-Anne » afin d’offrir un nouvel écrin à cette collection.

C’est ce que ce blog vous invite à partager : la renaissance d’un trésor de cathédrale. Tout en développant les particularités attachées à un trésor de cathédrale et en présentant les œuvres remarquables de celui de Besançon, je vous ferai suivre l’actualité des réflexions autour du projet scientifique et culturel (définition du corpus d’œuvres, choix des espaces dédiés, mise en espace des thématiques, médiation culturelle …) et des travaux d’aménagement (fouilles archéologiques, gros œuvre, muséographie, installation des vitrines et des œuvres). Ainsi, peut-être, pourrez-vous dans un avenir proche venir admirer le trésor de la Cathédrale Saint-Jean de Besançon.

 

Chloé Monnier, médiatrice culturelle de la Cathédrale Saint-Jean de Besançon et désormais blogueuse sur Narthex!

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